Alors que la présence de matières dangereuses et toxiques dans les infrastructures publiques est devenue un sujet extrêmement sensible depuis l’explosion au port de Beyrouth le 4 août 2020, provoquée par un stock mal entreposé de centaines de tonnes de nitrate d’ammonium, cette question semble être rapidement passée au second plan des problèmes du pays en crise, encore plus depuis le déclenchement en octobre 2023 de la guerre au Liban-Sud et à Gaza.
Pourtant, le mois de mars a été marqué par des rebondissements – et des polémiques – à ce sujet à la centrale électrique de Zouk (Kesrouan), dans les installations pétrolières de Tripoli (Liban-Nord) et de Zahrani (Liban-Sud), et de nouveaux éléments pourraient intervenir dans les prochaines semaines, tandis qu’un appel d’offres pour les deux installations expire le 18 avril.
Récemment, c’est la centrale de Zouk, à l’arrêt depuis environ un an faute de moyens, qui était au centre d’un échange tendu entre le président de l’Autorité de régulation des marchés publics, Jean Ellieh, et le directeur général d’Électricité du Liban (EDL), Kamal Hayek, autour de matières chimiques présentées comme dangereuses. Dans les installations de Tripoli et de Zahrani, c’est l’échec de trois appels d’offres, le dernier à la mi-mars, et le lancement d’un quatrième qui ont relancé le débat. Mais où en est-on aujourd’hui ? L’Orient-Le Jour fait le point.
« Pas de matières dangereuses » à Zouk ?
Dans la centrale de Zouk, ce sont des produits chimiques, tels que l’acide chlorhydrique, qui inquiètent les riverains. Mais Béchara Attié, tout juste retraité de son poste de directeur de la production à EDL, se veut rassurant. « Nous avons publié plusieurs communiqués par le passé dans lesquels nous assurons qu’il n’y a pas de matières dangereuses », explique-t-il à L’OLJ. « Des experts de l’armée ont effectué des prélèvements et publié des rapports à ce sujet », ajoute-t-il. L’ex-responsable explique que ces matières sont nécessaires au fonctionnement de la centrale, notamment pour le traitement de l’eau. « Il y a une longue liste de produits et ils ne sont pas dangereux (...). Même si Israël bombarde la centrale, il ne se passera rien », assure-t-il.
Une source sécuritaire mais non autorisée à s’exprimer dans la presse nuance toutefois les assurances fournies par EDL. « Les matières ne sont pas dangereuses, sauf si elles sont mélangées à d’autres produits. Néanmoins, elles doivent être déplacées et traitées. On ne peut pas les laisser de la sorte. »
En 2022, le ministre sortant de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui, avait évoqué l’existence de « matières dangereuses » dans la centrale de Zouk et transmis un rapport au gouvernement de Nagib Mikati dans lequel il lui demande d’« agir rapidement pour éliminer tout ce qui peut constituer un danger ».
Ces prises de position irritent Béchara Attié : « Si l’État veut faire son travail, qu’il contacte des pays étrangers pour évacuer ces matières », dit-il, déplorant qu’aucun membre du gouvernement ni du parquet général n’ait jusqu’à présent fait son travail. « On ne peut pas demander à EDL d’évacuer des matières soi-disant dangereuses alors que l’institution est en lambeaux », s’emporte M. Attié.
Dès 2021 pourtant, EDL a cherché à se débarrasser de ces matières « pour calmer les appréhensions des gens », reconnaît-il. Le fournisseur public a signé cette année-là un contrat de gré à gré avec la société libanaise Tecmo SAL pour l’évacuation des produits en question, mais la procédure est bloquée jusqu’à ce jour. M. Attié affirme que l’évacuation requiert l’approbation du ministère de l’Environnement et indique que le ministère n’a à ce jour jamais répondu à EDL. Une version confirmée par la société Temco SAL. L’OLJ a tenté de contacter le ministre Nasser Yassine, mais sans succès.
Nouvel appel d’offres pour Tripoli et Zahrani
Dans les installations de Tripoli, ce sont des matières telles que de l’hydroxyde de sodium ou encore du bifluorure d’ammonium, des substances corrosives et « hautement toxiques », qui présentent un risque, selon un document de la Direction du pétrole au ministère de l’Énergie daté du 15 janvier. Le texte ajoute qu’« environ 800 kilos » de ces matières sont stockés près des réservoirs de pétrole, dans des contenants en bois qui « servaient auparavant à l’affinage du pétrole ».
« Les matières en question ne sont pas aussi dangereuses qu’on le dit. Elles datent des années 1950-1960 », se contente de préciser une conseillère du ministre sortant de l’Énergie Walid Fayad, que L’OLJ n’a pas pu joindre. Depuis trois ans, ce ministère a lancé quatre appels d’offres pour trouver une société qui pourrait évacuer et éliminer ces matières dangereuses. Le dernier appel d’offres a été lancé le 28 mars et l’ouverture des plis est prévue le 18 avril. « Cinq entreprises sont intéressées », précise une autre source anonyme au ministère. Pour la centrale de Zouk en revanche, le calendrier est moins clair.
L’appel d’offres en question ne contient aucun détail sur la teneur du marché, mais évoque dans son intitulé « l’évacuation de matières chimiques au sein des installations de Tripoli et Zahrani ».
« Il faut évacuer ces matières et s’en débarrasser, qu’il s’agisse de la centrale de Zouk ou des installations de Tripoli et de Zahrani. Si ces matières sont dangereuses et que (l’élimination) ne peut pas être retardée, il y a une clause légale pour l’effectuer en urgence », sans passer par un appel d’offres, rappelle toutefois Jean Ellié.
Ils avaient dit la même chose pour la santé financières des banques Libanaises et pour les containers du port. Ils ont même envoyé des soudeurs provoquer la catastrophe tellement sûrs de leur incompétence et ils viennent nous rassurer pour l’EDL et le reste. MENTEURS SANS CONCEINCE, voilà ce que nous pensons d’eux.
17 h 43, le 05 avril 2024