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Société - Liban

Les enseignants du public protestent contre les conditions désastreuses à l'approche de la rentrée scolaire

Les revendications portent notamment sur des salaires et des frais de transport équitables, ainsi que sur le démarrage de l'année scolaire à la date prévue le 9 octobre, conformément à une décision du ministère de l'Éducation.

Les enseignants du public protestent contre les conditions désastreuses à l'approche de la rentrée scolaire

Nisrine Chahine, responsable du syndicat des enseignants contractuels et à temps partiel, s'exprime lors d'une manifestation organisée par les enseignants pour réclamer une amélioration des salaires, le 18 septembre 2023. (Crédit : Mohammad Yassine/L'Orient-Le Jour)

Des dizaines d'enseignants des écoles publiques se sont rassemblés, lundi matin, devant le siège du Parlement à Beyrouth pour réclamer de meilleures conditions de travail, alors que les fonds limités et les effets boule de neige d'une grave crise économique depuis quatre ans ont retardé le début de l'année scolaire 2023-2024.

La manifestation, organisée par un syndicat d'enseignants contractuels, s'est déroulée alors qu'une réunion de plusieurs commissions avait lieu à la Chambre sur l'éducation.

Les fonctionnaires, y compris les enseignants, sont toujours payés en grande partie en livres libanaises, une monnaie qui s'est effondrée et a perdu plus de 98 % de sa valeur depuis le début de la crise économique. Gravement touchés par l'effondrement financier, les enseignants des écoles publiques ont déjà manifesté à plusieurs reprises pour réclamer une augmentation de leurs salaires, dont ils réclament notamment une révision réaliste, parce qu'ils s'élèvent actuellement à l'équivalent de quelque 90 dollars par mois.

Un responsable d'un syndicat d'enseignants contractuels au Liban-Nord, Omar Ismaïl, a déclaré à L'Orient-Le Jour, sur les lieux de la manifestation, que les enseignants des écoles publiques demandaient notamment des salaires et des frais de transport équitables et ponctuels, ainsi que le début de l'année scolaire à la date prévue, à savoir le 9 octobre, conformément à une décision du ministère de l'Éducation.

« Nous demandons 600 dollars au lieu des 90 dollars que nous recevons actuellement par mois, ainsi que 450 000 LL [environ 5 dollars] par jour [de travail] comme frais de transport, au lieu des 95 000 LL que nous recevons », a ajouté M. Ismail, précisant que les enseignants ne reçoivent actuellement les frais de transport quotidiens que trois fois sur les quatre ou cinq jours de travail.

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Il a expliqué que les contractuels exigent d'être payés à temps, et qu'ils ont été payés en mars pour le premier trimestre scolaire, en juin pour le deuxième trimestre et en août pour le troisième. M. Ismail a déploré le fait que les enseignants n'aient pas encore perçu leur salaire pour le dernier trimestre.

Les étudiants aussi marginalisés

Présente à la manifestation, la fondatrice de l'ONG Nahnoo Wahed (Nous sommes un), Souad Gharios, a déclaré à L'OLJ que les élèves des écoles publiques étaient devenus des « punching balls », dans le contexte de l'effondrement du secteur de l'éducation. Mme Gharios a affirmé que son organisation aidait à payer les frais de scolarité et les fournitures des élèves des écoles publiques issus de familles vivant en dessous du seuil de pauvreté. Elle a expliqué qu'elle avait réglé les frais d'inscription dans les écoles, environ 6 millions de LL pour les collèges et lycées et 13 millions de LL pour les écoles professionnelles, mais que les enseignants avaient commencé à se mettre en grève pour cause de salaires impayés. « Vous savez ce que nous avons fait pour obtenir une telle somme », a-t-elle déploré. « Il ne s'agit que des frais d'inscription, plus d'argent est consacré aux livres, aux fournitures scolaires et, dans de nombreux cas, au transport ». « Je ne suis pas contre les enseignants ni contre les écoles publiques et leurs décisions, mais je proteste contre l'État, le ministre de l'Éducation et les décisions qui n'ont pas été prises en faveur [des élèves] », a dit Mme Gharios. «Les écoliers sont marginalisés, leur vie est marginalisée, ils sont privés des droits humains fondamentaux ».

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Un secteur « incapable de faire face a la crise »
Lors de la réunion à la Chambre, le président de la commission de l'Education, Hassan Mrad, a évoqué « l'incapacité du secteur éducatif » à faire face à la crise, insistant sur « l'urgence de trouver des solutions » et critiquant « le manque d'intérêt de l'État pour ce secteur. Il a plaidé en faveur de solutions « radicales pour résoudre les problèmes liés aux salaires des enseignants, qu'ils travaillent dans le secteur public ou privé ».

De son côté, le ministre sortant de l'Éducation, Abbas Halabi, a dit « ne pas exagérer lorsqu'il affirme que l'éducation publique est désormais en danger ». Il a souligné que le problème « ne se limite pas à l'année scolaire, mais concerne l'éducation dans son ensemble ». « Il est impératif de trouver des solutions durables pour régler les salaires des enseignants dans les secteurs public et privé » a poursuivi le ministre. Il a encore regretté que, contrairement à l'année dernière, les « donateurs internationaux ne sont pas en mesure de fournir un soutien financier pour l'année actuelle, ce qui impose des défis majeurs pour lancer de l'année scolaire ». Il a encore exhorté la Chambre à « approuver des lois qui pourront contribuer au développement de l'enseignement ». « L'État doit promouvoir l'éducation en la considérant comme une priorité » a-t-il conclu.

La plupart des élèves des écoles publiques ont un retard d'une à deux années complètes par rapport à leur niveau scolaire, dans un contexte d'effondrement continu du secteur de l'éducation alimenté par les crises politiques et économiques, selon un rapport publié la semaine dernière par Human Rights Watch (HRW). D'après le rapport, « les écoles libanaises ne fournissaient pas une éducation de qualité même avant ces crises, mais les fermetures d'écoles depuis 2019 ont accéléré le déclin de l'apprentissage. Les élèves de 6ᵉ année, en moyenne, ont répondu correctement à moins de la moitié des questions lors des tests d'alphabétisation en arabe en 2021-2022, et à tous les niveaux scolaires, la plupart des élèves ont une à deux années complètes de retard par rapport à leur niveau, ont estimé les enseignants ». « Le ministère de l'Éducation n'a toujours pas obtenu de financement suffisant pour l'année scolaire qui doit commencer en octobre, et les responsables libanais et donateurs sont en désaccord sur le financement des salaires de certains enseignants », ajoute le rapport.

Des dizaines d'enseignants des écoles publiques se sont rassemblés, lundi matin, devant le siège du Parlement à Beyrouth pour réclamer de meilleures conditions de travail, alors que les fonds limités et les effets boule de neige d'une grave crise économique depuis quatre ans ont retardé le début de l'année scolaire 2023-2024.La manifestation, organisée par un syndicat d'enseignants...

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