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Société - Trois questions

Écoles catholiques : « les compensations aux enseignants se répercuteront forcément sur les écolages »

Hausse des frais, enveloppes en dollars aux instituteurs, niveau pédagogique... Le secrétaire général des écoles catholiques, le père Youssef Nasr, confie à « L’Orient-Le Jour » ses perspectives pour la nouvelle année scolaire.

Écoles catholiques : « les compensations aux enseignants se répercuteront forcément sur les écolages »

Le père Youssef Nasr, secrétaire général des écoles catholiques. Photo DR

La rentrée scolaire est imminente. Dans le privé, elle se déroule à la mi-septembre, et à l’école publique, en octobre. En 2022-2023, les 320 établissements catholiques du Liban (privés et semi-privés) scolarisaient 186 000 élèves sur un total d’environ 1 070 000 élèves (sans compter les enfants syriens scolarisés l’après-midi), dont un tiers va à l’école publique. À l’occasion du 29e colloque annuel du secrétariat général des écoles catholiques,  son responsable, le père Youssef Nasr, aborde les problématiques  d’une rentrée scolaire  encore marquée par les effets de l’effondrement économique, social et monétaire du pays.

Quels sont les principaux enjeux de l’année scolaire 2023-2024 pour les écoles catholiques ?

Les plus gros défis sont d’ordre économique. Une bonne moitié de la population, et donc de parents d’élèves, reçoit toujours son salaire en livres libanaises, qui ne vaut donc plus grand-chose, et ce malgré la dollarisation de nombreux secteurs. Il s’agit principalement des fonctionnaires et des plus défavorisés. Nous nous demandons s’ils pourront maintenir leurs enfants dans nos établissements, sachant que nous réclamons en plus des frais de scolarité en livres un montant forfaitaire en dollars par élève.

Le deuxième enjeu est lié à nos enseignants, dont 20 % des effectifs sont partis depuis le début de la crise car le salaire mensuel moyen, en termes réels, s’est effondré de 2 000 dollars à moins de 50 dollars. Nous devons permettre à ceux qui restent de poursuivre leur mission et de vivre décemment. Les écoles catholiques comptent aujourd’hui 21 000 enseignants et employés. Pourrons-nous leur accorder une enveloppe mensuelle en devise assez conséquente pour les garder ?

Enfin, l’enjeu pédagogique est tout autant prioritaire. À l’issue de quatre années particulièrement difficiles, marquées par la crise et le Covid-19, tous les établissements éducatifs du pays ont souffert, d’une manière ou d’une autre. Les problèmes financiers ont pris une telle ampleur qu’ils se sont négativement répercutés sur le niveau de l’enseignement. D’où la nécessité impérative de développer une stratégie pour éviter que le fossé ne se creuse davantage entre l’enseignement requis et les possibilités des écoles catholiques.

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À combien s’élèveront cette année les frais d’écolage et les salaires des enseignants ?

Chaque école prend ses propres décisions en fonction du nombre et du milieu socio-économique de ses élèves, de sa situation géographique et de la qualité de son enseignement. Nous avons toutefois appelé les établissements affiliés à prévoir des compensations face à la dégradation du pouvoir d’achat de leur personnel, en plus de la revalorisation des indemnités de transport imposée par les pouvoirs publics (qui sont passées de 95 000 LL par jour à respectivement 250 000 et 450 000 LL pour les employés et enseignants, depuis avril dernier). À titre d’exemple, chaque établissement verse une prime en dollars, qui peut varier entre une centaine de dollars pour un établissement de petite envergure en milieu rural, et plus de 700 dollars pour un établissement scolarisant des élèves plus favorisés.

Forcément, ces augmentations se répercuteront sur celle des écolages, de manière proportionnelle. Nous sommes encore loin des frais de scolarité d’avant la crise qui dépassaient dans certains cas l’équivalent de 5 000 dollars par enfant par an. Les écolages (libellés uniquement en livres conformément à la loi) se situent cette année dans une fourchette de 15 à 25 millions de livres libanaises (de 170 à 280 dollars, NDLR). S’y ajoute une contribution en dollars de l’ordre de 1 500 à 2 000 dollars parfois, en fonction des frais de fonctionnement de chaque établissement. Elle représente le double ou le triple de l’enveloppe perçue par chaque enseignant.

Comment se porte l’école catholique au Liban dans ce contexte de crise ?

Encore une fois, cela dépend de l’établissement et du milieu socio-économique de ses élèves. S’il peut compter sur les revenus en devise des parents, il fonctionnera normalement. Mais dans une bonne moitié des cas, les familles ne peuvent pas assumer les écolages, la cherté de vie et les compensations en devise à payer aux enseignants. La seule solution possible réside dans l’augmentation des aides de Libanais de la diaspora, d’associations caritatives ou de généreux donateurs pour permettre aux familles de garder leurs enfants à l’école catholique. Jusque-là, la solidarité a bien fonctionné. Nous espérons que les bienfaiteurs continueront de nous aider pour permettre de combler le déficit budgétaire qui menace de doubler cette année.

Mais tout n’est pas noir : l’école catholique continue de séduire les Libanais. L’année dernière, on dénombrait 6 500 élèves de plus que l’année 2021-2022, probablement rentrés de l’étranger ou venus d’une école publique qui n’a plus la confiance des parents, en raison des grèves répétées des enseignants.

La rentrée scolaire est imminente. Dans le privé, elle se déroule à la mi-septembre, et à l’école publique, en octobre. En 2022-2023, les 320 établissements catholiques du Liban (privés et semi-privés) scolarisaient 186 000 élèves sur un total d’environ 1 070 000 élèves (sans compter les enfants syriens scolarisés l’après-midi), dont un tiers va à l’école...

commentaires (1)

Demandez donc au patriarche d’aider les familles nécessiteuses pour les aider à scolariser leurs enfants sans devoir faire le choix entre le pain et les frais de scolarisations et de fournitures. La charité n’est elle pas l’essence de notre communauté? Pourquoi ils rechignent à se montrer dignes de leur titre au lieu de s’égarer dans des discours politiques qui ne nourrissent que nos adversaires alors que les citoyens chrétiens comme sunnites crèvent la gueule ouverte? C’est quoi leur rôle au juste à ces dignitaires de tout bord?

Sissi zayyat

11 h 48, le 06 septembre 2023

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Commentaires (1)

  • Demandez donc au patriarche d’aider les familles nécessiteuses pour les aider à scolariser leurs enfants sans devoir faire le choix entre le pain et les frais de scolarisations et de fournitures. La charité n’est elle pas l’essence de notre communauté? Pourquoi ils rechignent à se montrer dignes de leur titre au lieu de s’égarer dans des discours politiques qui ne nourrissent que nos adversaires alors que les citoyens chrétiens comme sunnites crèvent la gueule ouverte? C’est quoi leur rôle au juste à ces dignitaires de tout bord?

    Sissi zayyat

    11 h 48, le 06 septembre 2023

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