
Des réfugiés syriens s'apprêtant à rentrer en Syrie dans le cadre d'un rapatriement organisé par la Sûreté générale libanaise à Ersal, le 14 mai 2024. Photo Mohammad Yassine / L'Orient-Le Jour
Le ministre libanais sortant des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, a convoqué lundi matin le représentant du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés au Liban (HCR), Ivo Freisjen, après l'envoi par ce dernier d'une lettre polémique au ministre de l'Intérieur concernant la question des réfugiés et migrants syriens, qui déchaîne les passions et l'opinion publique depuis plusieurs semaines. Au cours de cette convocation, le chef de la diplomatie libanaise a appelé M. Freisjen et le HCR à ne pas « s'ingérer » dans des questions liées à la souveraineté du Liban, à remettre la liste des bénéficiaires syriens de l'agence et à respecter le protocole d'entente signé en 2003 entre le HCR et la Sûreté générale. Ce dernier service est chargée au Liban de traiter les dossiers des personnes étrangères et de leur octroyer, ou non, des permis de séjour.
Dans un communiqué publié à l'issue de l'entrevue, Abdallah Bou Habib a indiqué que la lettre envoyée par Ivo Freisjen à Bassam Maoulaoui, le ministre sortant de l'Intérieur, était désormais considérée comme « nulle et non avenue ». Dans cette missive, le responsable onusien manifestait son opposition à une série de « mesures inhumaines » décidées par les autorités pour sévir contre les Syriens vivant clandestinement au Liban. Il avait notamment dénoncé le rôle joué par les municipalités dans la mise en œuvre des décisions du ministère de l'Intérieur, visant à vérifier les papiers des Syriens vivant dans des habitations situées dans les territoires dépendant de chaque municipalité, et à fermer les commerces et entreprises tenus par des réfugiés syriens en situation irrégulière.
L'accord de 2003
Abdallah Bou Habib a aussi critiqué le fait que le HCR a adressé cette missive directement au ministre sortant de l'Intérieur alors que le palais Bustros devrait être « l'intermédiaire obligatoire » de toute correspondance entre l'agence de l'ONU et l'administration libanaise. Il a en outre appelé le HCR à « ne pas s'ingérer dans les pouvoirs souverains du Liban et à respecter les lois, qui sont compatibles avec le droit international ».
Le chef de la diplomatie a par ailleurs appelé le Haut-commissariat à respecter l'accord de 2003 avec la Sûreté générale et à le mettre en application. Ce texte, signé en pleine polémique entourant l'arrivée au Liban de réfugiés irakiens, après l'invasion américaine de l'Irak, confirmait que le Liban n'est pas une terre d'asile et que toute personne enregistrée comme réfugiée auprès du HCR doit quitter le territoire au bout d'une période maximale d'un an, que ce soit via un rapatriement ou pour émigrer vers un autre pays. M. Bou Habib a d'ailleurs insisté dans son communiqué sur le fait que le Liban « est un pays de transit » et n'est pas signataire de la Convention de Genève sur le statut de réfugié, « bien qu'il en respecte l'esprit ».
Les données
Le ministre sortant a d'autre part réitéré l'appel lancé à plusieurs reprises par les autorités libanaises pour que leur soient remises par le HCR la base de données des Syriens bénéficiant au Liban des aides de l'organisation, et qui a fait l'objet d'un protocole d'entente signé en août 2023. Il a donné jusqu'à « la fin du mois en cours » à l'ONU pour remettre ces données.
Depuis le début de la guerre civile en Syrie en 2011, le Liban accueille plus d'un million et demi de Syriens. Quelque 800 000 d'entre eux sont enregistrés auprès du HCR. En octobre 2023, une source diplomatique avait indiqué que le Liban voulait obtenir ces informations afin de comparer les noms des bénéficiaires avec les informations de la Sûreté générale sur les passages de la frontière libano-syrienne, afin de retirer le statut de réfugié à toute personne faisant des aller-retours.
Le communiqué de Abdallah Bou Habib se termine sur une mise en garde : la diplomatie libanaise est prête, en cas de non-respect des mesure prévues, à « reconsidérer ses relations avec le HCR ».
Dans un communiqué publié en fin d'après-midi le HCR a annoncé avoir « à la demande du ministre des Affaires étrangères, retiré sa lettre adressée au ministre de l'Intérieur ». « Le HCR renouvelle son engagement à collaborer de manière constructive avec le gouvernement libanais », assure l’agence onusienne.
Heureusement que les FL sont la pour vous rappeler aux lois et règles signées par l’état. J'oubliai presque que votre comportement indique que vous n'en n'avez que faire de celles-ci lorsqu'elles ne servent pas les intérêts de vos maîtres a penser même si vous les aviez votées. Quel gâchis !
09 h 09, le 21 mai 2024