Istiz Nabeuh et son perchoir branlant, Mikou le nabab et son gouvernement flottant, le Mollasson des sables haririen et son moral flippant, sans oublier leur employeur barbu surmonté d’un turban… À force de taper toujours sur les mêmes, on a fini par oublier les rigolos d’en face.
Ils sont quatre aussi, tout comme leurs rivaux, mais leur carrière politique est en jachère. On y perçoit à peine quelques frémissements à la faveur des petits coucous que leur font les diplomates vernis du quintette, qui sous prétexte de présidentielle ratée poursuivent cahin-caha leur tournée monotone auprès de ces spécimens congelés. Agréable coïncidence : ces derniers, eux aussi, ont du temps à perdre depuis que le parti à barbe les a envoyés au chômage technique. Il y a donc comme qui dirait une convergence d’ennui, qui pousse tout ce joli petit monde à refaire le Liban autour d’un bon café.
De ces quatre chefs, y en a déjà trois qui tirent la tronche : d’abord le Basileus orangé, néanmoins mouton noir de son camp qu’il s’obstine à défendre alors que personne ne lui a rien demandé. À l’entendre, on croirait que, sans lui, les chrétiens du Liban risquaient la déportation immédiate, en victimes expiatoires des lubies de son beau-père ; ensuite, le patron de l’armée qui, lui, ne sourit jamais, probablement parce que dans les casernes du monde arabe on a toujours enseigné l’art de faire la gueule pour impressionner la piétaille. L’armée, il est vrai, est une grande famille où l’on vaque à ses occupations sans avoir à se peloter comme le font les politiciens hilares devant les caméras télés ; puis il y a le Franju dont la colère est tellement contenue qu’il ne moufte plus une diphtongue à propos de la présidentielle, sinon pour dire qu’il reste droit dans ses bottes. Avec quand même le risque pour ce parangon de la chrétienté battant pavillon chiite de finir maladroit dans ses pantoufles.
Enfin, le quatrième échantillon de ce quarteron de maronites est bien le Tondu de Meerab. Onze années en taule, ça vous change un bonhomme. Mais il a beau être le seul politicien à avoir connu le sel, le plomb et l’auge à cochons, il ne passe toujours pas auprès d’une certaine catégorie de Jésus-Marie-Maroun. La faute sans doute à ce label de milicien qui lui colle à la tonsure comme une pastille rouge. Forcément, puisqu’à un moment de sa vie il a milité pour la prise de la pastille.
Quatre candidats, quatre chefs, mais un seul strapontin. Vont-ils s’entendre ou s’en mettre plein la poire ? Quel avenir pour cette République pour rire ? Difficile de raconter le vide sans tomber dedans.
gabynasr@lorientlejour.com
Je cite : ""Enfin, le quatrième échantillon de ce quarteron de maronites est bien le Tondu de Meerab. Onze années en taule, ça vous change un bonhomme"". Bonhomme ? Non ! Un enfant de chœur ! On se demande ce qu’il fait encore en politique quand il appuie un candidat d’une autre formation, mais jamais de sa propre formation, les Ouèètes, dont il est chef à vie, et surtout un "candidat naturel" parmi les quatre candidats tout aussi naturels que lui. Voilà une explication : quand un candidat propose le nom d’un autre, c’est que ce dernier n’est pas sûr de l’emporter.
13 h 19, le 22 mars 2024