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Moyen-Orient - Crise humanitaire

Ce que l'on sait du "port temporaire" américain au large de Gaza

Après plusieurs largages aériens, Joe Biden a annoncé que Washington construirait un port temporaire pour acheminer l'aide à Gaza, alors que l'on craint une famine croissante.

Un avion militaire largue de l'aide humanitaire au-dessus du nord de Gaza, vu depuis la frontière sud d'Israël avec l'enclave palestinienne, le 7 mars 2024. Photo Jack Guez/AFP

Le président américain Joe Biden a annoncé jeudi soir, dans son discours sur l'état de l'Union, que l'armée US allait construire un « port temporaire » au large de Gaza, qui permettrait à l'aide humanitaire d'arriver plus rapidement dans l'enclave assiégée, où l'ONU redoute une famine, notamment dans le Nord. En créant ce port, les États-Unis espèrent assurer un flux régulier d'aide entrant dans la bande de Gaza afin d'éviter une catastrophe humanitaire.

Mais que sait-on jusqu'à présent sur ce projet américain ?

Pourquoi cette jetée temporaire est nécessaire

Avant le début de la guerre, le 7 octobre, environ 500 camions entraient chaque jour dans la bande de Gaza pour apporter de l'aide à une grande partie de la population. Après le début de la guerre, ce chiffre a chuté.

Si l'aide, réduite, est parvenue à Gaza, elle s'est principalement concentrée à Rafah, dans le sud, Israël ayant limité son entrée au seul point de passage présent dans cette ville, à la frontière avec l'Égypte, et au point de passage de Kerem Shalom, dans le sud de l'État hébreu. Les convois d'aide qui sont parvenus jusqu'au Nord ont été victimes de pillages, les quelque 300 000 habitants qui restent dans cette région étant affamés et vivant avec un seul repas par jour, voire moins. Il a également été rapporté que des convois d'aide dans le Nord ont été la cible de tirs des forces israéliennes, ce que les autorités de l'Etat hébreu ont démenti.

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Cette situation a conduit plusieurs pays, avec l'aide de la Jordanie, à larguer des dizaines de milliers de repas dans le Nord, bien que les employés de l'ONU aient prévenu que cela restait tout à fait insuffisant par rapport à l'aide acheminée par voie terrestre.

« Si rien ne change, une famine est imminente dans le nord de la bande de Gaza », a mis en garde Carl Skau, directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial, au Conseil de sécurité des Nations unies le 26 février.

Bien que les États-Unis aient demandé à Israël d'augmenter le flux d'aide vers Gaza, les Israéliens n'ont pas pris de mesures significatives pour faciliter ce processus.

Qu'a dit le président Biden ?

Lors de son discours, M. Biden a exprimé sa frustration à l'égard des dirigeants israéliens pour leur manque d'efforts en vue d'autoriser l'acheminement d'une aide supplémentaire à Gaza.

L'éditorial de Issa GORAIEB

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« Aux dirigeants israéliens, je dis ceci : l'aide humanitaire ne peut pas être une considération secondaire ou une monnaie d'échange », a souligné le président US. « Protéger et sauver des vies innocentes doit être une priorité », a-t-il ajouté.

Étant donné qu'Israël n'a pas encore réussi à augmenter le flux d'aide vers Gaza, Joe Biden a officiellement annoncé qu'il ordonnait à l'armée américaine de construire un « port temporaire » qui servirait à « accueillir de grands navires transportant de la nourriture, de l'eau, des médicaments et des abris temporaires ».

De hauts responsables US ont expliqué que le personnel militaire américain restera en mer et que les opérations seront menées en partenariat avec des « alliés » au sol, ainsi qu'avec l'ONU et des groupes humanitaires, selon eux.

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« Cette jetée temporaire permettrait d'augmenter massivement la quantité d'aide humanitaire acheminée chaque jour à Gaza », a expliqué le président Biden, qui a réaffirmé une fois de plus la position de son administration selon laquelle « Israël doit également faire sa part » en permettant l'acheminement d'une plus grande quantité d'aide à Gaza et en veillant à ce que « les travailleurs humanitaires ne soient pas pris entre deux feux ».

Quel est le calendrier pour le port ?

Selon un responsable américain, qui a parlé au Washington Post sous couvert d'anonymat, il faudra plusieurs semaines pour « planifier et exécuter » ce projet. Il a précisé que la plupart du personnel américain nécessaire à la construction et à l'exploitation du port se trouve déjà dans la région ou est en route.

Interrogé par le quotidien américain pour obtenir plus de détails sur ce projet, le Pentagone s'est refusé à tout commentaire, indiquant que de plus amples informations seraient communiquées vendredi.

Fonctionnement

L'aide destinée à entrer dans la bande de Gaza arriverait d'abord à Chypre, où les autorités israéliennes inspecteraient les marchandises avant d'autoriser leur entrée dans l'enclave. Tel-Aviv a déclaré à plusieurs reprises que toute l'aide devait faire l'objet d'inspections avant d'entrer dans l'enclave palestinienne, afin qu'aucun matériau susceptible d'être utilisé par le Hamas pour fabriquer des armes ne puisse entrer. Cela a permis à Israël de bloquer l'entrée de camions entiers parce qu'ils contenaient, selon les Israéliens, des matériaux « à double usage », c'est-à-dire à la fois civils et militaires. Cette pratique a été fortement critiquée par les humanitaires.

Depuis Chypre, l'aide sera chargée sur de « grands navires transportant de la nourriture, de l'eau, des médicaments et des abris temporaires ».

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Une fois l'aide arrivée sur la jetée, les Nations unies et les organisations humanitaires en prendront possession et la distribueront dans toute la bande de Gaza, Israël se chargeant de la sécurité. Washington prévoit l'entrée quotidienne de « centaines » de convois d'aide à Gaza grâce à ce port temporaire.

Selon un haut fonctionnaire de l'Union européenne, le plan élaboré par les États-Unis, l'UE et d'autres pays prévoit que de nouvelles expéditions d'aide à Gaza par voie maritime commenceront dans les prochains jours et qu'une société privée se chargera de la logistique.

L'administration Biden compte sur au moins une société américaine, Fogbow, pour coordonner les livraisons à Gaza via le nouveau couloir maritime en utilisant des navires commerciaux, selon des responsables du Golfe et des personnes familières avec le plan. Fogbow est composée d'anciens responsables du gouvernement américain, de l'armée et des Nations unies, selon le Wall Street Journal.

Réactions

Un responsable israélien anonyme a affirmé au Washington Post qu'Israël « salue et soutient pleinement » le plan et qu'il y aura « une coordination totale entre les deux parties ».

Yalda Hakim, porte-parole du gouvernement israélien, a déclaré à Sky News qu'Israël saluait les efforts déployés par ses alliés pour acheminer l'aide aux personnes dans le besoin et continuait d'insister sur le fait qu'il n'y avait « aucune limite à la quantité d'aide pouvant être acheminée à Gaza ».

Stephane Dujarric, porte-parole du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a également salué le plan. « Nous disons depuis le début qu'il nous faut plus de points d'entrée et qu'il nous faut un plus grand volume d'aide par voie terrestre », a rappelé M. Dujarric.

Si Sigrid Kaag, coordinatrice des Nations unies pour l'aide aux Territoires Palestiniens, s'est réjouie des tentatives visant à accroître le flux d'aide vers Gaza, elle a souligné que l'acheminement de l'aide par voie aérienne et maritime ne pouvait se substituer aux convois terrestres. « C'est plus facile, plus rapide et moins cher, surtout si nous savons que nous devons maintenir l'aide humanitaire aux habitants de Gaza pendant une longue période », a-t-elle dit.

Ce plan risque de se heurter à l'opposition des membres d'extrême droite du cabinet du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, dont certains ont appelé à la réoccupation de Gaza et au retour des colons dans l'enclave, après qu'ils ont été contraints de la quitter en 2005.

Quel que soit le degré d'opposition d'Israël, le responsable US américain précité a affirmé que Washington « n'attend pas les Israéliens ».

Le président américain Joe Biden a annoncé jeudi soir, dans son discours sur l'état de l'Union, que l'armée US allait construire un « port temporaire » au large de Gaza, qui permettrait à l'aide humanitaire d'arriver plus rapidement dans l'enclave assiégée, où l'ONU redoute une famine, notamment dans le Nord. En créant ce port, les États-Unis espèrent assurer un flux régulier...

commentaires (3)

Il serait préférable de soutenir les professionnels humanitaires, qui connaissent ces situations et savent les gérer, de contrer le discrédit abusif et calculé du gouvernement Israélien à l’encontre de l’UNRWA et que l’Europe et les USA financent celui-ci à la hauteur des besoins. Le temps presse…

Daniele Aumage

17 h 46, le 09 mars 2024

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Commentaires (3)

  • Il serait préférable de soutenir les professionnels humanitaires, qui connaissent ces situations et savent les gérer, de contrer le discrédit abusif et calculé du gouvernement Israélien à l’encontre de l’UNRWA et que l’Europe et les USA financent celui-ci à la hauteur des besoins. Le temps presse…

    Daniele Aumage

    17 h 46, le 09 mars 2024

  • Le problème c’est que celui qui bavarde trop, n’est pas encore sur l’eau. Alors que dire recevoir des paquets de mer surtout lorsque le port est, DÛ à …. Ces hypocrites doivent éviter de pisser au vent ILS risquent de se mouiller.

    aliosha

    20 h 28, le 08 mars 2024

  • Le port américain provisoire avec ses navires prêts à embarquer tous les palestiniens volontaires et la pression de l’armée israélienne pour pousser ces pauvres palestiniens affamés vers les navires au large.. le scénario idéal qui lave les dirigeants arabes de toute trahison et permet aux israéliens d’atteindre leur objectif… tout le monde est gagnant. Pauvres palestiniens … seul dindon de la farce. …

    Marie elise Loubic

    19 h 20, le 08 mars 2024

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