Le chef de l'Eglise maronite, Béchara Raï, a critiqué dimanche, sans le nommer, le Hezbollah et son arsenal, appelant les partis libanais "à se ranger sous la houlette de l'Etat, notamment en ce qui concerne l'emploi des armes". Lors d'une messe dans le village de Kaakour (Nord du Metn), il a par ailleurs regretté la mort, mercredi dernier à Kahalé (Aley), d'un habitant, Fadi Bejjani, mais aussi celle d'un membre du Hezbollah, tous deux tués lors d'un échange de tirs survenu après le renversement d'un camion d'armes du parti chiite dans cette localité.
"Nous demandons à toutes les composantes du pays et aux partis de se ranger sous la houlette de l'Etat, particulièrement en ce qui concerne l'utilisation des armes. Nous ne pouvons pas vivre dans un pays où il y a plus d'un Etat et plus d'une armée régulière, plus d'une autorité et plus d'une souveraineté. Il faut appliquer l'accord de Taëf dans son intégralité, ainsi que les décisions de la communauté internationale par rapport à la souveraineté du Liban", a déclaré Mgr Raï dans son homélie dominicale.
Le cardinal Raï est, dans ce contexte, revenu sur les derniers événements sécuritaires dans le pays, en particulier la mort dans des circonstances suspectes d'Elias Hasrouny, un ancien cadre des Forces libanaises à Aïn Ebel au Liban-Sud.
"Nous partageons la douleur et la tristesse des habitants de Aïn Ebel pour le rapt, la torture et le meurtre d'Elias Hasrouny, qui a lutté à leurs côtés pendant des années, ainsi que celle des habitants de Kahalé pour le meurtre de Fadi Bejjani , qui a également lutté durant la guerre civile pour que Kahalé tienne bon et qui a été victime du camion d'armes du Hezbollah. Nous sommes également tristes de la mort d'une victime dans les rangs du Hezbollah", a dit Mgr Raï.
"Nous laissons l'enquête à l'armée et aux services de sécurité et à la justice, parce que nous croyons en l'Etat et ses institutions", a ajouté le patriarche.
"Nous faisons face, aujourd'hui, à un système régional nouveau qui suscite la peur et l'inquiétude. Il faut élire un président au plus vite. C'est lui qui garantira le renouveau des institutions constitutionnelles et de l'administration publique", a-t-il encore indiqué.
Le Liban est sans chef d'Etat depuis le 31 octobre dernier, date de l'expiration du mandat de Michel Aoun. Le Parlement n'a toujours pas réussi à lui désigner un successeur, faute d'accord politique.
Démenti du Hezbollah
En outre, le Hezbollah a démenti à L'Orient-Le Jour des informations qui circulent sur des sites locaux selon lesquelles une délégation du parti s'est rendue à Kahalé pour présenter ses condoléances à la famille de Fadi Bejjani. "Cette information est absolument fausse", a encore dit le parti, dans un communiqué publié dimanche après-midi.
Commentant l'incident de Kahalé, le chef du groupe parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, a pour sa part estimé, lors d’un événement partisan dimanche, que "les conséquences de l’incident de Kahalé sont dues à l’incitation et aux rancoeurs promues par les autres (...)".
Selon lui, ce qui s'est passé dans cette localité "n'est pas lié au renversement d'un camion sur le virage de Kahalé, mais d’une prise de position par rapport à la Résistance (du Hezbollah) parce qu’ils ne veulent pas d’une résistance dans ce pays et parce que ce camion est un élément de cette résistance". "Sans la résistance, Israël serait encore au palais de Baabda", a encore dit Mohammad Raad. "Où était Kahalé lorsque les Israéliens se trouvaient au palais de Baabda ?", a-t-il lancé.
"Les alliés d’Israël demandent à quelques idiots dans ce pays de travailler contre la Résistance. (…) Ces derniers doivent faire attention à ne pas refaire les mêmes erreurs, sinon nous serons enclins à penser que vous voulez sortir de l’accord de Taëf. Ceux qui ne veulent pas de la Résistance ne veulent pas de Taëf », a-t-il ajouté.
Audi appelle à "encourager les jeunes à rester" au Liban
De son côté, le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Elias Audi, a critiqué dimanche "les responsables (qui) sont au delà de toute reddition de comptes". "Le crime du port en est le meilleur exemple. Comment le citoyen va-t-il pouvoir leur faire confiance ainsi qu'à la justice ? Nous espérons qu'il se ressaisiront, qu'ils se rendront compte de leurs erreurs et qu'ils feront ce qu'il faut pour que le pays ne se vide pas davantage de ses habitants", a lancé Mgr Audi lors de son homélie dominicale, en faisant référence à l'explosion meurtrière en 2020 au port de Beyrouth, restée impunie à ce jour.
Il a par ailleurs appelé "ceux qui sont au pouvoir à mettre en place l'environnement nécessaire pour encourager les jeunes à rester" au Liban.
commentaires (13)
Les israéliens sont au parlement de nos jours avec votre alliés Berry !
Tania
18 h 59, le 14 août 2023