
Des agents de sécurité tentent de maîtriser la foule lors de la manifestation place Riad Solh à Beyrouth, le 30 septembre 2023. Photo Hassan Assal
Des cris, des coups, des jets de projectiles, une foule en pagaille... Des dizaines de vidéos inondent les réseaux sociaux samedi au Liban : une « marche pour les libertés » organisée à 16h au départ de la place Riad Solh, en plein centre-ville de Beyrouth, a été agressée par des individus en civil, venus à moto. L'information a été relayée par nombre de médias locaux et confirmée à L'Orient-Le Jour par plusieurs activistes qui participaient à la marche.
Au moins trois personnes ont été blessées, affirme Whard Mougharbel, un activiste membre de plusieurs groupes dont Helem, une organisation de défense des droits des personnes LGBTQ+ au Liban. Helem elle-même n'est pourtant pas impliquée dans l'organisation de cette « marche des libertés », lancée à l'appel de plusieurs collectifs, dont le réseau Mada. La marche devait se rendre devant le siège du ministère de l'Intérieur, à Sanayeh.
« On va écraser leurs têtes »
Sur quasiment toutes les vidéos relayées par les médias libanais en ligne, comme Daleel Thawra, Akhbar el-Saha ou Legal Agenda, les images tournent en boucle : des hommes debout, certains arborant de longues barbes, devant des barrières métalliques mises en place par les forces de sécurité, invectivent les manifestants postés de l'autre côté.
« Ce sujet touche à nos enfants, notre religion... On va écraser la tête de ceux qui font la promotion de ces gens », lance un homme, sans préciser de qui il parle. « Que la MTV, ces vendus, se rangent et arrêtent de soutenir ces gens ! », menace-t-il sur une vidéo de Akhbar el-Saha sur Facebook. La chaîne MTV avait diffusé début septembre un spot favorable à la dépénalisation des relations « contre nature » au Liban, qui a fait polémique. Le lien entre ce spot et les déclarations de l'individu n'est pas clairement établi.
Dans une autre vidéo devenue virale, une manifestante, l'activiste Hayat Mirchad, échange avec un des individus venus perturber la marche. « La rue est à tout le monde », dit-elle. « Mange de la m... ! », crie son interlocuteur avant de se confondre en insultes. Un autre tente de traverser la barrière pour la frapper.
Des blessés hospitalisés
L'OLJ a pu joindre au téléphone l'activiste Whard Mougharbel, présent sur place. « J'ai été frappé. Je suis à l'hôpital et j'attends d'être examiné », confie-t-il, la voix inquiète. « Certaines personnes sont encore bloquées en bas, c'est ce qui m'affole », poursuit-il. Il indique que pour l'instant, trois personnes ont été blessées à sa connaissance. « C'était une attaque organisée, c'est clair. J'ai vu des mecs arriver à moto, puis mettre leur masque tous ensemble avant de venir vers nous », raconte-t-il, encore sous le choc de l'agression.
خلال بدء تجمّع المتظاهرين في ساحة رياض الصلح في إطار "#مسيرة_الحريّات"، هاجم عدد من الشبّان مجموعة من المتظاهرين أمام السراي الحكومية برمي الحجارة. كما اعتدوا على بعض المواطنين الذين كانوا يحاولون الوصول إلى مكان تجمّع المسيرة التي كان من المفترض أن تتجه صوب وزارة الداخلية، وأصيب… pic.twitter.com/hA3q9yb3WF
— Legal Agenda (@Legal_Agenda) September 30, 2023
Le jeune activiste explique que de surcroît la manifestation n'était pas ouvertement pro-LGBTQ+, mais simplement « pour la défense des libertés ». Quid des agresseurs ? « On ne sait pas qui c'est pour l'instant. On tentera d'en savoir plus... », souffle-t-il avant de raccrocher.
L'ONG Legal Agenda a pour sa part précisé sur le réseau X qu'au moins trois blessés sont à signaler. « Les agresseurs ont attaqué les forces de sécurité qui tentaient de les évacuer, les obligeant à utiliser des grenades lacrymogènes pour les disperser », ajoute le collectif. Présent sur place, le photographe Hassan Assal a envoyé des photos à L'OLJ, montrant des personnes ensanglantées. Contactées, les Forces de sécurité intérieure (FSI) et l'activiste Hayat Mirchad n'ont pas répondu à nos sollicitations.
commentaires (9)
Encore un article militant, sans nuance. Ce journal est devenu le porte-drapeau de la cause LGBTQ+
Hobeika Habib
20 h 04, le 01 octobre 2023