Plus de 2.000 personnes se sont rassemblées vendredi dans la banlieue sud de Beyrouth à l’appel des principaux partis chiites Amal et Hezbollah, pour exprimer leur solidarité avec la population de Gaza, qui paye le plus lourd tribut de la guerre entre le mouvement islamiste Hamas et Israël depuis le 7 octobre. Le conflit, qui a déjà fait plusieurs milliers de morts, a débordé sur la frontière libanaise, où des tirs s’échangent entre les miliciens du Hezbollah et l’armée israélienne.
Dans le quartier de Moucharrafiyé, les manifestants étaient déterminés à donner de la voix, résonnant avec des dizaines de milliers de personnes qui étaient réunies le même jour pour les mêmes raisons du Caire à Bagdad en passant par Istanbul. Après la « Journée de colère » organisée mercredi par le parti de Hassan Nasrallah, ce nouveau rassemblement avait pour objectif de montrer que les événements à Gaza sont toujours présents dans l'esprit des partisans de « l'axe de la résistance », favorable à la cause palestinienne.
« Je n'ai pas dormi après avoir appris la nouvelle sur l'hôpital de Gaza. Je suis en colère », affirme Mohammad Ali, debout sous le soleil de l'après-midi, devant un grand drapeau du mouvement Amal.
Le jeune homme conteste l'affirmation selon laquelle l'explosion de l'hôpital Al-Ahli, qui aurait tué des centaines de personnes mardi soir selon Hamas, est le résultat d'une roquette de ce mouvement qui n'a pas pu décoller. Les autorités palestiniennes de Gaza en ont rejeté la faute sur Israël, soulignant qu'il s'agissait d'une frappe aérienne délibérée, ce que l'État hébreu a démenti, soutenu en cela par l’administration américaine.
Référence à Cana
« L'Amérique dit qu'Israël n'a pas bombardé l'hôpital, mais nous savons tous qu'Israël l'a fait. En 1996, à Cana, Israël a fait la même chose », dit avec passion Bilal, un partisan d'Amal présent au rassemblement, dans une référence au bombardement près du village de Cana, au Liban-Sud le 18 avril 1996, causant la mort de 106 civils réfugiés dans un camp des Casques bleus. À la suite de ce massacre, Israël a évoqué une erreur technique. Une enquête menée par l'ONU après le massacre parviendra à la conclusion suivante en mai 1996 : "On ne peut écarter totalement cette hypothèse, mais il est très peu probable que le bombardement du poste des Nations unies (à Cana) soit le résultat d'une grossière erreur technique et ou de procédure". Un deuxième bombardement israélien a eu lieu dans la même zone le 30 juillet 2006, tuant 28 personnes lors de la guerre de 33 jours qui avait opposé Israël au Hezbollah.
« Nous ne voulons pas la guerre, mais nous voulons dire au monde qu'ils [Israël] doivent cesser de bombarder les habitants de Gaza », insiste Mohammad Ali, alors que la foule, composée d'écoliers, d'hommes cagoulés en noir et de femmes portant des photos de Nasrallah, clame « Mort à l'Amérique, mort à Israël ».
Les enfants à Gaza
« Je suis ici pour tous les petits enfants qui ont été tués à Gaza. Je veux que les enfants aient le temps de jouer. C'est la première manifestation à laquelle je participe. Nous devons soutenir les Palestiniens jusqu'au bout. Nous sommes un peu effrayés, mais je n'ai pas peur de ce qui va se passer », soutient Ghada, une jeune femme avec un petit drapeau palestinien peint sur ses joues.
Depuis le 7 octobre, plus de 1.000 mineurs ont perdu la vie sous les bombardements israéliens, selon l’ONG Defence for Children International.
Tensions à la frontière sud du Liban
Ces derniers jours, les tensions à la frontière sud du Liban se sont accentuées. Vendredi, cette région a vécu une autre journée de terreur, marquée par plusieurs séquences d’échanges de tirs entre le Hezbollah et l’armée israélienne. Bien qu’en apparence contenue, la situation ne s’était toujours pas calmée en soirée. Au cours des deux dernières semaines, « près de 13.000 personnes ont déjà fui leurs maisons dans le sud du pays et le nombre augmente rapidement », indique Jacob Boswall, chef de l'équipe d'analyse de la crise au Liban (Lebanon Crisis Analytics Team, LCAT) à Mercy Corp.
Mais pour les manifestants rassemblés à Moucharrafié, la peur n’est pas une option. « Nous ne sommes pas inquiets de la guerre au Liban. Nous participerons tous au combat », ajoute Bilal, l'air serein lorsqu'on l'interroge sur la perspective d'une guerre. « Nous sommes plus forts qu'en 2006 », affirme-t-il.
Depuis le début de la guerre entre le Hamas et Israël, au moins 22 personnes ont trouvé la mort au Liban. Tous les regards se tournent à présent vers la manière dont le Hezbollah et son mentor, l'Iran, réagiront à une campagne terrestre que pourrait lancer la l'armée israélienne dans la bande de Gaza, ce qui risque d'entraîner le Liban et certaines parties du Moyen-Orient dans une guerre régionale.
Jeudi, lors d'une réunion avec les ambassadeurs accrédités au Liban, le ministre intérimaire des Affaires étrangères libanais, Abdallah Bou Habib, a appelé à un cessez-le-feu immédiat à Gaza et à l'envoi d'une aide. Il a également souligné « la nécessité de mettre fin à l'occupation israélienne », ajoutant que « la solution consiste à créer un État palestinien ».
« Nous ne sommes pas neutres, mais au cœur de la bataille. Alors que nous sommes rassemblés ici pour montrer notre soutien et notre solidarité avec nos frères palestiniens, les hommes se préparent à accomplir leur devoir », a déclaré le député Ali Ammar lors du rassemblement. « On nous demande d'être prêts à recevoir des ordres (...) À Hassan Nasrallah, nous disons : Nous sommes à votre service », a-t-il dit.
commentaires (6)
Ils ne veulent pas la guerre mais sont prêts à l’affronter? Il y a mieux à faire, descendre dans la rue et dans toutes les régions occupées par ce HB pour faire entendre leurs voix avant qu’il ne soit trop tard pour eux et leurs proches. Ils ne pourront pas miser sur les autres régions pour s’y abriter vu que cette fois ci la guerre serait généralisée et n’épargnerait personne à cause d’un barbu qui se prend pour le roi du monde, fort des populations civiles qu’il prend en otage partout où il passe pendant que lui se trouve à l’abri de tout danger dans son fabuleux trône « bunkerisé ». Quel courage dites moi.
Sissi zayyat
12 h 35, le 23 octobre 2023