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Société - Focus

Quand les internautes utilisent l’intelligence artificielle pour rendre la guerre Hamas-Israël plus esthétique

Depuis le 7 octobre, les images de la guerre dans la bande de Gaza affluent sur les réseaux sociaux. Si la plupart sont prises par des photojournalistes ou des habitants sur place, d’autres sont générées par intelligence artificielle, et distinguer les deux est un travail de plus en plus subtil.

Quand les internautes utilisent l’intelligence artificielle pour rendre la guerre Hamas-Israël plus esthétique

Photo générée par intelligence artificielle circulant sur les réseaux sociaux.

Sur l’image, on voit un père, un enfant sur les genoux et deux petites filles à ses côtés. Grand sourire, serrés l’un contre l’autre, tous se regardent avec amour. Un portrait de famille classique en somme. À une chose près : en guise de décor, les décombres de Gaza, bombardée par l’armée israélienne depuis l’offensive du Hamas le 7 octobre. Cette photo circule depuis un peu plus d’une semaine sur les réseaux sociaux et les groupes WhatsApp munie de la notice habituelle « Transféré de nombreuses fois », rendant quasi impossible de remonter à la source. Le message est accompagné du texte suivant : « Regardez l’esprit incroyablement fort dans leurs sourires magiques, défiant le génocide israélien contre eux. Un tel peuple ne partira jamais, ne sera jamais vaincu et ne disparaîtra jamais. Voici la photo du siècle. »

Sauf que la « photo du siècle » en question est générée par une intelligence artificielle. Les images réelles et actuelles de Gaza ne manquent pourtant pas. On y voit de la poussière, du sang, des larmes, des corps démembrés ou calcinés. On n’y voit pas de sourires. Pourtant, les images générées par intelligence artificielle sur ce conflit pullulent sur les réseaux sociaux. Si ce phénomène n’est pas nouveau, ce qui semble l’être, en revanche, est que certaines de ces images artificielles, créées et diffusées par des internautes lambda, promeuvent une sorte de version « propre » du drame, soit une version sans larmes ni sang. Certes, la scène se déroule dans des ruines. Certes, certains visages sont couverts de suie et de poussière. Mais sur ces photos, les visages sont souriants, comme pour diffuser un certain espoir.

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Comment expliquer ce besoin d’une esthétique policée, qui n’est pas sans rappeler, dans certains de ses aspects, des codes marketing, dans un contexte d’une réalité atroce ?

Au service de l’espoir et de l’alter-réalité

« J’ai trouvé que c’était beau photographiquement », dit Carla, tombée dans le piège d’une autre de ces photos, partagée sur Instagram par un de ses contacts. « On passe très rapidement sur les fils d’actualité de nos réseaux sociaux qu’on ne prend pas le temps de bien regarder, » poursuit-elle. Si les images « trafiquées » et leur utilisation dans des campagnes de « désinformation » dans des contextes de guerre ne sont pas nouvelles, la technique a aujourd’hui atteint des sommets que l’éducation numérique n’arrive pas à suivre. « Les images générées par l’IA ont considérablement évolué en seulement quelques années. Dans le passé, elles étaient faciles à repérer comme des contrefaçons, présentant des caractéristiques telles que des doigts supplémentaires ou des proportions inhabituelles », explique Ayse Lokmanoglu, professeur de communication à l’université de Clemson.

Photo générée par intelligence artificielle circulant sur les réseaux sociaux.

« Peu importe qu’elle soit générée par intelligence artificielle, ce qui est important est son symbolisme. Malgré les bombardements, malgré tout ce que l’on fait subir à ces enfants, ils refusent de se laisser vaincre », dit Ziad, en commentant une photo générée par intelligence artificielle qu’il avait partagée sur son fil Instagram le 21 octobre. Sur la photo, trois enfants aux traits presque illustrés, couverts de poussière mais souriants, l’un d’eux arborant « fièrement » un drapeau palestinien. Le tout sur un fond de ruines. Si certains de ses followers n’avaient pas repéré la nature artificielle de cette photo, Ziad, lui, dit avoir fait le choix de la partager en connaissance de cause.

Sur le fil de la photo, une commentatrice écrit : « Une photo tellement incroyable ! Elle porte tellement de signification. J’espère que leurs parents s’en sont sortis sains et saufs. » « Ces images me rappellent la manière dont l’État islamique avait l’habitude de présenter ses soldats, tout sourire, essayant de transmettre un sentiment de résilience et d’espoir », explique Ayse Lokmanoglu. « Aujourd’hui, les gens veulent diffuser cette chaleur et cette positivité qu’ils veulent voir émaner de Gaza, même si cela ne reflète pas l’événement réel, continue-t-elle. C’est un peu comme partager une photo d’une fleur qui pousse à travers du béton. »

De l’importance de l’éducation numérique

Les intelligences artificielles créent ce type d’images en se basant sur d’autres déjà existantes. « Ces images sont souvent collectées sur internet, y compris les réseaux sociaux, les publicités et même des extraits de productions culturelles disponibles en ligne », explique Assia Wirth, doctorante à l’Université Paris-Saclay travaillant sur l’IA appliquée au traitement de l’image. « Les images générées reflètent les codes visuels présents dans ce matériel d’entraînement, qui sont souvent mises en scène et retouchées. On y retrouve donc le sourire, le cadrage, la composition, etc., dont les codes sont aujourd’hui bien définis », continue-t-elle.

Quand elles sont utilisées pour raconter une version alternative de la réalité, ces images relèvent plus de la communication que du partage d’informations. Le mélange des genres, dans une séquence d’actualité bien marquée, comme la guerre entre Israël et le Hamas, n’est pas sans danger. « Ces images nous éloignent des conflits réels, ce qui rend difficile une réaction appropriée. Lorsque nous réagissons à de telles images, nous répondons à l’agenda de quelqu’un d’autre, et non à la vérité de la situation », souligne Ayse Lokmanoglu.

Si aujourd’hui les moyens techniques de vérification ne sont pas toujours directement disponibles, il est « essentiel que tout le monde prenne conscience de l’importance de l’éducation numérique pour comprendre les conséquences de partager des images générées par l’IA en ligne », exprime Assia Wirth. « Il est nécessaire de développer des compétences de lecture critique pour repérer les signes de manipulation dans ces images, continue-t-elle. De nos jours, nous sommes encore loin d’avoir une vision critique appropriée des images partagées sur les réseaux sociaux. »

Sur l’image, on voit un père, un enfant sur les genoux et deux petites filles à ses côtés. Grand sourire, serrés l’un contre l’autre, tous se regardent avec amour. Un portrait de famille classique en somme. À une chose près : en guise de décor, les décombres de Gaza, bombardée par l’armée israélienne depuis l’offensive du Hamas le 7 octobre. Cette photo circule depuis un peu...

commentaires (3)

J,AI RECU UNE VIDEO EN TEMPS REEL DONT L,HORREUR EST TELLE QUE CELUI QUI A DES NERFS D,ACIER LES PERDRA ET PLEURERA MALGRE LUI. DES PALESTINIENS, FEMMES NUES COMPLETEMENT VIOLEES ET AUX MAMELLES MORDUES OU ENTAILLEES AU COUTEAU, DES ENFANTS PAR TERRE AGONISANTS ET EN SURBRESSAUX D,AGONIE ET DES HOMMES DE MEME, AU TOTAL PLUS D,UNE QUINZAINES DE PERSONNES, PRISES PAR LES PIEDS PAR LES SOLDATS ISRAELIENS ET LES TRAINANT PAR TERRE POUR LES CACHER DES REGARDS. LA VIDEO ? UNE SEULE EXPLICATION PROBABLE. PRISES PAR LES CRIMINELS ET VENDUE A QUELQUE REPORTER PRESENT SUR LES LIEUX. UN DOUTE PERSISTE MAIS LES FAITS SONT VRAIS. ILS NE SONT PAS DES TERRORISTES MAIS DES BOUCHERS DE LA PIRE ESPECE.

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 35, le 05 novembre 2023

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Commentaires (3)

  • J,AI RECU UNE VIDEO EN TEMPS REEL DONT L,HORREUR EST TELLE QUE CELUI QUI A DES NERFS D,ACIER LES PERDRA ET PLEURERA MALGRE LUI. DES PALESTINIENS, FEMMES NUES COMPLETEMENT VIOLEES ET AUX MAMELLES MORDUES OU ENTAILLEES AU COUTEAU, DES ENFANTS PAR TERRE AGONISANTS ET EN SURBRESSAUX D,AGONIE ET DES HOMMES DE MEME, AU TOTAL PLUS D,UNE QUINZAINES DE PERSONNES, PRISES PAR LES PIEDS PAR LES SOLDATS ISRAELIENS ET LES TRAINANT PAR TERRE POUR LES CACHER DES REGARDS. LA VIDEO ? UNE SEULE EXPLICATION PROBABLE. PRISES PAR LES CRIMINELS ET VENDUE A QUELQUE REPORTER PRESENT SUR LES LIEUX. UN DOUTE PERSISTE MAIS LES FAITS SONT VRAIS. ILS NE SONT PAS DES TERRORISTES MAIS DES BOUCHERS DE LA PIRE ESPECE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 35, le 05 novembre 2023

  • Cela n’empêche pas de voir d’un autre côté la réalités des atrocités commises par les nazionistes.

    Mohamed Melhem

    06 h 27, le 05 novembre 2023

  • La guerre est sale. La guerre est laide. La guerre est porteuse de soufrances, de sang et de larmes. Quelqu'en soient les motivations, l'intelligence artificielle nous donne des images mensongeres qui ne font que justifier l'injustifiable.

    Michel Trad

    23 h 30, le 04 novembre 2023

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