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Nos Lecteurs ont la Parole

L’étoile dans le tourbillon de la violence

Fêter Noël entre les explosions, voilà le cadeau que l’on réserve à tous les peuples opprimés où les salves d’obus meurtriers deviennent monnaie courante, ravageant des êtres, des terres, des rêves, des identités et toute une humanité. Voilà le cadeau de Noël que tous ceux qui détiennent le pouvoir, partout dans le monde, nous offre, sans qu’un dirigeant daigne protester contre une telle barbarie.

Quel contraste entre le symbole de la fête de la Nativité et les vents de haine qui soufflent sur beaucoup de pays dans le monde ! La naissance de Jésus à Bethléem ne figure-t-elle pas l’incarnation de l’espoir et la volonté divine de sauver l’homme en lui inculquant la notion de charité, base de ce que sera la discipline humaine ?

De ce message d’amour qui allait bouleverser la face du monde, qu’avons-nous fait de nos pays, sinon les trahir chaque jour, à l’image de Judas, avec une inconscience insolente et un aveuglement sans nom ! Le Messie sur terre, c’était la possibilité de la Rédemption, la grâce accordée aux hommes de bonne volonté de se retrouver dans l’amour de Dieu pour l’humanité.

Chaque peuple a le tort de croire que les autres finiront par les sortir du bourbier. Par indolence ou par instinct de conservation, nous pensons – non sans candeur – que notre salut nous échappe et qu’il incombe aux autres de venir nous sauver malgré nous.

Quelque grande que soit la responsabilité de ces puissances dans nos drames, si condamnable que puisse être leur indifférence à notre égard, nous sommes contraints d’être les artisans de notre propre salut. Quand les divers protagonistes, dans n’importe quel pays qu’il soit, se livrent entre eux à une guerre sans merci, quand le dialogue établi entre eux se déroule sur un fond de canonnades, il serait illusoire d’escompter une « aide charitable » ou de croire que d’autres États imposeraient une solution. Nous voulons nous cacher – tant la vérité est pénible – que nous sommes déchirés par des guerres à plusieurs facettes, religieuses, dogmatiques, sectaires... invoquant les prophètes sur nos terres rouges de sang et de violence.

Mettre les prophètes d’accord entre eux ne tente pas, ni un Occident ni un Orient, les deux démobilisés psychologiquement et pour qui le seul prophète valable est l’intérêt économique. Un regard attentif sur l’histoire récente indique que les guerres n’ont pu déboucher sur une victoire décisive, d’un camp sur l’autre, encore moins sur la paix des braves. N’est-il pas temps de recourir au dialogue puisque nous sommes tous condamnés à vivre ensemble, et, partant, à trouver les moyens les plus adéquats pour « gérer » la vie en commun ?

Il est vrai que, dans un contexte où les passions sont déchaînées, la logique de la raison est balayée par la logique des armes. La paix à laquelle chacun aspire du fond de son désespoir et de son isolement, qui peut encore nous la restituer au seuil de cette nouvelle année ? Nous nous mettons à rêver, à chaque Noël qui passe, que l’étoile de la paix finira par briller dans le firmament de notre nostalgie et nous sommes à chaque fois, mortellement déçus. La concorde entre les peuples est- elle une frontière inaccessible au point qu’elle est un souhait étrangement évanescent, étrangement douloureux ?

« Ici-bas, la douleur à la douleur s’enchaîne, le jour succède au jour, et la peine à la peine. »

Pour assurer l’égalité à tous, les grands pouvoirs ont inventé la guerre à outrance, oubliant que l’hostilité engendre l’hostilité et qu’il ne saurait y avoir une quelconque égalité quand celle-ci doit s’édifier sur le ressentiment, la peur et la haine.

« Il suffit qu’un seul homme en haïsse un autre, pour que la haine gagne de proche en proche l’humanité entière. » (Sartre)

Comprenons que la désunion est le tombeau des peuples. Comprenons que toute décomposition est signe annonciateur de la fin d’une nation. Comprenons aussi, que dispersés, nous serons éternellement voués à la précarité.

Il paraît que les mots faisaient masque pour une ruse de la conscience, qui tient à elle-même ce raisonnement : « Je dialogue pour duper l’autre, je négocie pour gagner du temps et non pour m’entendre avec mon interlocuteur. »

Stupide inflexibilité, comme si le chemin rugueux de l’irrédentisme pouvait constituer une solution ou une ébauche de solution ! À chaque fois, on voit émerger la vague de la haine, de la vindicte morbide, avec son sinistre cortège de morts, de blessés, de destructions. À chaque fois, nos pays sont plus meurtris, plus avilis, plus humiliés.

N’est-il pas temps que se fasse entendre la voix de la raison pour que les peuples aient enfin le droit à la vie et non à la mort ?

Ne sont-ils pas fatigués ces combattants du monde qui meurent en vain, qui luttent sans conviction et qui savent qu’aucune victoire n’est permise ?

« Ils meurent sans savoir pourquoi, ils meurent le visage dans la poussière, dans l’affreuse solitude des vivants. »


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Fêter Noël entre les explosions, voilà le cadeau que l’on réserve à tous les peuples opprimés où les salves d’obus meurtriers deviennent monnaie courante, ravageant des êtres, des terres, des rêves, des identités et toute une humanité. Voilà le cadeau de Noël que tous ceux qui détiennent le pouvoir, partout dans le monde, nous offre, sans qu’un dirigeant daigne protester...

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