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Société - Focus

Les ruines de Baalbeck restent bien sous protection internationale

Malgré le retrait d’un des « boucliers bleus » de la citadelle sur demande du ministre sortant de la Culture Mohammad Mortada jeudi, le site est toujours protégé par la Convention internationale sur la préservation des biens culturels en temps de guerre.

Les ruines de Baalbeck restent bien sous protection internationale

Les vestiges de l’époque gréco-romaine à Baalbeck. Photo J.R.B.

Un simple tweet aura suffi à semer le doute sur plus de 1 800 ans d’histoire. En annonçant, dans un communiqué publié jeudi sur X (ex-Twitter), sa décision d’ôter « l’emblème du bouclier bleu (Blue Shield) posé sur le mur de la citadelle de Baalbeck », Mohammad Mortada, le ministre sortant de la Culture, a provoqué un léger vent de panique au-dessus du plus célèbre site archéologique du pays du Cèdre.

Car, dans un contexte de guerre aux portes du Liban, le conflit entre le Hamas et Israël depuis le 7 octobre dernier ayant fortement ravivé les tensions au Liban-Sud où Hezbollah et armée israélienne échangent des tirs quotidiennement, cette décision a laissé supposer que les ruines romaines se retrouvaient sans protection juridique contre d’éventuels dommages causés par un retour de la guerre sur le sol libanais.

« Les atrocités commises à Gaza ont prouvé qu'un tel « bouclier » ne protège rien », a justifié le ministre sortant dans son tweet. Et d’ajouter : « Ce qui protège le Liban, son peuple et ses biens privés et publics, c'est notre vaillante armée et la résistance », soit le Hezbollah, dont le ministre sortant est proche. Le sigle en question avait été retiré quelques minutes auparavant par des employés du site. Contacté par L’OLJ à ce sujet, le ministère n’a pas donné suite à nos sollicitations.

Un bouclier parmi d’autres

Sauf que cette plaque de 5 mètres sur 3 installée sur l’un des murs extérieurs de l’enceinte de la citadelle n’est en réalité qu’un signe parmi tant d’autres de l’égide internationale sous laquelle se trouve le patrimoine libanais. « Cela ne change rien, le site reste entièrement protégé », atteste Joanne Farchakh Bajjaly, archéologue et membre de Baladi, une ONG de protection du patrimoine libanais. « Ce qui a été enlevé, c’est le grand sigle que nous avions récemment placé sur le mur d’enceinte. Mais il y a toujours une autre plaque, plus petite, qui se trouve à l’entrée du site, sans parler de toutes celles qui sont disséminées à l’intérieur », détaille celle qui fait également partie du comité Blue Shield qu'elle a créé en 2015.

Le « Blue Shield » visible sur le mur d’enceinte de la citadelle de Baalbeck avant son retrait. Photo tirée du compte X du ministre sortant Mohammad Mortada.

Ces petits sigles que l’on peut apercevoir ici et là en se promenant d’un bout à l’autre des anciens temples de Jupiter et de Bacchus attestent en pratique de la bonne application de la convention de La Haye. Promulguée en 1954 par l’Unesco, celle-ci encadre « la protection des biens culturels en cas de conflit armé » et a pour vocation d’attirer l’attention des belligérants sur leur obligation d’épargner les sites archéologiques, tout comme les musées, y compris lors des guerres civiles.

Parmi les dispositions prévues par ce texte de loi signé par 82 États, on retrouve notamment l’obligation de « marquer certains bâtiments et monuments importants d’un signe distinctif ». Un signe représenté par ce fameux bouclier bleu, appelé Blue Shield à l’international, comme cela a été déterminé par le deuxième protocole de la convention émis en 1999 et ratifié par le Parlement libanais en 2019.

22 sites protégés au Liban

Cette démarche n’a toutefois jamais été menée par Israël, au contraire par exemple de l’Autorité palestinienne qui a adopté le protocole de la convention en 2012. Cela explique en partie pourquoi l’État hébreu n’a jamais été sanctionné pour les dégâts causés au cours de la guerre de 2006, lors de laquelle plusieurs sites patrimoniaux du Liban-Sud avaient été endommagés par les bombardements de l’aviation israélienne. « Seuls des sites mineurs avaient été touchés à l’époque », note Joanne Farchakh Bajjaly, qui ajoute que nombre d’entre eux étaient également protégés par ces boucliers dès 1982, notamment à Tyr et à Saïda, en pleine guerre civile.

« Aujourd’hui, ces Blue Shields sont présents sur 22 sites archéologiques au Liban, abonde-t-elle. Leur mise en place s’est faite en partenariat avec le ministère de la Culture et l’armée libanaise, dont certaines unités ont pu bénéficier d'une formation sur la protection des biens culturels en compagnie de celles de la Finul. »

Après ce nouveau coup d’éclat inexplicable du ministre sortant Mortada, aucun autre démantèlement d’insignes onusiennes ne devrait avoir lieu. « Selon nos informations, les emblèmes existants sur le territoire libanais avant le début de la crise devraient rester en place », assure Joanne Farchakh Bajjaly. En espérant que l'envie de susciter des levées de boucliers passera au plus grand nombre.

Un simple tweet aura suffi à semer le doute sur plus de 1 800 ans d’histoire. En annonçant, dans un communiqué publié jeudi sur X (ex-Twitter), sa décision d’ôter « l’emblème du bouclier bleu (Blue Shield) posé sur le mur de la citadelle de Baalbeck », Mohammad Mortada, le ministre sortant de la Culture, a provoqué un léger vent de panique au-dessus du plus célèbre site...

commentaires (5)

C’est le sinistre de la culture ce mec.

Sissi zayyat

14 h 04, le 05 novembre 2023

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Commentaires (5)

  • C’est le sinistre de la culture ce mec.

    Sissi zayyat

    14 h 04, le 05 novembre 2023

  • C’est facile de débiter des conneries et se mettre aux abonnés absents refusant de les justifier. Un ministre est par définition au service du peuple et à le devoir de répondre aux questions du peuple via les médias. Alors pourquoi refuse t-il leurs sollicitations pour s’expliquer? Le HB qui l’a placé à ce ministère, a-t-il l’intention d’installer des Landes-missiles pour le protéger par hasard? Ont ils l’intention d’enlever l’emblème du cèdre sur notre drapeau pour le remplacer par un des leurs bientôt? Et puis quoi encore? Il est est l’oblige de ce parti vendu et ne s’en cache plus. Quel désastre que ce pays.

    Sissi zayyat

    11 h 19, le 05 novembre 2023

  • Ministre de l’inculture.

    Murad Mazen

    19 h 47, le 04 novembre 2023

  • Vous devriez écrire ministre de l'inculture sortant.

    Brunet Odile

    00 h 58, le 04 novembre 2023

  • Si le bouclier bleu ne sert à rien, pourquoi l;avoir mis et le maintemir sur les autres sites? S'il sert à quelque chose, pouquoi l'avoir enlevé? On attend une explicatin du ministre.

    Yves Prevost

    22 h 14, le 03 novembre 2023

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