Dans le contexte dramatique d’une profonde crise humanitaire à Gaza, telle que décrite par le Secrétaire général et toutes les agences des Nations Unies, la Norvège reste ferme dans son engagement à alléger les souffrances de la population de Gaza. Les habitants de Gaza fuient non seulement les bombardements israéliens et les affrontements militaires, mais sont également confrontés au manque d’installations médicales, d’eau potable, à une malnutrition croissante et au risque imminent de famine, comme a prévenu l’ONU.
Tout au long des quatre mois de guerre contre Gaza, la Norvège a pris très tôt position parmi les nations occidentales, plaidant en faveur d’un cessez-le-feu humanitaire soutenu et durable. Nous sommes heureux de voir davantage de pays se rallier à cette cause. Consciente que les solutions politiques prennent du temps, la Norvège a appelé à une augmentation radicale des efforts humanitaires, en mettant l’accent à la fois sur la quantité et la qualité, sur l’efficacité et sur l’accès. La nécessité de renforcer l'aide humanitaire a également été stipulée dans l'ordonnance de la Cour internationale de Justice qui a souligné qu'Israël doit prendre des mesures immédiates et efficaces pour faciliter les services de base et l'assistance humanitaire à la population de Gaza.
Alors que tous les efforts et les réalités sur le terrain poussent à fournir davantage d’aide, des inquiétudes croissantes naissent de la décision d’au moins 15 pays, dont les États-Unis, de suspendre le financement de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA). Cette décision a de graves répercussions dans une période de détresse humanitaire extrême.
L’UNRWA constitue la principale bouée de sauvetage pour près de 2 millions de Gazaouis et des millions de réfugiés palestiniens en Cisjordanie, en Jordanie, au Liban et en Syrie. Même si la Norvège reconnaît la gravité des allégations portées contre 12 membres du personnel de l'UNRWA à Gaza, sur un total de 13 000, nous saluons la décision de l'organisation d'enquêter. Une transparence totale est attendue. La Norvège maintient une politique de tolérance zéro pour de tels actes, soulignant que des millions de personnes ne devraient pas être collectivement punies pour les actes présumés de quelques-uns.
En tant que donateur majeur de l'UNRWA et président du groupe international de donateurs pour la Palestine, le Comité de liaison ad hoc (AHLC), la Norvège a décidé de maintenir son financement qui s'élevait à 45 millions de dollars l'année dernière et a déjà débloqué environ 26 millions de dollars ce mois-ci. L’organisation opère dans des conditions extrêmes et connaît d’importantes pertes matérielles et humaines, dont plus de 150 parmi ses collaborateurs tués. La Norvège reconnaît qu’elle ne peut pas soutenir seule ses opérations, avec quelques autres donateurs qui ont maintenu une position similaire, face aux horreurs à Gaza. La Norvège exhorte donc la communauté internationale, en particulier les pays qui ont suspendu ou gelé leur financement, à revenir sur leur décision. Cet appel souligne un engagement non seulement en faveur d’une mission humanitaire partagée mais également envers les réfugiés palestiniens en Cisjordanie, notamment à Jérusalem-Est, au Liban, en Syrie et en Jordanie.
Nous soulignons l’urgence et le caractère critique de la situation, dans la mesure où une cessation des paiements pourrait déstabiliser davantage une région déjà instable. Le Liban est particulièrement préoccupant, frappé par de multiples crises et confronté à un débordement du conflit jusqu'à sa frontière sud, avec plus de 170 morts et 86 000 déplacés.
La Norvège appelle à une transparence et à une responsabilité totale de la part de l'UNRWA, réitérant que la population de Gaza et les réfugiés palestiniens du Moyen-Orient ne devraient pas supporter le poids des transgressions individuelles. Abandonner le peuple palestinien n’est pas une option à ce moment critique. Pour souligner le soutien continu de la Norvège à l’UNRWA, moi et mes collègues de la région avons tous visité la semaine dernière un camp ou une institution de l’UNRWA. J’ai personnellement visité le camp de Dbayeh et sa communauté environnante. Soutenir l’UNRWA est plus important que jamais.
Par Martin Yttervik
Ambassadeur de Norvège au Liban
Il suffit de donner l'argent à l'agence pour les réfugiés de l' ONU. Pourquoi faire une différence entre un réfugié ukrainien ou syrien et un palestinien "dont le titre de réfugié est comme un titre de noblesse transmissible aux mâles" ?
17 h 29, le 22 février 2024