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Idées - Journée internationale des droits des femmes

Quels droits reste-t-il encore aux Palestiniennes de Gaza ?

Quels droits reste-t-il encore aux Palestiniennes de Gaza ?

Des Palestiniennes, blessées lors d’une frappe israélienne, soignées à l’hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 28 décembre 2023. Photo d’archives AFP

La bande de Gaza, territoire dévasté et rendu inhabitable par les frappes israéliennes depuis le 8 octobre, compte désormais 30 000 morts, dont 70 % de femmes et enfants. Alors que partout dans le monde, l’on célébrait hier la Journée internationale des droits des femmes, être une femme palestinienne à Gaza aujourd’hui implique de renoncer à la quasi-totalité d’entre eux, tandis que le quotidien impose des devoirs douloureux : survivre, nourrir et apaiser les enfants traumatisés, prendre soin des orphelins – les tristement célèbres WCNSF (« Enfant blessés, sans famille survivante », en anglais) –, faire leur deuil, garder espoir, malgré le délire du carnage et le dénuement absolu…

Tragédie obstétricale

Dans le déluge des bombardements, Gaza vit une tragédie obstétricale avec des naissances quotidiennes confrontées à une détresse psychologique et physiologique intense. Détresse qui continuera d’affecter toute une génération d’enfants s’ils survivent aux conditions de leur venue au monde. Césariennes sans anesthésie ni stérilisation, accouchements sous tente et dans des conditions insalubres, le bras de fer pour la survie s’engage avant même leur naissance. L’absence d’eau potable et de nourriture menace l’allaitement et la santé des mères et des bébés, les exposant à la déshydratation et à des maladies mortelles. À Gaza, chacun de leur souffle est et sera une bataille.

Pour mémoire

En images : les bombardements israéliens rendent Gaza inhabitable

Les enfants sont pris au piège de la famine, du froid, de la maladie et de la traîtrise des bombes qui démembrent sans commisération et fauchent sans distinction. Hind Rajab, 6 ans, Sidra Hassouna, 7 ans, incarnent tragiquement le prix de cette lutte qu’ils sont plus d’une dizaine de milliers à avoir payé. L’une abandonnée à la solitude de la mort dans une voiture assiégée par des tanks israéliens, l’autre projetée hors de son immeuble, le corps désintégré.

L’absence de protections menstruelles déclenche des infections bactériennes génitales et des maladies de l’appareil reproducteur. Avec 500 personnes pour une même toilette et plus de 2 000 pour une seule douche, la gestion déjà pénible des règles devient un âpre défi supplémentaire pour les femmes, tandis que la propagation de maladies s’accentue de façon alarmante.

Droit à l’existence

Abomination suprême : de récents rapports d’experts indépendants nommés par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies allèguent de la profanation de leurs corps par les forces israéliennes. S’appuyant sur des témoignages de victimes et de témoins, ainsi que sur le travail d’organisations civiles et internationales, ces sept experts, dont Reem Alsalem, rapporteur spécial sur la violence contre les femmes et les filles, ses causes et conséquences, et Francesca Albanese, rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, font état d’exécutions arbitraires et de détentions massives accompagnées de traitements inhumains et d’agressions sexuelles. Plus de 3 000 femmes sont désormais veuves à la suite du décès de leurs partenaires durant cette opération militaire. D’autres deviennent spectatrices impuissantes de l’enlèvement et de l’avilissement public acharné par l'armée israélienne des hommes qu’elles aiment.

Tout comme les vies féminines en Israël qui ont subi l’irréparable ce jour-là – y compris des violences sexuelles, selon les premières conclusions d’un autre rapport de l’ONU – et dont rien ne saurait justifier l’oubli, les Palestiniennes méritent de voir leur existence reconnue et préservée. L’indifférence, voire la complicité, des puissances alliées d’Israël et d’une partie de leur opinion publique et médias confine ces victimes palestiniennes au statut d’ombres. Elle leur dénie voix et visage, les écrase dans de froides statistiques. Or ces vies détruites portaient des noms. Elles nourrissaient des rêves, d’émancipation et de conquête de leur droit, notamment. La communauté internationale est-elle enfin prête à agir pour que cessent les massacres, permettant aux Palestiniennes de pouvoir elles aussi célébrer cette lutte universelle plutôt que de continuer à lutter pour leur seule survie ?

Par Heba HITTI.

Directrice marketing dans le secteur tech et financier à Paris.

NB: cet article a été modifié le 9/03 pour requalifier les actes de violences sexuelles du 7/10 établis par le rapport précité.

La bande de Gaza, territoire dévasté et rendu inhabitable par les frappes israéliennes depuis le 8 octobre, compte désormais 30 000 morts, dont 70 % de femmes et enfants. Alors que partout dans le monde, l’on célébrait hier la Journée internationale des droits des femmes, être une femme palestinienne à Gaza aujourd’hui implique de renoncer à la quasi-totalité d’entre...

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On dirait la Birmani

Eleni Caridopoulou

18 h 56, le 09 mars 2024

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  • On dirait la Birmani

    Eleni Caridopoulou

    18 h 56, le 09 mars 2024

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