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Société - Tensions sociales

Multiplication des actes de violence et des sanctions contre les migrants syriens au Liban

Ces tensions continuent d'être exacerbées par l'assassinat le 8 avril de Pascal Sleiman, un responsable des Forces libanaises à Jbeil, dont l’enquête préliminaire de l’armée a mis en cause un gang syrien.

Multiplication des actes de violence et des sanctions contre les migrants syriens au Liban

Un réfugié syrien se tient avec ses enfants sur les décombres de leur camp à Bhannine, incendié en décembre 2021. Photo João Sousa

Les Syriens au Liban sont soumis à une pression sociale accrue mardi, un jour après que le mohafez (gouverneur) du Liban-Nord, Ramzi Nohra, a appelé à l’« interdiction de tous les rassemblements de Syriens déplacés, à des efforts pour contrôler leurs mouvements et à la déclaration immédiate de tout acte suspect en vue de mener les enquêtes nécessaires », alors que le même jour un citoyen libanais rapportait à la chaîne MTV avoir été agressé « par des ouvriers syriens » qu'il employait sur un chantier à Batroun, précisant que les forces de sécurité n'ont pas pu arrêter les auteurs.

Cette annonce du gouverneur intervient après une série de déclarations récentes d'officiels libanais qui risquent d'exacerber les tensions deux semaines après l'assassinat de Pascal Sleiman, un responsable des Forces libanaises (FL) à Jbeil, alors que l’enquête préliminaire de l’armée libanaise a mené à l'arrestation des membres d'un gang syrien dans cette affaire. Immédiatement après cette arrestation, plusieurs municipalités ont mis en œuvre des règlements restreignant les déplacements des Syriens, et plusieurs Syriens à Beyrouth ont déclaré à L'Orient Today se sentir vivement menacés par la détérioration des conditions de sécurité dans la rue pour quitter leur domicile. Lundi, Ramzi Nohra a également demandé qu'un recensement soit effectué pour enregistrer les Syriens déplacés dans son gouvernorat, avec des procédures établies pour le mettre à jour.

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Ces accusations ont attisé la colère populaire contre les Syriens au Liban. Des vidéos ont émergé sur les réseaux sociaux la semaine dernière montrant des habitants de Jbeil, y compris des partisans des FL, agressant des Syriens, sans que L'Orient Today ait pu vérifier de manière indépendante le contenu des vidéos. L’une d’entre elles montrait des individus rasant les cheveux d'une personne, au visage tuméfié et coupé, que les utilisateurs des réseaux sociaux décrivaient comme étant syrienne. Mardi, le réfugié syrien Ali Walid Abdel Baqi serait décédé de ses blessures « après avoir été torturé par des Libanais », a annoncé Eye on Syria, une plateforme en ligne gérée par des journalistes et des militants syriens.

Au vu de l’ampleur et de la gravité de ces agressions, les FL ont  condamné ces incidents présumés dans un communiqué du 11 avril, les qualifiant d'« actes barbares », tout en réclamant toujours le départ des réfugiés syriens . La semaine dernière également, le parti de Samir Geagea a qualifié dans un communiqué l’assassinat de Pascal Sleiman de « politique jusqu'à preuve du contraire ». Accusé par certains Libanais d’être responsable de ce crime, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait quant à lui nié lundi, lors d'un discours, une quelconque implication de son parti dans cette affaire.

« Dénigrement odieux »

Cette nouvelle batterie de mesures fait suite à une première vague en octobre 2023, lorsque le ministre sortant de l'Intérieur, Bassam Maoulaoui, avait annoncé des mesures plus strictes contre les migrants syriens irréguliers. Il avait ainsi appelé les forces de sécurité à « arrêter les motos conduites par des Syriens n'ayant pas de permis de séjour ». Bassam Maoulaoui avait également exhorté les gouverneurs, les maires et les moukhtars à appliquer une « interdiction catégorique d'accepter les dons liés aux déplacés syriens » et demandé au gouvernorat de Beyrouth de « combattre la mendicité dans la capitale ».

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Le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, s'est joint à d'autres personnalités pour réitérer ces demandes lundi, appelant à l'expulsion des migrants syriens qui « violent la loi libanaise et internationale ». Gebran Bassil a déclaré que le CPL avait proposé d'expulser les Syriens entrant dans le pays par des points de passage illégaux ou quittant le Liban par des points légaux après avoir obtenu le statut de réfugié, pour finalement y revenir. Le parti a également déclaré qu'il souhaitait expulser tout travailleur syrien qui enfreint la loi du travail, supprimant ainsi leur statut juridique de « personne déplacée ». Le Premier ministre libanais sortant, Nagib Mikati, a de son côté assuré samedi que « la plupart des Syriens se trouvant au Liban » seront « expulsés (...) lorsque la communauté internationale reconnaîtra » l'existence de zones sécurisées en Syrie, lors d'une rencontre avec le patriarche maronite, Béchara Raï, à Bkerké.

« Dans ce contexte, le dénigrement odieux des responsables libanais à l'encontre de la population réfugiée est particulièrement alarmant », a déclaré Ramzi Kaïs, chercheur pour Human Rights Watch au Liban, à L'Orient Today. Les nouvelles mesures proposées risquent de « renforcer encore la violence contre les Syriens, beaucoup vivant dans un état de peur continue d'être arrêtés, expulsés, battus, harcelés ou menacés uniquement en raison de leur nationalité ». Pour rappel, environ 1,5 million de Syriens vivent au Liban, le pays ayant la plus grande population de réfugiés par habitant au monde. Environ 800 000 d'entre eux sont des réfugiés enregistrés auprès de l'ONU. L'année dernière, les responsables libanais ont appelé de façon récurrente les Syriens à rentrer chez eux.

Les Syriens au Liban sont soumis à une pression sociale accrue mardi, un jour après que le mohafez (gouverneur) du Liban-Nord, Ramzi Nohra, a appelé à l’« interdiction de tous les rassemblements de Syriens déplacés, à des efforts pour contrôler leurs mouvements et à la déclaration immédiate de tout acte suspect en vue de mener les enquêtes nécessaires », alors que le même jour...

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La solution inéluctable s'impose par l'accord d'aide octroyé à la Syrie afin de se débarrasser des groupuscules extrêmistes qui sévissent sur leur terre, et annuler l'embargo dont les frappe les pays occidentaux. La Syrie pourra alors revivre dignement et les syriens retourneront vivre chez eux.

peacepeiche@gmail.com

08 h 35, le 17 avril 2024

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  • La solution inéluctable s'impose par l'accord d'aide octroyé à la Syrie afin de se débarrasser des groupuscules extrêmistes qui sévissent sur leur terre, et annuler l'embargo dont les frappe les pays occidentaux. La Syrie pourra alors revivre dignement et les syriens retourneront vivre chez eux.

    peacepeiche@gmail.com

    08 h 35, le 17 avril 2024

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