Mikati et Joseph Aoun à la frontière sud : Le Liban s’engage au respect de la 1701

Lors d’une visite surprise riche en symboles au Liban-Sud, fief du Hezbollah, le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, et le commandant en chef de l’armée Joseph Aoun ont souligné mardi l’engagement du Liban en faveur de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui a mis fin à la guerre de 2006 entre le Hezbollah et Israël et consacré la seule présence de l’armée sur l’ensemble du territoire libanais. Ces assurances interviennent alors que les affrontements quotidiens entre Israël et le parti chiite, déclenchés dans la foulée de l’attaque de son allié du Hamas contre Israël le 7 octobre, ont gagné en intensité au fil des jours, faisant peser la crainte de l’embrasement d’un second front.

L'édito de Issa GORAIEB

La French correction

Lors de sa tournée à la frontière, M. Mikati a souligné l’engagement du pays « à mettre en œuvre la résolution 1701 » qui demande au gouvernement libanais d’étendre son autorité sur tout le territoire national, ainsi que le désarmement du parti chiite. Si depuis la guerre de 2006 le Hezbollah n’a aucune présence militaire visible à la frontière sud, conformément à la résolution, des experts font état de tunnels et tranchées creusés par le mouvement dans la région et par lesquels circulent ses membres. M. Mikati s’est notamment rendu au siège de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), à Naqoura, aux côtés du général Joseph Aoun. « Notre présence ici aujourd’hui est un message éloquent affirmant que vous êtes la base pour protéger la nation », a-t-il déclaré à l’adresse du patron de la troupe. Il a également déploré le fait que le Sud « paie aujourd’hui, comme toujours, le prix de la défense de l’ensemble du territoire national contre une entité usurpatrice qui ne connaît pas la pitié ». M. Mikati s’était rendu plus tôt dans la journée dans une caserne de l’armée à Tyr, où il avait été accueilli par le général Aoun. Ce dernier a de son côté souligné que « la défense du Liban est un devoir naturel et légitime pour l’armée face aux dangers qui le menacent, notamment l’ennemi israélien ». Il a également assuré que « l’institution militaire suit l’évolution de la situation et reste prête à la frontière sud ». Joseph Aoun a enfin souligné la « nécessité de maintenir une coordination étroite entre l’armée et la Finul dans le cadre de la résolution 1701 ».

Sur le plan diplomatique, le président français, Emmanuel Macron, a appelé mardi « le Hezbollah, le régime iranien, les houthis au Yémen » à « ne pas prendre le risque inconsidéré d’ouvrir de nouveaux fronts ». Lors d’une visite en Israël, M. Macron a dit redouter « une conflagration régionale dont chacun sortirait perdant ». Quant au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, il a de nouveau averti que « si le Hezbollah intervient (dans le conflit), la dévastation sera inimaginable », selon l’agence Reuters.

47 morts déjà...

Sur le terrain, après une journée relativement calme, un regain de tension a été signalé en soirée à la frontière sud. Les villages de Naqoura et Rmeich ont été bombardés par l’armée israélienne, a indiqué un porte-parole de la Finul à L’Orient-Le Jour. Une école publique du primaire dans le village de Aïta al-Chaab a également été la cible d’un bombardement israélien qui n’a toutefois fait aucune victime, a confirmé le président du conseil municipal du village, Mohammad Srour, à notre publication.

L’armée israélienne a aussi bombardé une zone située entre Houla et Maïss el-Jabal, a confirmé une source de l’armée libanaise à notre journal. En milieu d’après-midi, un drone a tiré trois missiles entre les localités de Hebbariyé et de Chebaa, dans le caza de Hasbaya, selon une source sécuritaire haut placée qui n’a pas fourni plus de précision sur l’origine du drone ou ses cibles. Mais au cours de la même heure, la chaîne du Hezbollah al-Manar a rapporté qu’Israël avait tiré 4 missiles dans une zone située au nord de la ville de Kfarchouba, dans la même région.

Le Haaretz a rapporté pour sa part que l’armée israélienne avait attaqué une unité de militants dans la région du mont Dov, le long de la frontière libanaise. « Les avions israéliens ont attaqué des militants libanais dans la région du mont Dov et ont détruit leurs armes », écrit le site d’information israélien. Des missiles antichars en provenance du Liban ont été tirés en direction de la localité de Manara, dans le nord d’Israël, mais aucune victime n’est à déplorer, ajoute le Haaretz. L’armée israélienne a riposté par des tirs d’artillerie en direction de la source des tirs.

Les hostilités ont fait jusqu’ici 47 morts au Liban, dont 36 combattants du Hezbollah. Quatre personnes, dont un civil, ont été tuées côté israélien.