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Geagea : Oui à un dialogue sur le système, pas sur la présidence

Geagea : Oui à un dialogue sur le système, pas sur la présidence

Le chef des FL, Samir Geagea, recevant les membres du conseil de l’ordre des rédacteurs, jeudi 28 mars 2024. Photo DR

« Je ne suis pas contre le dialogue, mais il faut savoir duquel il s’agit. Si c’est au sujet de la présidence, il ne sert à rien, mais s’il porte sur l’amélioration du système, il est le bienvenu. » C’est ainsi que le chef des Forces libanaises Samir Geagea résume sa position dès qu’on évoque avec lui le sujet d’un dialogue entre les différentes composantes du pays pour sortir de l’impasse actuelle. Devant les membres du conseil de l’ordre des rédacteurs, mené par Joseph Kossaïfi, qui essaient d’initier un dialogue indirect entre les différentes parties, M. Geagea rappelle que lors de l’ouverture du délai constitutionnel pour l’élection d’un président, en septembre 2022, il y a eu des tentatives de mener un dialogue sur le dossier avec les différents blocs parlementaires, dont celui du président de la Chambre Nabih Berry. « Un contact direct a été établi entre (les députés) Melhem Riachi (FL) et Ali Hassan Khalil (Amal), mais il n’a pas abouti, en raison du refus de toutes nos propositions par le tandem chiite », dit-il. Le chef des FL raconte que son parti a commencé par proposer le nom de Michel Moawad, mais face au refus du camp de la moumana’a, il a proposé celui de l’ancien député Salah Honein puis d’autres. En vain. « Nous voulons un président qui puisse édifier un État et qui soit sérieux, pas une simple photo sur le mur, dit-il. Malgré cela, nous avons revu nos exigences à la baisse, mais le président de la Chambre s’est arrêté à la candidature de Sleiman Frangié. Il nous a en quelque sorte envoyé le message suivant : Ce sera Frangié ou personne. » Les FL ont alors entamé un dialogue avec les autres composantes, notamment les « indépendants » et le Courant patriotique libre. « Nous avons fini par appuyer la candidature de Jihad Azour qui possède une partie des caractéristiques voulues pour la présidence. Pour nous, ce n’était pas le premier choix, mais il remplissait un minimum de conditions, indispensables à nos yeux, dit-il. Malgré cela, lors de la dernière séance électorale du 14 juin 2023, les députés de la moumana’a se sont retirés de la salle pour saboter le scrutin, alors que Jihad Azour avait obtenu 59 voix et leur candidat 51. »

Geagea est convaincu qu’il faut laisser le jeu parlementaire suivre son cours. Mais qu’en sera-t-il du principe (non constitutionnel) de la démocratie consensuelle si un président est élu sans aucune voix chiite ? Il répond que la démocratie consensuelle est intégrée dans le système. Elle est consacrée à travers la parité entre chrétiens et musulmans, alors que nul n’ignore que les chrétiens ne représentent pas 50 % de la population. Selon lui, il y a un mécanisme pour l’élection, prévu par la Constitution, et il faut l’appliquer. « On ne peut pas suspendre la Constitution selon la volonté ou les intérêts de certains, dénonce-t-il. Quand cela les arrange, ils prônent la démocratie consensuelle, et quand ils le veulent, ils prennent seuls la décision d’ouvrir le front au Sud. »

Pour Geagea, le tandem chiite ne veut pas de président pour l’instant, et c’est lui qui entrave le processus électoral. Pourtant, il est indispensable, selon lui, de s’occuper des intérêts des citoyens et d’élire un président au plus vite. Dans ce cas, ne serait-il pas préférable d’accepter le candidat du tandem chiite ? Geagea est catégorique à ce sujet : « Si on élit une fois de plus le candidat du Hezbollah, la situation du pays va encore empirer. »

Le chef des FL insiste à plusieurs reprises sur le fait que le blocage présidentiel ne vient pas de l’extérieur mais bien de l’intérieur. Il revient ainsi sur sa dernière rencontre avec les membres du quintette chargé du dossier libanais et sur les informations qui ont fuité sur une tension entre lui et l’ambassadrice des États-Unis. Il raconte qu’il a rappelé devant ses interlocuteurs que les membres de la Chambre des représentants américaine sont restés plusieurs jours et plusieurs nuits en séance électorale ouverte pour élire le président de cette institution, et ce n’est qu’au 15e tour qu’ils y sont parvenus. « Pourquoi le Parlement libanais ne suivrait-il pas cet exemple ? » M. Geagea fait là référence à l’élection mouvementée en octobre dernier du trumpiste Mike Johnson au perchoir.

Bassil doit « définir ses choix »

À la question de savoir si les chrétiens croient toujours au Grand Liban, Geagea répond que ceux-ci ne croient plus à la formule actuelle qui ne fonctionne plus. « Mais le Liban est une patrie définitive pour eux », ajoute-t-il. Interrogé sur le fédéralisme, il affirme que le Hezbollah est le premier à l’appliquer. « Nous autres, nous voulons que la même logique s’applique à tous, notamment sur le plan des lois et des droits. » Il estime que c’est sur ces questions qu’il faudrait mener un dialogue, car aucune partie ne peut décider à la place des autres, ni de la guerre ni du reste.

Concernant « le document de Bkerké », en cours de discussion entre les protagonistes chrétiens sous l’égide du patriarcat maronite, il ne se montre pas très enthousiaste. « L’Église maronite tente de faire bouger le dossier. Toutefois, le problème n’est pas chez les chrétiens qui continuent d’appuyer Jihad Azour », dit-il.

Pour lui, on ne peut pas vraiment parler d’animosité entre les FL et le Courant patriotique libre, mais de divergences profondes. Il accuse Gebran Bassil, chef du CPL, de ne pas avoir défini ses choix. « Si le Hezbollah lui propose demain des acquis importants, Gebran Bassil reviendra vers lui », affirme-t-il, ajoutant que le CPL est mû par la mentalité des quotes-parts. Et de noter que malgré cela, le contact avec le parti de Gebran Bassil n’est pas rompu.

À la question de savoir si les FL cherchent, comme leurs détracteurs les accusent, à créer une discorde entre les chrétiens et les chiites, de Tayouné à Rmeich en passant par Kahalé, Geagea affirme que « les FL n’étaient pas présentes à Tayouné, ni même à Kahalé, et tout le monde sait ce qui s’est alors passé. De même, à Rmeich, l’histoire est connue. Si on s’en prend aux FL, c’est parce qu’elles ont une structure solide et disposent d’une grande popularité ». Au sujet de la guerre qui se déroule dans la région, Geagea se dit convaincu que l’Iran ne veut pas de la solution des deux États et ne veut pas non plus confier le sort des Palestiniens à l’OLP. « Tout comme le Premier ministre israélien d’ailleurs », dit-il. Selon lui, même si les différentes parties ne le veulent pas, les choses peuvent déraper. Il estime que la région est dans une situation précaire, et les relations entre les États-Unis et Israël sont tendues. « Il y a trop d’inconnues. C’est pourquoi le plus sage serait de consolider la scène interne. »

« Je ne suis pas contre le dialogue, mais il faut savoir duquel il s’agit. Si c’est au sujet de la présidence, il ne sert à rien, mais s’il porte sur l’amélioration du système, il est le bienvenu. » C’est ainsi que le chef des Forces libanaises Samir Geagea résume sa position dès qu’on évoque avec lui le sujet d’un dialogue entre les différentes composantes du...

commentaires (7)

Un homme intègre, et fait preuve d’un leadership responsable et courageux Imaginons le paysage politique libanais actuel en absence des forces libanaises !!!

william semaan

12 h 33, le 29 mars 2024

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Commentaires (7)

  • Un homme intègre, et fait preuve d’un leadership responsable et courageux Imaginons le paysage politique libanais actuel en absence des forces libanaises !!!

    william semaan

    12 h 33, le 29 mars 2024

  • Il faut à tout prix trouver un nouveau Fouad Chehab..

    Raed Habib

    12 h 27, le 29 mars 2024

  • 1 - JE PROPOSE UNE REPUBLIQUE LAIQUE. 2 - UN GOUVERNEMENT DE TRANSITION DE PREFERENCE MILITAIRE. 3 - UNE DELEGATION POURVUE DE POUVOIR POUR ALLER DE PAR LE MONE, EN UN AN, RECENSER TOUS LES LIBANAIS DE LA DIASPORA, OFFRIR LA NATIONALITE A TOUS CEUX D,ORIGINE LIBANAISE QUI LE DESIRENT, REVENIR PRESENTER LA RAPPORT, NOMS ET NOMBRES, AU GOUVERNEMENT. 4 - PROCEDER A DES ELECTIONS DEMOCRATIQUES ET LAIQUES. 5 - CHEF D,ETAT AU SUFFRAGE UNIVERDSEL (PEUPLE) CANDIDATS AU MOINS AVEC UN DOCTORAT. 6 - PLUS DE RELIGION SUR IDENTITE ET PASSEPORT ET AUTRE DOCUMENT. 7 - IL ME MANQUE DE CARACTERES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 04, le 29 mars 2024

  • Quelle différence de style entre cet article et celui consacré à Gebran Bassil. La rédactrice a sans doute souffert en l’écrivant vu son animosité publiquement exprimée envers Samir Geagea

    Lecteur excédé par la censure

    08 h 32, le 29 mars 2024

  • Waw, Scarlett s est rendue chez Geagea, serait ce pour cause de semaine sainte. Ceci d’il elle se limite à répéter ce qu il lui a dit en absence de toute analyse “ Rofonde” a laquelle elle nous a habitué, et qui faisait tout son charme.

    Zampano

    07 h 22, le 29 mars 2024

  • Le tandem Hezbollah-Amal ne doit plus faire un défaut de quorum hors de la deuxième partie des élections. SIMPLEMENT.

    Mohamed Melhem

    05 h 30, le 29 mars 2024

  • Il faut évidemment remettre à plat le système libanais qui a prouvé qu'il ne fonctionne pas. L'édification d'un état qui ne soit plus dysfonctionnel doit être la priorité du dialogue, et bien plus prioritaire que le choix d'un président.

    K1000

    02 h 14, le 29 mars 2024

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