Le samedi 27 avril, Karem Mounzer, journaliste à Beirut Today, et un ami photographe se dirigent vers l’une des belles plages de Jiyé (Chouf), pour prendre quelques clichés. « Mon ami voulait photographier les surfeurs, et moi prendre des photos et des images de la mer, qui serviraient à illustrer mes reportages », raconte Karem Mounzer à L’Orient-Le Jour.
Les deux jeunes hommes pensaient passer une après-midi tranquille sur une plage publique, et avaient garé leur voiture dans un terrain vague jouxtant un champ agricole. C'est donc avec surprise qu'ils se voient abordés par un jeune homme qu’ils n’avaient pas repéré à leur arrivée, près de leur voiture. « Vous devez payer pour être là », leur lance-t-il.
« Il n’y avait pas de prix affiché ni rien, nous avons alors tenté de comprendre de quoi il voulait parler », poursuit Karem Mounzer. Le jeune homme leur dit alors qu’il faut payer à un certain Jaafar, montrant du doigt un conteneur qui sert apparemment d’aire de repos à l’homme en question. Ce dernier, alerté par les voix probablement, sort de son abri, « visiblement énervé », selon le journaliste.
À partir de là, tout s'enchaîne. « Le Jaafar en question commence par donner une gifle à mon ami, puis quand j’ai protesté, une autre à moi », s’insurge Karem Mounzer. Quand le jeune homme lui rend la pareille, une rixe éclate, et il se trouve entouré par plusieurs hommes qui le rouent de coups. Pire encore, Jaafar sort une kalachnikov et en vide le chargeur sur les deux amis qui regagnaient leur voiture en courant, sans les toucher, fort heureusement.
Ont-ils eu le temps de décliner leurs identités de journaliste et de photographe ? Karem Mounzer assure que non et que les hommes en question n’ont même pas essayé de savoir à qui ils avaient affaire ni ce qu’ils venaient faire là. Le caïd aura juste eu le temps de leur intimer « de ne plus remettre les pieds à Jiyé ».
« Je refuse de porter des armes »
Sans leur téléphone – qu’ils ont perdu au cours de l’incident – et ensanglantés, Karem Mounzer et son ami photographe, qui refuse d’être nommé, se dirigent vers le barrage de l’armée le plus proche, qui les renvoie vers la gendarmerie de Damour… laquelle les dirige à son tour vers la gendarmerie de Saadiyate.
« J’avais le nom de cet homme et je pouvais leur indiquer l’emplacement », se souvient le journaliste. Finalement, un agent sur place effectue ses contacts. « Un certain Ali est venu nous ramener nos téléphones, me demandant : ça va aller comme ça, n’est-ce pas ? » souligne Karem Mounzer, comme pour clore le sujet. Quand il a essayé d’en savoir plus sur les causes de cette agression, l’homme qui se prénomme Ali a indiqué ne rien en savoir, puisqu’il n’était pas présent. « J’ai eu la nette impression que ces gens-là sont protégés politiquement », assure le journaliste.
Interrogée par L’OLJ, une source des forces de l’ordre assure que « l’enquête se poursuit pour élucider cette affaire », précisant que « l’homme nommé Jaafar reste introuvable pour le moment ».
Karem Mounzer précise avoir pris ses précautions en se rendant chez un médecin légiste qui a noté dans son rapport les contusions et certaines blessures légères, ainsi que des traces de coups au niveau du cou et de la tête. « Je ne sais pas si je porterai plainte auprès de la justice, je crois que ça ne sert à rien et je n’ai plus vraiment confiance dans le système », lance-t-il, visiblement désabusé.
Car cette agression soulève de nombreuses questions que le jeune homme n’hésite pas à se poser. « Je n’avais sur moi que ma caméra, et je refuse de porter des armes. Mais, en fin de compte, des hommes armés jusqu’aux dents nous ont tabassés sur une plage publique et nous ont tiré dessus, avec l’intention de nous empêcher de remettre les pieds dans toute une région. Vers quoi nous entraînent-ils ? Un nouveau règne d’autosécurité ? Des frontières entre les régions ? »
Le ministre de l’intérieur se gargarise de son bilan et ne cesse de répéter que les crimes ont diminué au Liban. Il doit habiter une planète que nous ou alors il est bien protégé par les FSI que les contribuables paient pour assurer la sécurité de leurs bourreaux. Ils peuvent dormir tranquillement et tant pis pour les libanais qui sont considérés comme des sous humains étanches à toutes les misères qu’ils subissent depuis que ce pays s’est transformé un état bananier et en une plaque tournante de voyous de tout genre et de trafics, en veux-tu en voilà.
12 h 12, le 30 avril 2024