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Nos Lecteurs ont la Parole

En raison des événements, le mot impossible est redevenu français

En 1939, le délicat écrivain Jean Giraudoux, diplomate de carrière, est nommé commissaire à l’Information, à une époque où l’information se confond avec la propagande. Il se heurtera, dès le début, à l’incompétence des services officiels, à l’anarchie administrative et, parfois, à la médiocrité de ses collaborateurs comme de ses supérieurs. Nul écrivain mieux que lui ne semblait être fait pourtant pour défendre et illustrer cet esprit français qui donne un accent si particulier à toute son œuvre. Plein de dépit, il songe un jour à faire placarder sur les murs cette affiche : « En raison des événements, le mot impossible est redevenu français ».

Effectivement, il est impossible de penser, quelque 80 ans plus tard, que le monde d’aujourd’hui suit le même chemin que jadis les belligérants d’hier ont suivi et ont mené le monde à la Seconde Guerre mondiale. Il est impossible de voir des pays mener une lutte sans merci quand l’un ou plusieurs d’entre eux avaient subi les exactions, les exodes et les multiples massacres dans le monde. Il suffit de donner un exemple : le massacre des juifs.

Impossible d’oublier les massacres de Treblinka, de Rawa Ruska, d’Auschwitz, et j’en passe. Mais le soulèvement du ghetto de Varsovie reste dans les mémoires.

Le 19 avril 1943, ce qui restait du ghetto de Varsovie se souleva contre les SS. En un mois, presque tous ceux qui avaient survécu à trois ans de souffrances dans le principal ghetto de la Pologne occupée moururent dans « l’honneur », comme ils l’avaient voulu. Ce fut là un acte de défi collectif rare chez un peuple dont l’habileté traditionnelle à survivre aux pires tragédies venait d’être mise à rude épreuve.

Après l’invasion de la Pologne par les Allemands, les juifs avaient été parqués dans des ghettos artificiels répartis sur l’ensemble du territoire. Il s’agissait là de la première étape de la « solution finale », esquissée par Hitler vingt ans plus tôt dans Mein Kampf.

À l’automne de 1940, on entoura le quartier juif de Varsovie, secteur de quelques kilomètres carrés à l’ouest de la Vistule, d’un mur et d’un réseau de barbelés. 433 000 juifs, pour la plupart sans toit ni attaches dans la capitale, furent parqués là, coupés du monde extérieur, dans l’attente d’un sort que peu d’entre eux connaissaient et qu’un plus petit nombre encore croyait possible.

C’est à ce moment que Himmler ordonna la destruction du ghetto.

À l’aube du 19 avril, veille de la Pâque juive, fête de la liberté et du retour à la vie, les Allemands cernèrent le ghetto. L’Organisation de combat juive proclama l’état d’alerte. À 6 heures, les SS entrèrent. À l’étonnement des Allemands, leur premier assaut se heurte au barrage d’un tir d’armes portatives, de grenades et de bombes bricolées tellement primitives qu’il fallait une allumette pour y mettre le feu. Les Allemands se replièrent. Les juifs furent transportés d’enthousiasme : le sang allemand se mélangeait enfin au leur dans les rues de Varsovie.

Après les deux premières semaines, les Allemands constatèrent qu’il leur était de plus en plus difficile de capturer leur contingent de juifs. Les gens qu’ils qualifiaient au début, avec mépris, de « lâches congénitaux », ils en venaient à leur accorder un respect hargneux. Il est impossible de ne pas prévoir ce que serait la fin du ghetto de Varsovie : l’officier en charge de la destruction déclara à ses supérieurs : « Le ghetto de Varsovie n’existe plus. » Une fois de plus, l’ordre régnait à Varsovie.

Il est impossible de ne pas comparer le ghetto de Varsovie à celui de Gaza. Oui, Gaza est devenu un ghetto. Cernés de toutes parts, les Palestiniens résistent, comme les juifs de Varsovie. Aujourd’hui, de jeunes troufions, acteurs ou témoins d’exactions aussi cruelles qu’ineptes infligées aux civils palestiniens, femmes et enfants compris, brisent l’omerta, sans compter des jeunes loups, des présidents de pays, d’anciens admirateurs de l’État d’Israël qui montent au créneau et crient leur douleur à la vue des images transmises à la télévision et sur le web.

L’échec cuisant de l’offensive lancée pendant l’été 2006 contre le Hezbollah au Sud-Liban a, bien sûr, terni l’aura de Tsahal, mais plus encore celle, déjà bien pâle, d’un pouvoir civil velléitaire et indolent. Aujourd’hui, il serait si facile de brandir tel un talisman l’inusable formule qui élève et réduit l’État juif au rang de miracle inexplicable surgi d’une indicible barbarie. Entre léthargie et cynisme, ils savouraient l’illusion de quiétude que procure le mur, la clôture de sécurité censée, sur 650 kilomètres, isoler les Israéliens des Palestiniens. Gaza sombre dans la misère, le chaos, le sang ? On piétine les droits de l’homme ? Tout le monde s’en moquait, mais pas aujourd’hui. Comme les Israéliens, les Gazaouis ont le droit de vivre en paix et de penser qu’un jour, ils pourront, avec leurs frères de Cisjordanie, établir un État palestinien en bonne et due forme à côté de l’État d’Israël et où la violence cessera de causer des malheurs dans les deux pays.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

En 1939, le délicat écrivain Jean Giraudoux, diplomate de carrière, est nommé commissaire à l’Information, à une époque où l’information se confond avec la propagande. Il se heurtera, dès le début, à l’incompétence des services officiels, à l’anarchie administrative et, parfois, à la médiocrité de ses collaborateurs comme de ses supérieurs. Nul écrivain mieux que lui ne...

commentaires (1)

Les sionistes font la même chose que les SS mais nous sommes au 21eme siècle mais Israel , le Hamas et le Hezbollah n’ont pas compris

Eleni Caridopoulou

20 h 08, le 16 novembre 2023

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Commentaires (1)

  • Les sionistes font la même chose que les SS mais nous sommes au 21eme siècle mais Israel , le Hamas et le Hezbollah n’ont pas compris

    Eleni Caridopoulou

    20 h 08, le 16 novembre 2023

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