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Nos Lecteurs ont la Parole

Pas un brin de « brain »

C’est peut-être la cinquième fois que j’ai des courses à faire à Achrafieh et que, paf, je tombe nez à nez sur la fourchette de la rue du Liban et des deux autres ruelles, où se trouve, bien planté au milieu de l’intersection, un poteau sur lequel il est écrit en toutes lettres « Achrafieh Brain Beirut »... Ne me dites pas que ce n’est pas ahurissant ! En tout cas, provocateur au possible et d’un ridicule qui tue !

Je me suis renseignée sur cette enseigne soupçonneuse avant de me permettre de critiquer gratuitement, et on m’a répondu que l’auteur de ce chef-d’œuvre est la même personne qui avait installé la fameuse Vierge jadis controversée en plein cœur de Sassine ! Ce monsieur est certes actif, en train de collecter des fonds, de faire du bon travail de nettoyage de pavés, de refonctionnement de la signalétique, de peinture de trottoir – quoique pas au goût de tout le monde – et d’éclairage de rue, mais à mon sens, se proclamer « cerveau » d’Achrafieh enlève quelque peu de ce crédit et reste indigeste et de mauvais goût. Au contraire, quand on fait un aussi bon travail et qu’on redonne à la capitale son souffle, il est fort dommage de ne pas savoir garder un profil bas. ç’aurait été d’une telle grandeur !

Par ailleurs, cela semble ironique, car Ras Beyrouth, traduite de l’arabe, aurait elle aussi pu être comprise comme la tête, et donc le cerveau de Beyrouth, surtout avec le vivier qu’est cette région, mais à l’époque, « Ras » avait été choisi pour signifier la pointe géographique de Beyrouth, et non pas sa « matière grise ». Imaginez tel bienfaiteur qui, après ces travaux de restauration çà et là, s’aventure à appeler son association « Mazraa Brain of Mar Elias », ou « Ras Beirut Brain of Hamra », nous aurions dit que c’est fat !

Prenez tel autre actif dans son beau travail d’urbanisation qui a adopté une appellation chic et subtile de « Rebirth Beirut » ou, d’autres encore, un élégant « Achrafieh 2020 », sans oublier l’initiative personnelle de ce jeune d’éclairer l’autoroute rapide du Metn tout en étant sobre et discret. Idem, d’autres personnes qui, loin des titres et des néons, œuvrent sans médiatisation et dans la discrétion totale, si bien que leur main droite ne se souvient pas de ce que donne leur main gauche.

À présent, on se fait la concurrence intellectuellement et on s’approprie un slogan pompeux pour bien épater la galerie, tout en lorgnant un siège aux prochaines législatives ?

Avec la rangée interminable de drapeaux perses qui prennent d’assaut les étrangers au sortir de l’aéroport ou les photos de zaïms à chaque coin de nos quartiers sclérosés, je pense que nous sommes suffisamment servis et la risée du monde ! Pas la peine d’en rajouter à ce folklore avec des enseignes criardes et mégalos traduisant des ego surdimensionnés à l’entrée du quartier résidentiel d’Achrafieh.

Et, en anglais dans le texte, « If you have to use your brain », justement, « keep a low profile, work in silence, and let your success, and not your lousy labels, be your noise ».

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

C’est peut-être la cinquième fois que j’ai des courses à faire à Achrafieh et que, paf, je tombe nez à nez sur la fourchette de la rue du Liban et des deux autres ruelles, où se trouve, bien planté au milieu de l’intersection, un poteau sur lequel il est écrit en toutes lettres « Achrafieh Brain Beirut »... Ne me dites pas que ce n’est pas ahurissant ! En tout cas,...

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