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Nos Lecteurs ont la Parole

La responsabilité pour purifier la mémoire

Évoquer encore une fois le 5 février 2006 traduit maintes réalités. Si ces événements sinistres ont été gravés dans notre mémoire, attendant une révision ou même une responsabilisation, il n'en demeure pas moins que la paix au Liban, la promotion de la coexistence, l'acceptation de l'autre et l'instauration d'un État qui préserverait les droits individuels et collectifs nécessitent beaucoup plus que des paroles vaines et des prouesses littéraires vides de sens.
Si l'on évoque le 5 février 2006, ce n'est surtout pas pour remuer le couteau dans la plaie. C'est plutôt une exhortation à traiter d'abord le mal originel pour pouvoir guérir tous les maux qui ont meurtri le corps libanais, une exhortation à transcender la mémoire pour rédiger notre histoire et pour affronter notre ennemi : ce passé qui nous déchire.  
Aujourd'hui plus que jamais, Le Liban, avec son histoire et sa mémoire infirmes, a besoin d'une opération d'envergure  pour purifier la mémoire collective et bannir les images de haine, de violence et d'intolérance, de peur qu'elles ne se reproduisent comme fut le cas - ou presque - du 5 février 2006.  En ce jour, des hordes n'ayant aucune estime envers l'État ont eu l'audace de s'attaquer aux maisons des citoyens, à leurs propriétés, à leur dignité.
En effet, la purification de la mémoire suppose avant tout le courage d'admettre ses erreurs et sa négligence. Ensuite, il faut oser présenter des excuses sincères, dénudées de toute sorte d'hypocrisie électorale, d'arrosage moral, de tromperies ou d'illusions. Ainsi, cette purification implique nécessairement l'ouverture des cœurs afin de réécrire l'histoire sans peur de la guerre, sans méfiance de l'autre, du compatriote.
De là, il faut dire que l'État doit à ses citoyens franchise et réconciliation, avant de chercher à gagner les bénédictions des dirigeants et avant de conclure des marchés  entre les soi-disant représentants du peuple et leurs alliés dans les cérémonies du simulacre national et dans la vente des bons de paradis, conformément à la règle de parité confessionnelle.
En dépit du temps, le 5 février demeurera la date d'une guerre imminente et marquera désormais nos gouverneurs du sceau de la honte, à savoir le ministre hésitant entre la démission et le service, ainsi que ceux qui se complaisent dans l'erreur aux dépens du peuple et de sa dignité.
Par contre, si nous décidons d'ajouter cette date au calendrier de l'oubli, celui de l'hypocrisie nationale, et de l'ajouter à la liste interminable du 13 avril, du 13 octobre et autres dates qui hantent notre conscience et notre inconscient collectifs, notre mémoire ne sera plus qu'un cimetière où reposent les âmes des martyrs jadis honorés parmi nous.
Réécrivons l'histoire telle qu'elle a été, non pas comme nous l'aurons voulue. Permettons aux générations à venir d'hériter le pays qu'elles méritent, non pas les erreurs que nous avons commises et qui stigmatisent leur destin.  

Massoud Achkar
Évoquer encore une fois le 5 février 2006 traduit maintes réalités. Si ces événements sinistres ont été gravés dans notre mémoire, attendant une révision ou même une responsabilisation, il n'en demeure pas moins que la paix au Liban, la promotion de la coexistence, l'acceptation de l'autre et l'instauration d'un...
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