L’émissaire spécial de l’Élysée pour le Liban, Jean-Yves Le Drian, ne reviendra pas à Beyrouth dans un avenir proche, ou du moins pas avant que « les conditions d’un tel retour soient réunies », pour reprendre les termes d’un diplomate occidental. Mais cela ne signifie pas que le quintette impliqué dans le dossier de la présidentielle libanaise (États-Unis, France, Arabie saoudite, Égypte, Qatar) lâcherait prise. Le groupe des Cinq entendrait mettre la pression sur les protagonistes locaux qui attendent, eux, l’issue du second round de contacts qui seront menés par les députés de la Modération nationale afin de relancer leur initiative visant à paver la voie à l’élection d’un nouveau président de la République.
Selon des informations obtenues lundi par L’Orient-Le Jour, les pays membres du quintette seraient en train de discuter de l’idée d’un éventuel durcissement du ton à l’égard des protagonistes. « Il faut qu’ils (les protagonistes) comprennent qu’il est temps d’aller de l’avant », commente le diplomate précité, basé à Beyrouth. Mais concrètement, à quoi faut-il s’attendre ? Une source diplomatique occidentale souligne que le blocage actuel « pousse certaines voix dans les coulisses diplomatiques à s’élever pour apporter des changements à l’approche adoptée par le groupe des Cinq ». À travers ces propos, la source répondait à des informations véhiculées dans certains médias locaux selon lesquelles M. Le Drian aurait appelé M. Berry et aurait émis des interrogations sur l’intérêt du maintien du quintette si le dossier présidentiel demeurait noyé dans l’immobilisme. Si elle confirme le contact téléphonique entre le chef du législatif et l’émissaire français, la source dément ces spéculations sur la teneur de la conversation. « Le quintette (au niveau des ambassadeurs) devrait se rendre à Bkerké pour un entretien avec le patriarche maronite, Béchara Raï, et se réunir avec le commandant de l’armée, Joseph Aoun », dit-elle, indiquant que la question d’un nouveau round de rencontres avec les chefs de file politiques fait actuellement l’objet de discussions, surtout que le mois de ramadan pourrait réduire l’activité des ambassadeurs des pays arabes. De son côté, l’ambassadrice américaine, Lisa Johnson, s’est réunie lundi, à Bnechaï, dans le cadre de sa tournée protocolaire au début de sa mission diplomatique à Beyrouth, et s’est entretenue avec le chef des Marada, Sleiman Frangié, candidat du tandem Amal-Hezbollah à la présidence de la République.
Berry souffle le chaud et le froid
Le quintette soutient « toute démarche à même de débloquer la présidentielle », assure le diplomate occidental, dans une référence à l’initiative du bloc de la Modération nationale (députés majoritairement sunnites ex-haririens). Celle-ci consiste à tenir des concertations parlementaires suivies d’une séance électorale ouverte. Si une bonne partie des protagonistes (à l’exception notoire du Hezbollah) se sont prononcés en faveur de la démarche, c’est surtout Nabih Berry qui souffle le chaud et le froid. Tout en se montrant ouvert à cette initiative, il veut se réaffirmer comme le maître du perchoir... et du jeu. « C’est le secrétariat général du Parlement qui lance les invitations aux groupes parlementaires participant au dialogue que je présiderai moi-même et sans aucune condition préalable », a-t-il affirmé dans une déclaration au quotidien saoudien al-Charq al-Awsat. Aux yeux de l’opposition, c’est une façon pour M. Berry de « menacer l’initiative », comme on peut lire dans un communiqué virulent publié lundi par les Forces libanaises. Accusant M. Berry de jouer au « tuteur » des députés, le parti a rappelé que « les concertations sérieuses se font dans les coulisses et elles ne se sont jamais arrêtées, mais elles n’ont pas eu de succès à cause de l’insistance de la moumanaa (camp du Hezbollah) à tenir la table de dialogue “berryste” anticonstitutionnelle ». Quelques heures plus tard, dans un autre entretien à la chaîne OTV (aouniste), le président de la Chambre a (re)mis un peu d'eau dans son vin, affirmant avoir fait part à M. Le Drian de son soutien à l'initiative des ex-haririens et aux efforts du quintette...
commentaires (5)
La honte à tous ces responsables qui continuent de donner l’occasion à cette horde d’émissaires et de diplomates de s’immiscer dans nos affaires internes.
Hitti arlette
22 h 09, le 12 mars 2024