La pâtisserie Oh! Bakehouse s’étend sur un espace de 100 m², dont la moitié est dédiée à la cuisine, dans le quartier Monnot à Beyrouth. Photo DR
Nichée rue Monnot, du quartier éponyme de Beyrouth, la pâtisserie sans gluten Oh ! Bakehouse a rouvert mi-juillet dernier, après quatre ans de fermeture suite à l’explosion au port de la capitale libanaise le 4 août 2020. « Après l’explosion, nous avons juste remplacé les façades et j’ai fermé à clé. Puis j’ai déménagé en France avec ma famille », explique Reina Dagher, la propriétaire. Mais malgré l’envie d’ouvrir à Paris, elle explique y avoir été freinée par les complexités administratives, tandis que le Liban voyait fleurir de nouveaux concepts. De retour à Beyrouth en octobre 2023, elle décide de se relancer dans l’aventure.
« À Paris, je sentais qu'il y avait toujours quelque chose qui n’allait pas. En réalité, je n’ai jamais fait le deuil de Oh !. C’est mon bébé, c’est une mission », confie-t-elle. Sa décision de rouvrir ne s’est pas faite sur un coup de tête, mais plutôt par la conviction que Beyrouth restait un terreau fertile pour les entreprises innovantes dans le secteur de la restauration. Avant sa fermeture, Oh! Bakehouse avait quatre branches à Beyrouth : ABC Achrafieh, ABC Verdun, Saïfi et Monnot.
Aujourd’hui, alors qu’il faut tout recommencer, la gérante ne cache pas son ambition : « Nous n’avons pas de limite. On pourrait commencer des glaces italiennes bientôt, ajouter plus de salé à emporter et même ouvrir des points de vente dans différents quartiers, ou se lancer dans la distribution dans les supermarchés. Nous le faisions avant, alors maintenant, on veut revenir à ce qu’on était en se développant encore plus ».
Pour rouvrir, Reina Dagher a dû débourser 200 000 dollars, incluant les quatre ans de loyer qu’elle a continué de payer durant son absence. Si Oh! a embauché huit personnes, dont 4 en cuisine, ce nombre pourrait augmenter « car nous sommes dans la basse saison actuellement », précise-t-elle.
Plus qu’un concept économique
Le concept de pâtisseries sans gluten est né d’une histoire personnelle pour Reina Dagher. Sa mère est décédée des suites de la maladie cœliaque (intolérance au gluten) pour cause de mauvais diagnostic. Cet événement a profondément marqué Reina Dagher, qui a alors décidé de se lancer dans la confection de pâtisseries sans gluten pour ses trois filles. « Mes filles et moi ne mangions que du sans gluten, et puis j’ai commencé à cuisiner pour leur école », explique-t-elle. Un jour, elle vend des bûches sans gluten à l’occasion de Noël, un pied de nez à la complexité des produits sans gluten, et l’aventure démarre.
Aujourd’hui, Oh! Bakehouse utilise une trentaine de farines différentes, de l’huile de coco et d’olive pour remplacer le beurre et des sucres non raffinés. « Les ingrédients sont très coûteux, mais c’est le prix à payer pour offrir des produits sans gluten qui soient à la fois sains et savoureux », précise-t-elle. Les tarifs de Reina Dagher sont, eux, comparables aux autres pâtisseries : « Les gâteaux entiers vont de 20 à 50 dollars. »
Avec cette réouverture, quelques changements notables ont été apportés. « Nous avons réduit le sucre en utilisant du miel, du sucre de noix de coco et du sucre bio », explique Reina Dagher. Des produits comme du pain au levain ont également été ajoutés à la carte, avec toujours leur produit phare : les crackers au zaatar. La pâtisserie s’étend sur un espace de 100 m², dont la moitié est dédiée à la cuisine. Oh! Bakehouse offre maintenant une dizaine de places assises pour se restaurer tout en profitant de l’atmosphère conviviale du lieu.
