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La centrale électrique de Zouk, dans le Kesrouan. Photo d'illustration P.H.B.
La centrale électrique de Zouk est déjà connue pour sa vétusté et pour la pollution qui s’en dégage. Au lendemain de l’explosion au port de Beyrouth, le 4 août 2020, la question de matières toxiques stockées de manière inadéquate dans la centrale a été soulevée pour la première fois. L’affaire avait fait l’objet d’une enquête de justice et la population locale s’était mobilisée pour la destruction ou la sécurisation de ces matières. Un sujet plus ou moins oublié jusqu’au Conseil des ministres de mercredi, au cours duquel le ministre de l’Intérieur Bassam Maoulaoui a de nouveau évoqué le « risque d’explosion » qui pourrait résulter du stockage de matières chimiques dangereuses dans la vieille centrale, interpellant le gouvernement à ce sujet. Le cabinet de Nagib Mikati a alors chargé l’armée de garder ces lieux à risque au sein de la centrale de Zouk.
Dans un communiqué publié jeudi, le ministre de l’Intérieur a expliqué « avoir reçu des informations sur l’état des entrepôts contenant des matières chimiques dans la centrale thermique de Zouk ». Il a affirmé que « la situation sécuritaire actuelle de la centrale est inadéquate » et que « des brèches dans la clôture technique » ont été constatées, sans que des gardiens ne soient déployés sur place, ce qui peut constituer un risque d’infiltration de personnes au sein de ces entrepôts où se trouvent « des réservoirs d’hydrogène et de fuel, ainsi que des matières dangereuses périmées ». Le ministre a prévenu qu’« en cas d’acte de sabotage, une explosion est possible ». « Par souci pour la sécurité des citoyens résidant dans la zone et ses alentours, et en raison de la présence de réservoirs de gaz appartenant à une compagnie située à proximité de la centrale », M. Maoulaoui a indiqué avoir transmis la veille un rapport au gouvernement dans lequel il lui demande « d’agir rapidement pour éliminer tout ce qui peut constituer un danger ». Le communiqué précise que le ministre a affirmé qu’« une garde est nécessaire autour de toutes les structures de la centrale, jusqu’à ce que les travaux de maintenance soient achevés. Il a également préconisé que le ministère de l’Énergie ordonne le démantèlement des anciennes structures de la centrale ou l’élimination des matières dangereuses qui s’y trouvent. « Le gouvernement a chargé l’armée d’assurer sur-le-champ un point de garde dans la centrale, et d’inspecter les matières qui s’y trouvent afin de prendre les mesures nécessaires pour éviter tout dommage qui pourrait en résulter, puis de transporter et neutraliser ces matières immédiatement » , indique le communiqué. À cet effet, M. Maoulaoui a transmis une lettre au ministère de la Défense afin que la décision du Conseil des ministres soit exécutée.
Réponse d’EDL et du ministère de l’Énergie
La réponse d’Électricité du Liban et du ministère de l’Énergie ne devait pas tarder. Dans l’après-midi de jeudi, EDL a publié un communiqué dans lequel l’office souligne d’emblée ne pas avoir été tenu au courant du rapport de sécurité cité par le ministre de l’Intérieur. « Au sujet de l’acide chlorhydrique, un entrepôt a été bâti dans l’enceinte de la centrale et a été estimé comme conforme aux normes par le commandement de l’armée dès le 30 janvier 2019 », souligne le texte. Pour ce qui est des autres matières chimiques, le communiqué précise que les services de renseignements des Forces de sécurité intérieure ont terminé leur recensement dès le 22 octobre 2020 à la demande du Parquet, en se basant sur le rapport du Centre libanais de l’énergie atomique. Celui-ci est arrivé à la conclusion que ces matières sont stockées « de manière sûre, dans des endroits isolés et dotés d’un équipement contre le feu ». EDL précise en outre avoir chargé l’entreprise allemande spécialisée Combilift, le 30 mars 2021, d’empaqueter et de transporter les matières périmées vers des centres spécialisés en Europe. Toutefois, poursuit l’office, cette initiative bute toujours sur des retards administratifs dans l’octroi des différentes autorisations.
Sur d’autres plans, le communiqué précise que la station de production d’hydrogène de la centrale a été « construite à neuf, dans le respect des normes internationales », et que la réhabilitation de la clôture technique qui cerne la centrale et empêche l’infiltration d’intrus « attend le déblocage d’un budget en dollars frais » . L’institution reconnaît cependant un manque de personnel, du fait des nombreux départs à la retraite et de l’impossibilité d’embaucher de nouveaux éléments (une règle actuellement en vigueur dans toute l’administration).
« EDL et le ministère de l’Énergie assurent avoir fait tout ce qui est en leur pouvoir à ce niveau », conclut le texte, estimant que les manquements découlent de procédures qui ne relèvent pas de leur autorité.
CHACUN JETTE LA RESPONSABILITE SUR AUTRUI... COMME IL EN EST D,USAGE POUR TOUTE FAUTE, ERREUR OU CRIME AU LIBAN.
13 h 59, le 25 mars 2022