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Nos Lecteurs ont la Parole

L’identité vous joue de ces tours…

Je m'appelle Eugénie Génial, veuve d'Eugène Génial. Un « Ordre » gentil vous verse un pécule non négligeable, mensuel, à travers des « machines à sous » sises sur les trottoirs. Très pratique.
Il faut renouveler cette carte une fois l'an, à la maison mère, mère des machines évidemment.
Ambiance feutrée. On vous dirige vers une dame, la trentaine environ, sourire mécanique, maquillée à la Cléopâtre, sanglée dans un tailleur « Coco » (la « Coco » qui, de fil en aiguille, est entrée dans l'histoire de France) ; sa coiffure ressemble à un casque de motard, très mode : longue d'un côté, courte de l'autre, chaque cheveu est bien collé au voisin : ou elle les spraye d'un puissant adhésif ou elle dort assise durant six nuits.
Dans mon sac de ville, 80 centimètres de largeur sur 50 centimètres de hauteur, tout se perd : c'est un cabas, une besace, plutôt un sac de plage. Cette mode n'en finit pas : la plupart des femmes passent leur temps à fouiller les leurs ; « Castafiores » angoissées : Ciel ! Mes lunettes ! Ciel ! Mes clés ! Ciel ! Mon portable !
La dame de la « maison mère » prend ma carte d'identité, se lève. Je me sens écrasée. Fière de mon 1,72 mètre, elle doit faire 1,78 mètre plus 10 centimètres de talons aiguilles, calculez ! Elle se dandine comme un mannequin sur un podium pour aller chez son supérieur... Retour ; elle me tend mon identité, l'air sévère : rejetée ! Bouche bée, je cherche le pourquoi : au verso, il y a mon nom de jeune fille, mon père, ma mère, tout de moi. Il ne manque que mon grand-père paternel et ma grand-mère maternelle. Au recto : un seul qualificatif : « Veuve » de qui ? Allez le savoir ! Il y a bien un chiffre au verso : seuls la Sûreté générale, le redoutable service de renseignements, le moukhtar de votre bled peuvent le décrypter : ils ont des microfilms, des archives... Tout.
Là, vous êtes dans un office privé.
- Avez-vous autre chose ? Je tire toutes mes cartes : assurance, complexe balnéaire, club culturel, organisme humanitaire national et international respecté partout dans le monde, groupe sanguin : toutes ces cartes sont au nom d'Eugénie Génial. Au fur et à mesure, ma tortionnaire en prend une à la fois, repart valser chez son chef de service, revient en bougeant son casque « sicotiné » pour signifier : non !
Rien n'est crédible. La moutarde me monte au nez. À son dernier retour, je me lèverai en disant : « Je ne veux pas de ce pécule, gardez-le pour enrichir vos milliards de dollars. » Non, ce n'est pas assez fort. Ceci est mieux : « J'avoue avoir volé le sac d'une dame, je suis une faussaire vraie de vraie : appelez la police. Na ! »
Par hasard je jette un coup d'œil sur le fond de mon sac : quelque chose brille : Eurêka ! Je tire le joker, le dernier « lapin de mon chapeau ». Échec et mat ! Street Flush à l'atout auraient crié les dames qui cartonnent : un vieux permis de conduire : Eugénie Pirouette - épouse Eugène Génial.
Conseil aux veuves : gardez dans votre sac un extrait d'état civil familial, dûment certifié. Renouvelez ce document tous les six mois. On ne sait jamais : vous pouvez être mortes... sans le savoir.

Lilian MOUSSAWER
Je m'appelle Eugénie Génial, veuve d'Eugène Génial. Un « Ordre » gentil vous verse un pécule non négligeable, mensuel, à travers des « machines à sous » sises sur les trottoirs. Très pratique.Il faut renouveler cette carte une fois l'an, à la maison mère, mère des...
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