Il serait peut-être intéressant de faire figurer dans les cursus universitaires cette propension des Libanais bas de plafond à produire des clichés ou des éléments de langage qui se répètent à l’infini, selon l’évolution des guerres, conflits divers et autres événements domestiques.
Un phénomène emblématique aujourd’hui disparu aura été le fameux concours « Ma binette partout », à travers lequel se succédaient sur la route de l’aéroport les vernissages de galeries de portraits hirsutes qui ornaient les panneaux et les torchis, symboles tenaces d’un culte niais et grotesque de la personnalité… tous transformés depuis en chaleur et lumière après le ménage de la dernière guerre. Dommage ! Ils nous manquent déjà…
L’autre prodige dont raffolent les Koullouna est le verbiage, affublé de l’euphémisme pompeux de « dialogue ». Conçu au départ pour décoincer certains sujets indigestes, il tourne invariablement au bâillement généralisé entre comparses dont l’identité n’a pas de quoi faire grimper aux rideaux. Ainsi, notre bonheur ne dépend plus aujourd’hui que de la bavasse convenue entre le Taulier du Parlement et ses alliés pileux au sujet de la quincaillerie militaire de ces derniers.
Il faut concéder à Istiz Nabeuh une absence totale de détour dans l’exposé de ses ambitions, surtout depuis que le Châtelain de Baabda et Tonton Nawaf lui distribuent les sucres d’orge dans l’espoir naïf d’un retour rapide sur investissement. Aussi, il nous faut maintenant attendre que les guignols du tandem chiite se passent la soupière à tour de rôle, avant que nos compères de l’exécutif en mal d’exécution ne réalisent que cette lune de miel programmée ne sera jamais consommée, au vu des dysfonctionnements érectiles des encéphalogrammes respectifs de leurs interlocuteurs.
On continuera donc à caresser dans le sens du missile le Parti des barbes résiduelles, jusqu’à ce que les Hébreux reviennent touiller le merdier en élargissant à 10, 15, voire 50 les points « stratégiques » qu’ils occupent au Liban-Sud. Le moment sans doute que choisira le gouvernement pour implorer un retour aux cinq positions d’origine après avoir accepté, tête basse et pantalon sur les chevilles, de désarmer les victorieux divins.
Mais patience, on pourra toujours entre-temps se délecter à la vue de ces derniers jouant les héros déguisés en habitants face à une Finul dépouillée de ses attributs militaires, davantage occupée à dessiner des lignes bleues qu’à aller au casse-narguilé. À entendre l’argumentation du Turban numéro un du parti sur la question des armes – en fait, une pâtée remâchée à partir de produits maison recyclés –, on finirait par croire que c’est plutôt au Hezbollah de désarmer la Finul et l’armée libanaise. Sur ce sujet d’ailleurs, comme sur bien d’autres, lui et ses enragés de la mobylette démontrent qu’ils n’ont peur de rien, pas même de faire rire.
Pour preuve, jusque-là les Libanais étaient coupés en deux. Grâce à eux, les voilà maintenant pliés en quatre.
gabynasr@lorientlejour.com
Superbe résumé de notre quotidien... magistrale finale allant des motards au pliés en 4 ... ou plus ?
14 h 48, le 08 juillet 2025