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Nos Lecteurs ont la Parole

Lettre d’un père à ses enfants... à chacun d’entre eux

C’est la fin de l’été et déjà commence l’automne de ma vie...

À vous mes enfants, à chacun, je voudrais dire cette aventure étonnante d’avoir été père.

En vous écrivant ce soir, je veux simplement inscrire dans un signe encore un peu de mon amour, je veux laisser dans une trace les offrandes et les demandes de vous en moi, de moi au profond de vous.

Le savez-vous ? Je vous ai portés pendant tant et tant d’années en moi, non pas à bout de bras, mais dans l’intime de ma chair, au creux de mon ventre et dans les labyrinthes douloureux de mon cœur. Vous étiez déposés dans mes pensées, dans mes peurs et dans mes soucis, dans mes projets aussi, dans mes enthousiasmes et dans mes rires.

Vous étiez présents dans les errances de mes amours, bien sûr. Et je vous ai gardés ainsi, longtemps, sans rien en dire, presque en cachette, tout au chaud, tout au fond de moi, vivants, entiers, pleins de tous vos possibles.

Vous m’habitiez, vous étiez cette part d’infini qui m’emmenait jusqu’aux étoiles.

Avec des mots-silences, je vous ai souvent parlé, parfois de façon folle et parfois avec trop de sérieux, dans ma tête pleine de projets, dans mon cœur rempli d’espérance, avec mes mains offrandes, j’inventais vos rêves. Avec mes yeux, je vous faisais des propositions inouïes, avec mes élans, je vous offrais le monde, avec mes émerveillements, je vous nourrissais la vie.

Dialogues muets, si denses, riches de tous mes espoirs et de mes désirs les plus scintillants.

Oui, j’ai eu du mal à vous lâcher, à me laisser grandir sans vous, à accepter cette solitude jamais dite d’être seulement votre père.

J’aurais tant voulu vous accompagner dans d’autres rôles, dans d’autres vies. J’aurais souhaité plus le présent ou créer plus encore le quotidien imprévisible.

La déchirure de vous perdre s’étire encore en moi comme un appel sans fin.

Et cependant, il était temps de vous laisser sortir de moi, de vous laisser aller, de vous laisser partir ailleurs, sans vous perdre aux horizons de la vie, de vous laisser enfin entrer dans le ventre étonnant de l’existence.

De tout cela, vous n’avez jamais rien su. Je suis resté un père trop silencieux, lointain par son travail, préoccupé des autres et en apparence de lui-même.

Aujourd’hui, vous êtes si loin, si proches, bientôt semblables – enfin – à vous-mêmes.

Avec toute ma tendresse apaisée, silencieuse et présente.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

C’est la fin de l’été et déjà commence l’automne de ma vie...À vous mes enfants, à chacun, je voudrais dire cette aventure étonnante d’avoir été père.En vous écrivant ce soir, je veux simplement inscrire dans un signe encore un peu de mon amour, je veux laisser dans une trace les offrandes et les demandes de vous en moi, de moi au profond de vous.Le savez-vous ? Je vous ai...

commentaires (1)

Vous avez écrit un texte très émouvant.

LEICK Philippe

23 h 21, le 05 février 2024

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Commentaires (1)

  • Vous avez écrit un texte très émouvant.

    LEICK Philippe

    23 h 21, le 05 février 2024

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