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Chefs Playmobil


Un des aspects les plus poilants qu’on observe au Liban est le chef politique en déplacement, ou comme on dit en langage ministériel : « En situation de mobilité ». Bien incapable de se mouvoir par ses propres moyens, du genre flâner ou faire du lèche-vitrines les mains dans les poches en se grattant l’intime, Pépère se fait toujours accompagner par une camarilla de teigneux patibulaires. Dans le monde arabe, la démarche a de la gueule et possède l’avantage d’en imposer face aux partisans rase-moquette, qui rivalisent d’obséquiosité et s’étalent illico.

Tel est en gros l’enjeu planétaire des bisbilles régulières entre le pensionnaire du Sérail et le Basileus. Qui a tort, qui a raison ? Tout le monde s’en cogne, et Istiz Nabeuh se marre en buvant du petit lait. Car l’Ancêtre parlementaire a trouvé en Mikou un fidèle gardien qui ne ménage ni son plumeau ni son cirage. De la vieille querelle sur le changement d’heure à la toute récente guerre inventée par les barbus au Liban-Sud, en passant par la soupe réchauffée des « législations de nécessité », le Premier des ministres conjugue à merveille le verbe lécher à l’arabe singulier. Un pur chef-d’œuvre de casuistique qui a laissé plus d’un jésuite sur le culte…

À l’heure des drones sophistiqués capables de loger une balle entre une incisive et une canine, on peut légitimement se demander quelle est l’utilité pour un député ou un ministre d’avoir en permanence à sa disposition quatre esclaves baraqués comme autant d’armoires à glace, chargés d’écarter les gueux bêlants au passage du Maître.

Mais qu’on ne s’y trompe surtout pas ! Faut toujours un larbin au pied pour ouvrir et fermer les portières du corbillard 4x4, un autre pour planquer le pognon gagné à la sueur du contribuable, un troisième pour courir acheter des havanes à téter, et un dernier pour amener Médème chez le coupe-tifs pour lui rafraîchir la frisette. Et ça, aucun drone au monde ne peut le faire. Peut-être qu’un brin de modernisation des services de sécurité permettrait-il un jour à l’informatique de remplacer la trique. Et à l’intelligence artificielle de prendre le pas sur la bêtise naturelle.

Quant à Istiz Nabeuh, qui, lui, ne fait pas la différence entre un ordinateur portable et un fer à repasser, il savoure aujourd’hui une satisfaction sereine au milieu de ses sous-fifres reconnaissants d’avoir été casés dans toutes les mangeoires de la République. Merci patron !

C’est ce qui permet d’ailleurs à ce Déshérité antédiluvien de jouer les maîtres de cérémonie devant le quintette d’ambassadeurs qui, dans leur quête d’un improbable futur président de la République, n’ont plus que l’ennui en partage. Aussi, ce haut perché indéboulonnable ne se prive-t-il pas de leur faire avaler le bobard d’une victoire perse sur les Hébreux qui a coûté à Téhéran des milliards en quelques heures, pendant que les Iraniens d’en bas se crèvent la dalle. Facile de fanfaronner et d’empiler les triomphes sous les palmiers nains à Aïn el-Tiné, loin des femmes et des enfants de Gaza réduits en charpie...

Décidément, les diplomates du quintette ne comprendront jamais rien au Liban et aux Libanais. Mais c’est tant mieux, car arrivés à ce stade, ils ont sans doute déjà tout compris...

gabynasr@lorientlejour.com

Un des aspects les plus poilants qu’on observe au Liban est le chef politique en déplacement, ou comme on dit en langage ministériel : « En situation de mobilité ». Bien incapable de se mouvoir par ses propres moyens, du genre flâner ou faire du lèche-vitrines les mains dans les poches en se grattant l’intime, Pépère se fait toujours accompagner par une camarilla de...

commentaires (2)

""Décidément, les diplomates du quintette ne comprendront jamais rien au Liban et aux Libanais. Mais c’est tant mieux, car arrivés à ce stade, ils ont sans doute déjà tout compris..."" En diplomatie, le principe de réciprocité régit également les accords, et pourrait s’appliquer à l’avenir, crise libanaise oblige, à inviter des conseillers libanais à trouver des issues à d’autres conflits dans le monde, (c’est déjà fait en Libye ou ailleurs avec l’échec à la clef), car si on n’a pas le remède à nos problèmes, comment en trouver aux autres. Nos chefs ont fait du Liban un pays impossible…

Nabil

12 h 47, le 19 avril 2024

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Commentaires (2)

  • ""Décidément, les diplomates du quintette ne comprendront jamais rien au Liban et aux Libanais. Mais c’est tant mieux, car arrivés à ce stade, ils ont sans doute déjà tout compris..."" En diplomatie, le principe de réciprocité régit également les accords, et pourrait s’appliquer à l’avenir, crise libanaise oblige, à inviter des conseillers libanais à trouver des issues à d’autres conflits dans le monde, (c’est déjà fait en Libye ou ailleurs avec l’échec à la clef), car si on n’a pas le remède à nos problèmes, comment en trouver aux autres. Nos chefs ont fait du Liban un pays impossible…

    Nabil

    12 h 47, le 19 avril 2024

  • Mais quel titre accrocheur : ""Chefs Playmobil"". Fixé sur l’écran de l’ordinateur, je lis et relis le titre, je regarde ces deux mots. C’est tout à fait ça : des petits bonhommes, des jouets, des polichinelles… pour la description des personnages, taper Playmobil sur wikipedia…

    Nabil

    12 h 24, le 19 avril 2024

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