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Politique - Focus

Les antiennes de la radio du Hezbollah

« L’Orient-Le Jour » a suivi durant plusieurs jours les programmes de la radio al-Nour, affiliée au Hezbollah. 

Les antiennes de la radio du Hezbollah

Capture d'écran

Les prières de l’aube et les chants traînants en persan ont laissé la place à des airs de la résistance appelant à marcher vers Jérusalem. « Nous sommes la Palestine », tonitruent des hommes à la voix grave accompagnés de tambours. Il est temps de réveiller les troupes. Depuis le 7 octobre, sur les ondes de Radio al-Nour, média affilié au Hezbollah, il n’y en a que pour un seul goût. Actualité oblige, tous les programmes ne tournent plus qu’autour de l’opération du Hamas contre Israël, une édition spéciale Déluge d’al-Aqsa ayant même été créée.

Sur les ondes d’al-Nour, l’attention se concentre principalement sur Gaza, le chef du parti Hassan Nasrallah ne s’étant toujours pas prononcé sur l’ouverture éventuelle d’un front depuis le Liban. « Nous prierons bientôt à Jérusalem », du chanteur bahreïni Hussein al-Akhraf, passe en boucle jour après jour comme une antienne. Les interviews avec des membres du Hamas ou des figures intellectuelles palestiniennes et des reportages en direct depuis Gaza se succèdent, donnant l’opportunité aux auditeurs d’afficher leur soutien inconditionnel. Durant quelques secondes ou minutes d’antenne, chacun est là pour vider son sac. Il y a ceux, d’abord, qui veulent partager quelques vers en hommage à Gaza, ceux, nombreux, qui saluent la résistance palestinienne et libanaise. Il y a Abdallah S. qui appelle sans cesse. Abou Ali, lui, dit que ça fait longtemps qu’il n’a pas appelé : « Bonjour Gaza. Comme l’a dit le Sayyed (Hassan Nasrallah), on va les faire payer. Comment il s’appelle déjà celui qui ressemble à un singe ? Gantz ? » La journaliste souffle. Hussein de la Békaa salue la résistance et demande aux chrétiens « d’être solidaires avec les enfants de Gaza ». Jaafar, de la banlieue sud, qui prévient de ne pas le couper « parce qu’il en a gros sur le cœur » après avoir vu les images des enfants tués à l’hôpital al-Ahli, le 17 octobre.

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Entre une analyse ou un décryptage, les flashs info de Ali Cheaib viennent apporter des nouvelles des derniers combats à la frontière libanaise. Les noms de jeunes soldats de l’ombre, Mahdi, Ali, Bilal ou Mohammad, tombés au combat contre « l’ennemi sionniste » ces dix derniers jours à la frontière, sont égrenés sur un ton solennel. Près de 40 d’entre eux ont été décomptés à ce jour. Un appel aux dons en faveur de la résistance passe aussi de temps en temps. « Vous pouvez donner ce que vous voulez. De l’argent, des produits », explique-t-on au bout du fil, au bureau beyrouthin comme à celui du Sud. Les publicités pour de la lessive, des sommiers ou des produits « 100 % européens » se faufilent entre deux diatribes contre l’Occident.

Et il y a ces auditeurs, très nombreux, qui font part de leur empressement. « Eh ! oui, vous êtes nombreux à vous demander pourquoi le Hezbollah n’est pas encore entré dans la bataille », résume-t-on en studio. Comme Mohammad qui ne pense qu’à « y aller ». « Sois patient, lui répond-on, il faut attendre la décision de la “direction”. » Ali, de Kfar Kila, village frontalier qui a subi des bombardements, trépigne en guettant le « mot d’ordre du Sayyed ». Tout comme Hussein, prêt à donner « jusqu’à sa dernière goutte de sang »...

Dans ce temple de la voix unique, une présentatrice et un expert s’attardent, une après-midi, sur une question cruciale : comment ne pas tomber dans la propagande qui circule sur les réseaux sociaux ? « Faites très attention. Vous ne devez vous fier qu’à des sites de confiance, comme ceux du Hezbollah », avertit la jeune femme. « Absolument, renchérit l’expert, vérifiez bien vos sources. Et puis n’oubliez pas qu’il faut combler le vide sur les réseaux, il faut publier un maximum pour lutter contre les médias mainstream, pour atteindre les Occidentaux, et même le public arabe qui s’est longtemps fourvoyé. » Hussein, un auditeur du Sud, appelle ses « frères » à partager le plus possible de contenu sur Gaza, suivi de Ali, du Sud aussi, qui estime qu’on peut aussi « combattre autrement qu’avec les armes, en formant une armée électronique ». « Fuyez la BBC ou CNN, ils sont à la solde des occupants », dénonce un troisième.

– « Radio al-Nour, notre meilleur porte-voix », lance un fan.

– Nous sommes la parole de la justice.

– Vous êtes les combattants secrets. Merci pour votre voix libre.

Les prières de l’aube et les chants traînants en persan ont laissé la place à des airs de la résistance appelant à marcher vers Jérusalem. « Nous sommes la Palestine », tonitruent des hommes à la voix grave accompagnés de tambours. Il est temps de réveiller les troupes. Depuis le 7 octobre, sur les ondes de Radio al-Nour, média affilié au Hezbollah, il n’y en a que pour un seul...
commentaires (4)

Ils veulent aller prier à Jérusalem? Qu'ils y aillent. Qui les en empêchent? Pas besoin de GPS : Mode d'emploi ? : Ils prennent l'avion à partir de Chypre ( par exemple) . Direction Israel. Une fois sur place? ils prennent un taxi vers là où ils veulent prier ( du moins, on suppose ...parce que c'est ainsi que cela fonctionne dans tous les pays du monde). Donc qu'ils arrêtent de nous saouler avec leurs prières là bas. Pas besoin de tuer la moitié de la population de Gaza, d'embarquer d'autres pays dans des guerres et de kidnapper des civils pour aller prier !!!!! Il existe des moyens plus civilisés, plus rapides et plus pacifiques pour prier. Bonne journée.

LE FRANCOPHONE

12 h 56, le 25 octobre 2023

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Commentaires (4)

  • Ils veulent aller prier à Jérusalem? Qu'ils y aillent. Qui les en empêchent? Pas besoin de GPS : Mode d'emploi ? : Ils prennent l'avion à partir de Chypre ( par exemple) . Direction Israel. Une fois sur place? ils prennent un taxi vers là où ils veulent prier ( du moins, on suppose ...parce que c'est ainsi que cela fonctionne dans tous les pays du monde). Donc qu'ils arrêtent de nous saouler avec leurs prières là bas. Pas besoin de tuer la moitié de la population de Gaza, d'embarquer d'autres pays dans des guerres et de kidnapper des civils pour aller prier !!!!! Il existe des moyens plus civilisés, plus rapides et plus pacifiques pour prier. Bonne journée.

    LE FRANCOPHONE

    12 h 56, le 25 octobre 2023

  • Qu'ils y aillent tous avec la fleur au fusil. C'est toujours avantageux de voir les ennemis du pays s’étriller et saigner a blanc. Cela permettra enfin au pays de se relever.

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    09 h 15, le 25 octobre 2023

  • "Solidaire avec les enfants de Gaza"? Oui, bien sûr! Mais aussi avec ceux de Be’eri et de Kfar Aza, dont Al Nur se garde bien de faire mention.

    Yves Prevost

    07 h 23, le 25 octobre 2023

  • Bonne initiative du journal. Le lavage de cerveau est une arme redoutable.

    Goraieb Nada

    07 h 20, le 25 octobre 2023

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