Le ministre libanais sortant des Affaires étrangères du Liban, Abdallah Bou Habib, a mis en garde mercredi soir contre de « très graves répercussions » si la crise des migrants syriens n'est pas réglée et appelé la communauté internationale à aider la Syrie à se remettre de sa crise économique. M. Bou Habib a lancé cet avertissement au cours de la 160ème réunion des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe, qui s'est tenue au Caire. La Ligue a réintégré le régime de Damas en mai.
Le ministre a affirmé que « le nombre de réfugiés syriens au Liban a augmenté dernièrement, exerçant une pression supplémentaire sur les conditions économiques et sociales ainsi que sur les ressources déjà limitées ».
Selon les estimations des responsables, le Liban accueille 2 millions de réfugiés syriens, dont 830 000 sont enregistrés auprès de l'ONU. Récemment, les autorités ont relevé une augmentation du nombre d'arrivées de Syriens par les points de passage illégaux le long de la frontière terrestre. L'armée libanaise publie d'ailleurs depuis plusieurs semaines des rapports réguliers sur le nombre de Syriens refoulés après avoir traversé de manière illégale la frontière. Selon le dernier rapport en date publié jeudi matin, l'armée a déclaré avoir empêché l'entrée d'environ 1 200 migrants au cours des derniers jours.
Les réseaux de passeurs sont nombreux entre le Liban et la Syrie. La frontière poreuse et l'absence d'une autorité effective de l'Etat dans certaines régions, favorisent la contrebande et les trafics en tout genre, de la drogue aux êtres humains.
Aider la Syrie
M. Bou Habib a ajouté que « ces réfugiés quittent la Syrie pour des raisons économiques et financières, en raison de la détérioration de la situation » dans leur pays. « Tout le monde devrait savoir qu'aider la Syrie à surmonter sa crise politique et économique est une question urgente, en particulier pour les pays voisins, car les répercussions d'une détérioration de la situation peuvent être beaucoup plus dangereuses que certains ne l'imaginent », a-t-il dit. La Syrie traverse une crise économique profonde et a vu sa monnaie chuter à un niveau record de 15 500 livres syriennes pour un dollar le mois dernier. La monnaie nationale syrienne s'échangeait à 47 livres pour un dollar au début du conflit, il y a douze ans. Enfin, M. Bou Habib a souligné « la nécessité de faciliter et d'accélérer le retour des réfugiés en Syrie et de cesser de politiser cette question qui menace la sécurité et la stabilité du Liban et des pays d'accueil ».
Le Conseil des ministres s'est penché jeudi sur le dossier, mais aucune mesure n'a été annoncée. Prenant la parole au début de la réunion, le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, est revenu sur « les nouvelles vagues inquiétantes de réfugiés syriens, qui arrivent au Liban via des passages frontaliers informels ». Il a annoncé qu'un Conseil des ministres sera « spécialement consacré » à cette question la semaine prochaine, en présence du commandant en chef de l'armée, le général Joseph Aoun, et des chefs des différentes agences sécuritaires. Selon le ministre de l'Information, Ziad Makari, son collègue des Affaires sociales, Hector Hajjar, est prêt à participer à une telle réunion malgré le boycott des réunions du Conseil par les ministres proches du Courant patriotique libre qui accusent Nagib Mikati de chercher à s'arroger les prérogatives du chef de l'Etat, en pleine période de vacance présidentielle.
Diplomate du 3ème âge.
04 h 29, le 08 septembre 2023