Au bout de cette longue soirée, la Turquie était toujours suspendue aux résultats du dépouillement de l'élection présidentielle, qui donnent le président Recep Tayyip Erdogan au coude à coude avec son adversaire Kemal Kiliçdaroglu. Avec la perspective, donc, d'un second tour qui, s'il est confirmé, aura lieu le 28 mai prochain.
De notre côté, nous refermons ce "live". Vous avez été nombreux à nous suivre et nous vous en remercions !
Restez connectés. Quand les résultats officiels tomberont (enfin), nos journalistes s'attelleront à les décrypter pour vous.
Point législatives : Alors que le dépouillement touche à sa fin, des tendances assez claires se dégagent des législatives, selon Anadolu (à 89,5 % des voix dépouillées).
-L'alliance menée par l'AKP recueille un peu moins de 50% des voix et n'est donc pas loin de remporter la majorité des 600 sièges du Parlement.
-La formation de Kemal Kiliçdaroglu, avec celle de Meral Askener, le IYI Parti, d'extrême-droite, remportent ensemble un peu moins de 35% des suffrages.
-En troisième position arrive la coalition du parti écologiste Yesil Sol, vitrine du HDP pro kurde, et du parti socialiste des Travailleurs de Turquie (TIP), qui se positionne juste sous la barre des 10%.
Au niveau des partis individuels, selon les estimations de l'agence officielle Anadolu:
-le parti présidentiel se place en tête avec 267 députés
-suivi du CHP de Kemal Kiliçdaroglu avec 169 élus
-puis du parti écologiste qui rafle 60 sièges grâce aux reports de vote du HDP, qui était menacé d'interdiction par la justice turque.
-suivent ensuite l'ultranationaliste MHP avec 51 parlementaires et le IYI Parti avec 45 députés, puis des petits partis crédités de quelques sièges chacun.
Et si nous faisions un point : Un second tour inédit semble se profiler, ce dimanche soir, en Turquie, suspendue aux résultats du dépouillement de l'élection présidentielle, qui donnent le président Erdogan au coude à coude avec son adversaire Kemal Kiliçdaroglu.
Le chef de l'Etat de 69 ans, au pouvoir depuis 20 ans, perdait dans la soirée l'avance dont le créditaient les médias officiels sur son rival social-démocrate, passant sous la barre des 50%, selon l'agence étatique Anadolu. Même si ces chiffres sont encore susceptibles d'évoluer, pour le troisième homme de cette élection, Sinon Ogan, dissident du parti nationaliste MHP crédité d'environ 5% des voix, ces résultats ouvrent la voie à un deuxième tour le 28 mai. Ce qui constituerait une première pour la République turque, centenaire cette année. "Nous allons avoir 15 jours difficiles devant nous en cas de deuxième tour", a-t-il prévenu en refusant de dire quel candidat il soutiendrait.
Dans l'attente des résultats définitifs, les deux camps se sont livrés une bataille de chiffres, enjoignant leurs observateurs respectifs à rester sur les lieux de dépouillement "jusqu'au bout". "Nous sommes en tête", a affirmé Kemal Kiliçdaroglu.
L'un de ses bras droits, le maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu, a appelé "les citoyens à ne pas tenir compte des chiffres donnés par Anadolu".
A Istanbul, la mégapole de 16 millions d'habitants, les 20% des bulletins qui restaient à dépouiller pourraient aider M. Kiliçdaroglu à réduire l'écart. A Diyarbakir, la grande ville à majorité kurde du sud-est du pays, Kemal Kiliçdaroglu a obtenu plus de 71% des voix sur les quatre-cinquièmes des bulletins dépouillés, selon Anadolu.
Point chiffre : Alors que les premières estimations publiées par divers analystes établissaient la participation à 93,6% pour la présidentielle, celle-ci semble tourner en réalité autour de 88%. Un taux avancé par l'agence officielle Anadolu mais aussi l'agence privée Anka, à laquelle se réfère l'opposition.
Paroles de partisans : À Sutluce, bastion de l'AKP à Istanbul, les rues ont été fermées aux voitures. De strictes fouilles au corps sont effectuées à l'entrée de la place où se sont rassemblés, ce soir, de nombreux partisans du parti présidentiel. Drapeaux turcs et posters d'Erdogan décorent les lieux. Alors que la Turquie se dirige vers un second tour de l'élection présidentielle, les partisans de l'AKP ne se disent pas vaincus pour autant. "Je pense qu’il y aura un second tour, dit Nazan, 49 ans, à notre journaliste sur place. Bien sûr que je suis triste, mais s’il y a deuxième tour c’est sûr qu’il gagnera." Concernant la guerre des chiffres qui se joue entre les deux camps, Nazan déclare que "tout le monde est partisan", ajoutant vouloir "avoir accès à la vraie information, ce pourquoi je suis venue ici : pour suivre l'avancée en direct", alors qu'un écran géant diffuse la télévision publique TRT Haber. Comme elle, de nombreuses personnes sont venues attendre qu'Erdogan prononce son discours de victoire, et sont prêts à attendre toute la nuit. "Je ne pense pas qu'il contestera les chiffres et autorisera son peuple à descendre dans la rue", confie Nazan, qui se veut rassurante.
Il est tard, demain c'est lundi, certes. Mais si vous avez encore un peu d'énergie, nous vous recommandons chaudement notre récit du parcours d'Erdogan. En vingt ans à la tête de la Turquie, il a présenté un visage protéiforme, se contredisant à peu près sur tous les sujets, capable tantôt de réconcilier la nation, tantôt de raviver ses conflits les plus profonds. Nous avons remonté le fil de son histoire, en trois épisodes :
Erdogan acte I : les débuts d’un « islamiste démocrate »
Erdogan acte II : Nouveau « leader » du monde musulman
Erdogan acte III : le sultan des temps modernes
ALERTE : Erdogan passe sous la barre des 50%, sur près de 90% des bulletins, selon l'agence étatique Anadolu. A 23H00 (20H00 GMT), le chef de l'Etat recueillait 49,94% des voix sur près de 90% des bulletins dépouillés, selon Anadolu, ouvrant la perspective d'un second tour le 28 mai. Vers 19h30, soit plus de deux heures après la fermeture des bureaux de vote qui ont vu défiler massivement les électeurs turcs, M. Erdogan était crédité d'une avance confortable par l'agence Anadolu: 54,3% des suffrages contre 39,8% pour son adversaire Kemal Kiliçdaroglu. Mais cette avance a fondu au fil des heures.
En attendant (toujours) les résultats officiels, nous vous proposons de lire ou relire le portrait de Kemal Kiliçdaroglu, l’homme qui pourrait renverser Erdogan
L'alliance menée par l'AKP a raflé, selon les estimations de l'agence officielle Anadolu, plus de 50% des votes aux élections législatives, tandis que le CHP de Kemal Kiliçdaroglu, avec son partenaire IYI Parti, est crédité de moins de 35% des suffrages. "La coalition d’opposition ne pourra pas gouverner, ils sont trop différents les uns des autres. Il faut un seul homme. Erdogan a toujours travaillé pour le peuple. C’est la dernière fois qu’il peut gouverner. Ce qu’on ressent, c’est de l’amour envers quelqu’un qui aime son pays. Tout le monde te dira ça ici", dit à notre envoyée spéciale à Istanbul Nazli, 50 ans, en route vers le rassemblement de l’AKP.
(Des partisans du président sortant Erdogan, devant le QG de l'AKP à Istanbul, dimanche soir. OZAN KOSE / AFP)
Point chiffre législatives : Appelés à renouveler leur Parlement, les Turcs ont voté pour les législatives à plus de 50% pour l'alliance menée par le parti présidentiel AKP, selon les estimations de l'agence officielle Anadolu après le dépouillement de 75% des voix. Créant la surprise, le Parti du mouvement nationaliste MHP, allié de l'AKP depuis 2018, est crédité de plus de 11% des votes. Un score qui dépasse les prévisions des sondages, qui le plaçaient à moins de 10% (mais au-dessus des 7% nécessaires à l'échelle nationale pour ne pas être disqualifié).
"Les observateurs des bureaux de vote et les membres des commissions électorales ne doivent pas quitter leur poste. Nous ne dormirons pas cette nuit, mon peuple. Je préviens le Haut Conseil des élections (YSK) : 'vous devez assurer la saisie des données dans les provinces'", a écrit Kemal Kiliçdaroglu, sur Twitter.
Yüzde 60'lar ile başlayan kurgu şu anda 50'nin altına düştü. Sandık müşahitleri ve seçim kurullarındaki görevlilerimiz bulundukları yerden asla ayrılmasın. Bu gece uyumayacağız Halkım. YSK'yı uyarıyorum, illerdeki veri girişini sağlamak zorundasınız.
— Kemal Kılıçdaroğlu (@kilicdarogluk) May 14, 2023
"Le fait que les élections du 14 mai se soient déroulées dans une grande fête démocratique, dans la paix et la tranquillité, est l'expression de la maturité démocratique de la Turquie", a déclaré le président sortant Recep Tayyip Erdogan sur son compte Twitter peu après 22h. "Alors que les élections se sont déroulées dans une atmosphère aussi positive et démocratique, et que le décompte des voix est toujours en cours, annoncer hâtivement les résultats serait une usurpation de la volonté nationale", a-t-il poursuivi. "Nous sommes heureux que la confiance de notre nation se reflète dans le décompte des voix en cours. Je voudrais demander à tous mes collègues et amis de ne quitter les urnes sous aucun prétexte jusqu'à ce que les résultats soient officiellement finalisés".
Ekrem Imamoglu, maire d'Istanbul (CHP) et candidat à la vice-présidence, a déclaré que l'AKP lançait des recours contre des opérations électorales dans les circonscriptions où le candidat de l'opposition Kemal Kilicdaroglu se trouve en tête.
Pour Timur Kuran, professeur à l'université Duke et spécialiste de la Turquie, "ce sont quelques-unes des indications que l'opposition se porte bien, bien mieux peut-être que ce que (l'agence publique) Anadolu a laissé entendre jusqu'à présent."
Point chiffre : Erdogan est passé sous la barre des 51% à plus de 73% des bulletins dépouillés, selon les chiffres de l'agence officielle Anadolu. Son principal rival, Kemal Kiliçdaroglu, est à 43,28%.
Au Liban, dans les villages de Koueichra et Aaidamoun dans le Akkar (Nord), des Libanais d'origine turque suivent de près l'annonce des résultats, selon notre correspondant local Michel Hallak. Certains d'entre eux, détenteurs de la nationalité turque, disent avoir voté à l'ambassade, majoritairement pour Erdogan. A Koueichra, quelques dizaines d'entre eux se sont rassemblés dans une salle des fêtes pour suivre les résultats sur un écran géant. Brandissant des drapeaux, ils chantent des hymnes à la gloire du président turc.
A Tripoli et dans plusieurs villages du Nord, des appels ont été lancés à se réunir sur les places publiques pour célébrer une éventuelle victoire d'Erdogan.
En 2020 déjà, la Turquie multipliait les initiatives pour mener des projets dans le Nord du Liban, comme le relatait notre journaliste Caroline Hayek.
"Le décompte des voix se poursuit dans la transparence. Il ne nous reste plus qu'à attendre les résultats. Les porte-paroles de l'opposition accusent l'agence de presse officielle de l'État de déformer les résultats. C'est méconnaître la souveraineté nationale", a déclaré Omer Celik, porte-parole du parti de l'AKP au pouvoir. "Le président Erdogan est en tête et tout le monde doit le respecter", a-t-il ajouté.
Partisans d'Erdogan et de Kılıçdaroğlu sont engagés, depuis quelques heures maintenant, dans une véritable bataille des chiffres, dans l'attente des résultats officiels.
Paroles d'opposants : Yaren, 25 ans, regarde souvent au dessus de son épaule vers l’entrée du bar. "On a des réflexes automatiques parce que lors des soirées électorales, les partisans du gouvernement essaient de fêter leur victoire le plus tôt possible pour décourager les autres", confie-t-elle à notre envoyée spéciale à Istanbul, Clara Hage. Yaren se dit pacifiste : « C’est par la pensée qu’on mène notre combat. » En cas de victoire de l'opposition, la jeune femme sait déjà ce qu'elle fera : elle chantera des chansons d’artistes emprisonnés par le régime. Les yeux rivés vers l’écran, la jeune femme poursuit : "Ça nous fait du bien d’être ensemble parce que ça veut dire qu’on a réussi ensemble. On est prêts à y passer la nuit."
Sur le terrain : Dans un bar de réputation anarchiste d’une rue de Besiktas, à Istanbul, un petit groupe d’amis fixe la télévision allumée sur la chaîne HalkTV. Tous ont l’impression de revivre la victoire du CHP en 2019 à Istanbul. "Je suis né en 92, je n’ai connu qu'Erdogan et l’AKP à Istanbul, jusqu’en 2019, quand Imamoglu (maire d'Istanbul, CHP) a été élu", raconte Serhun Efir à notre envoyée spéciale. "La plus grande fête pour fêter sa victoire a eu lieu dans cette rue. Et ce soir, on a déjà préparé la bouteille de champagne", ajoute-t-il. Serhun et ses amis ont tous voté pour Kemal Kiliçdaroglu. Pour le scrutin législatif, ils ont donné leurs voix au HDP et au parti travailliste.
De sa prison, Selahattin Demirtas, co-dirigeant du parti pro kurde HDP, a appelé sur Twitter ses partisans à rester mobilisés jusqu'au bout du dépouillement des voix pour s'assurer de la victoire de l'opposition face à Erdogan. "Ne quittez surtout pas les urnes ni les comités électoraux, même s'il faut des jours pour finaliser les résultats. L'opposition est indéniablement en tête et tout sera terminé dès le premier tour. Protégez vos votes, laissez la Turquie entière gagner"
Sonuçların kesinleşmesi günlerce sürse bile sandıkları ve seçim kurullarını asla terk etmeyin.
— Selahattin Demirtaş (@hdpdemirtas) May 14, 2023
Muhalefet kesinlikle önde ve ilk turda bitti, bitecek.
Oylarınıza sahip çıkın, bütün Türkiye kazansın.
Le troisième homme en lice, Sinan Oğan, candidat d’extrême droite et ancien député du Parti du mouvement nationaliste (MHP) allié à l’AKP, se placerait au-dessus des 5%, sa fourchette haute dans les sondages pré-élection. Il est encore difficile de savoir quel électorat il a conquis, mais le transfert des voix du candidat - encore impossible à prédire - connu pour ses déclarations racistes et xénophobes sera décisif en cas de second tour.
Une personne tient un bulletin de vote, le 14 mai 2023 à Istanbul. A droite, le candidat Sinan Oğan. (Photo by Yasin AKGUL / AFP)
Si aucun des candidats à la présidence n'obtient plus de 50% des voix lors de ce scrutin, un second tour sera organisé le 28 mai entre les deux candidats arrivés en tête, Recep Tayyip Erdogan et Kemal Kiliçdaroglu.
Dans les régions les plus touchées par le séisme du 6 février dernier comme Hatay et Gaziantep, l'agence Anadolu donne au président sortant, Recep Tayyip Erdogan, un avantage avec respectivement 52,95% et 60,12% des voix sur près de 47% et 59% de bulletins dépouillés dans les deux régions. Des chiffres toutefois contredits par le média Halk TV, proche de l'opposition, pour qui Kemal Kılıçdaroğlu devance Recep Tayyip Erdogan à Hatay avec 50,97% des voix, sans préciser le pourcentage de bulletins dépouillés.
Le média d'opposition Halk, qui tire ses estimations de l'agence privée Anka, a replacé Erdogan devant à 47,64% des voix face à son principal concurrent Kemal Kiliçdaroglu, qui récolte 46,4% des votes à 52,75% des bulletins dépouillés.
Un peu plus tôt, il avait placé Kiliçdaroglu en tête.
Tandis que 56,2% des bulletins ont été dépouillés, Erdogan est à 51,8% des voix selon l'agence officielle Anadolu, critiquée par l'opposition. Matthieu Gallard, de l'IPSOS, rappelle qu'il était 5 points au-dessus en 2018, lorsqu'il a gagné les élections au premier tour à plus de 52% des voix.
???️ A 56,2% du dépouillement, Erdogan est à 51,8% des voix. En 2018, à peu près au même stade, il était presque 5 points au dessus. https://t.co/FgBEfKdfQv pic.twitter.com/8Td3PCXCMp
— mathieu gallard (@mathieugallard) May 14, 2023
Le siège de l'AKP a été évacué en raison d'une alerte à la bombe, selon la BBC Turkish. Les journalistes du siège ont également dû quitter les lieux, mais la chaîne a déclaré que du monde se trouvait encore à certains étages. Le vice-président de l'AKP, Hamza Dağ, a, lui, démenti l'information, décrivant une mesure de "routine". "Une vérification n'a lieu qu'au deuxième étage, où aura lieu le discours depuis le balcon. Contrairement à ce qui est indiqué dans certains médias, il n'y a pas d'alerte à la bombe", a-t-il écrit sur Twitter.
Rutin güvenlik tedbiri gerekçesiyle yalnızca balkon konuşmasının yapılacağı ikinci katta arama gerçekleşmektedir. Bazı basın kuruluşlarında ifade edildiği gibi bir bomba ihbarı durumu söz konusu değildir.
— HAMZA DAĞ (@avhamzadag) May 14, 2023
Kamuoyuna saygıyla duyurulur.
En images : Des partisans d'Erdogan, rassemblés au siège de l'AKP à Ankara, expriment leur joie après l'annonce d'estimations en faveur de leur candidat. (Photo REUTERS/Umit Bektas)
Point d'étape : Vers 20h30, on entrait dans une bataille de chiffres autour des premiers dépouillements du vote pour l'élection présidentielle.
Le président Erdogan est crédité de plus de 50% des bulletins après le dépouillement de plus de 40% des bulletins, selon l'agence officielle Anadolu. L'agence a accordé 52,4% des voix au chef de l'Etat après le dépouillement de 43,8% des bulletins.
Un résultat aussitôt contesté par son adversaire pour la présidence, Kemal Kiliçdaroglu, patron du CHP. "Nous sommes en tête", a-t-il affirmé sur Twitter.
Le troisième candidat Sinan Ogan, un dissident du parti nationaliste MHP, se situerait autour de 5% des voix.
Le maire CHP d'Istanbul Ekrem Imamoglu, prenant la parole au siège du parti à Ankara et précisant s'exprimer "au nom de Kemal Kiliçdaroglu", a appelé les citoyens "à ne pas tenir compte des chiffres donnés par Anadolu". "Nous ne croyons pas Anadolu", a-t-il dit, agence de presse selon lui "sous respirateur artificiel depuis 2019" et qui "a perdu toute respectabilité". Une allusion à la tutelle du pouvoir sur les principaux grands médias turcs.
La chaîne proche du CHP Halk TV a diffusé dimanche soir des chiffres donnant une légère avance à M. Kiliçdaroglu, 47,71% contre 46,5% à M. Erdogan. "Nous ne laisserons pas nos concitoyens se faire avoir", a assuré Ekrem Imamoglu qui avait vu son élection à la mairie d'Istanbul invalidée en 2019, avant d'être confirmé avec éclat dans les urnes trois mois plus tard.
Avant même le début du scrutin, Twitter avait mis en place une restriction d’accès à certains contenus de sa plateforme pour rester “en accord avec la loi turque”. Les posts concernés sont visibles par le reste du monde, mais censurés en Turquie. La plateforme affirme que “les utilisateurs concernés ont été prévenus de cette action”. D’aucuns ont critiqué la connivence du réseau social d’Elon Musk avec les autorités turques, souvent accusées de censurer les médias et journalistes.
Le candidat de l'opposition turque à la présidence Kemal Kiliçdaroglu a affirmé dimanche soir être "en tête" du scrutin présidentiel devant le président Recep Tayyip Erdogan. "Nous sommes en tête", a-t-il affirmé sur Twitter, vers 19h50, contestant les chiffres de l'agence officielle Anadolu qui accorde 52,5% des voix au chef de l'Etat après le dépouillement de plus de 40% des bulletins.
Alors que Kiriçdaroglu, principal adversaire d'Erdogan, a demandé à ses soutiens et observateurs de ne "jamais quitter les urnes" pour prévenir les fraudes, des observateurs soulignent que le risque de fraude à grande échelle et de bourrage des urnes est faible. Ils citent notamment la présence massive d'observateurs (dont entre 200.000 et 300.000 volontaires mobilisés par l'opposition et de la société civile), ainsi que les comités électoraux en charge du dépouillement, composés de membres de plusieurs partis politiques.
Faik Oztrak, le porte-parole du CHP, a accusé l'agence de presse turque Anadolu de manipuler les données du vote. "L'Agence Anadolu fait sa manipulation traditionnelle pour la dernière fois", a-t-il dit. "Il s'avère que la participation sera à un niveau record." "Nous demandons à nos concitoyens de suivre nos déclarations", a-t-il ajouté, précisant que son parti voyait une "image positive" dans les résultats des votes.
Point chiffre : Après dépouillement de 30% des bulletins pour la présidentielle, 53,62% des voix vont à Erdogan, tandis que Kemal Kiliçdaroglu récolte 40,42% des votes, selon l'agence officielle Anadolu. Le troisième candidat Sinan Ogan a attiré plus de 5% des électeurs jusqu'à présent. Des chiffres qui peuvent encore évidemment changer avec le dépouillement des votes urbains.
A ce sujet, voici le tweet de Mathieu Gallard, directeur de recherche de l'IPSOS :
Après les premières estimations, non officielles, sur 30% d'urnes dépouillées et de premières indications favorables à Erdogan, l’opposition appelle à ne pas se décourager. Kemal Kiliçdaroglu, candidat de cette opposition, crée l’adhésion parce qu’"il représente le symétrique opposé d’Erdogan en termes de posture, de tempérament, de relations sociales, et surtout, il ne nourrit aucun soupçon quant à d’éventuelles relations clientélistes ou de faits de corruption, suggérait à L’Orient-Le Jour Ahmet Insel, politologue, professeur à l’Université Paris 1 Panthéon-La Sorbonne et à l’Université de Galatasaray à Istanbul. Retrouvez son portrait en cliquant ici.
Point lecture : Et si, en attendant les premiers résultats officiels, vous vous plongiez dans notre dossier spécial "Élections en Turquie : fin de parcours pour Erdogan ?"
Plus de 1,8 million d'électeurs turcs de l'étranger ont voté entre le 27 avril et le 9 mai, portant le taux de participation de la diaspora à 53,18 %, a indiqué le Daily Sabah, un quotidien pro-gouvernemental. Après la fin des opérations de vote depuis l'étranger, les bulletins ont été transférés en Turquie par des transporteurs diplomatiques et selon des méthodes déterminées par le Conseil électoral supérieur (YSK), selon des mesures de sécurité maximales. Ils ont été conservés en lieu sûr à Ankara.
Bête noire d’Erdogan, les Kurdes votent traditionnellement en faveur du HDP, qui soutient Kemal Kiliçdaroglu. Face à ces élections très serrées, certains souhaitent autant qu’ils craignent une défaite du président. "Je ne pense pas qu’Erdogan fera sa valise si facilement en cas de défaite. Et nous savons que sa vengeance sera contre les Kurdes. Je crois qu’une tempête nous attend", avance Ihsan, résident de Diyarbakir. Retrouvez notre reportage dans les régions kurdes en cliquant ici
Point chiffre : De premières estimations donnent Erdogan en tête du scrutin. Selon Middle East Eye, qui s'appuie sur 9,1% des suffrages, le président sortant mènerait avec 59,1% des voix, contre 34,8% pour Kilicdaroglu et 5,1% pour le candidat d'extrême-droite Ogan, un chiffre surprenant.
Selon notre envoyée spéciale Clara Hage, Erdogan aurait de l'avance car les premiers chiffres de dépouillement viennent des provinces conservatrices. "Ils annoncent une avance pour Erdogan pour que les gens dans les bureaux de vote se découragent et arrêtent de compter", estime Ayse, une électrice de 36 ans. A Esperi, un bar à Istanbul qui s’apprête à accueillir des militants anti-Erdogan, on commence à envisager un second tour.
? How to read early poll results from Turkey:
— Soner Cagaptay (@SonerCagaptay) May 14, 2023
Erdogan ALWAYS starts high (with rural and small town votes being counted faster), but then drops, with urban tallies coming in
Dans un bureau de vote réservé aux personnes âgées, une responsable des urnes confiait ce matin à notre envoyée spéciale à Istanbul, Clara Hage, que le fait que ces dernières soient accompagnées d'assistants posait problème alors qu'ils pénètrent à l'intérieur des isoloirs. Dans un autre bureau de vote, des objections ont été émises par des électeurs lorsque quelqu'un a tenté d'aider un électeur handicapé à l'intérieur de l'isoloir, selon la BBC. La police, qui se trouvait déjà dans le bureau de vote, a été appelée à intervenir.
Le président du Conseil suprême des élections, Ahmet Yener, a annoncé que l'interdiction de diffusion des premières estimations des résultats a été levée à partir de 18h30. "Les élections se sont déroulées calmement dans tout le pays. Nous souhaitons que les résultats soient bénéfiques pour l'ensemble du pays. Nous avons levé l'interdiction de diffusion à 18 h 30", a-t-il déclaré.
Point chiffre : selon Mathieu Gallard, directeur de recherche auprès de l'institut de sondage Ipsos, ainsi que plusieurs analystes et correspondants de médias en Turquie, le taux de participation électorale est de 93,6%, en hausse de 7,4 points par rapport à 2018. Les autorités turques n'ont pas confirmé ce chiffre.
"Ne quittez jamais les urnes, quoi qu'il arrive, tant que le dernier procès-verbal signé n'a pas été remis. La manifestation complète et correcte de la volonté du peuple dépend de votre détermination. Vous verrez, votre fatigue en vaudra la peine", a déclaré Kemal Kiliçdaroglu, principal opposant à Erdogan. Kemal Kiliçdaroglu demande également à ses soutiens et aux observateurs, "héros de la démocratie", d'empêcher les fraudes et de s'assurer que tous les votes sont comptés de façon légitime.
Paroles d’électeurs : "Il faut du changement, ça suffit", lançait, dans la journée à l'AFP, Mehmet Topaloglu habitant d'Antakya, ancienne Antioche, ville du sud de la Turquie anéantie par le séisme du 6 février. Les élections qui se déroulent cette année sont pour lui différentes "en raison du tremblement de terre et de l'économie". "J'ai voté Erdogan pour ses deux premiers mandats, mais là, je ne revoterai pas pour lui, même si c'était mon père", lâche l'éleveur et père de quatre enfants, à l'entrée d'une école de la ville transformée en bureau de vote.
Semra Karakas et sa fille Aylin, 23 ans, ont fait quatorze heures de car pour revenir voter à Antakya. Leur appartement n'a pas résisté au séisme du 6 février qui a fait plus de 50.000 morts dans le sud de la Turquie. Les deux femmes vivent depuis à Antalya, sur la côte sud du pays. "Avant même le séisme mon vote était défini, mais avec le séisme ça s'est confirmé", lâche la fille, étudiante en architecture.
En images : Réunis devant la résidence du président sortant à Istanbul, certains soutiens d'Erdogan font le signe de ralliement des Loups gris, formation paramilitaire affiliée au parti d'extrême-droite MHP (Mouvement nationaliste), allié de l'AKP et partenaire de sa coalition l'Alliance du peuple.
Des partisans d'@RTErdogan se sont rassemblés devant sa demeure à #Istanbul, en attendant les résultats du scrutin. Certains crient « Allah Akbar » et « Tayyip Erdogan » en brandissant des drapeaux de la #Turquie. pic.twitter.com/yaMRHKtLFA
— L'Orient-Le Jour (@LOrientLeJour) May 14, 2023
Paroles d'électeurs : A Üsküdar, où résident de nombreux Turcs des classes moyenne et supérieure, ainsi que de nombreux intellectuels musulmans, c’est plutôt la victoire d’Erdogan qui était espérée et attendue aujourd'hui. "Les temps ne sont pas faciles : pandémie, tremblement de terre. Erdogan travaille pour le peuple. Il est d’ailleurs très fatigué parce qu’il a beaucoup donné", souffle Tulin, 63 ans, qui a toujours voté pour l’AKP.
Reportage : Ce dimanche, de nombreux électeurs de l’opposition ont voté moins par conviction que par désir de faire barrage au président. "Je ne considère pas que c’est une élection dans laquelle on va pouvoir réellement s’exprimer. Ce qu’on veut c’est regagner le parlementarisme et changer le régime, c’est pour ça qu’on vote", affirmait Selen à notre envoyée spéciale la veille du scrutin. Un reportage à retrouver en intégralité ici
Doit-on s'attendre à des violences post-électorales en Turquie ? Quelques jours avant le scrutin, de nombreux médias étrangers craignaient que le président turc ne rejette les résultats électoraux en cas de défaite. "Personne ne sait ce qui se passera si l'opposition gagne... peut-être même pas Erdogan", déclarait ainsi à L’Orient-Le Jour Howard Eissenstat, chercheur non résident au Middle East Institute. Retrouvez notre article sur le sujet en cliquant ici
Le vote des Kurdes sera déterminant lors de ces élections. "Erdogan a tout épuisé pour attirer les Kurdes. Mais cela va être extrêmement compliqué pour lui de récupérer leurs voix après tout ce qu’il a fait", indiquait il y a quelques jours à L’Orient-Le Jour Ozcan Yilmaz, chercheur au Global Studies Institute-Université de Genève. Sur ce point, nous vous proposons de lire ou relire notre éclairage : Erdogan et les Kurdes, histoire d’une trahison
Malgré son retrait de la course présidentielle jeudi, les votes pour Muharrem Ince seront comptabilisés, a annoncé le Haut conseil électoral turc.
Paroles d'électeurs : Dans le quartier conservateur de Üsküdar, deux sœurs, dont l’une votait pour la première fois, ont loué, dimanche, Recep Tayyip Erdogan. Contrairement à l’opposition, le président sortant défend leur communauté, estiment-elles. "Peu importe que je n’ai connu que sa politique, il est le plus proche de mes valeurs", dit l’une d’elles. "En cas de victoire de l’opposition, j’ai peur que l'hostilité envers nous, les femmes voilées, augmente, et qu’il y ait du mépris", ajoute-t-elle à notre journaliste Clara Hage.
Le retrait, jeudi, du candidat Muharrem Ince dans la course à la présidentielle, dont les électeurs devaient majoritairement se replier sur Kemal Kiliçdaroglu, a semé une certaine confusion dimanche au moment du vote, car les bulletins avaient été imprimés avant son désistement. A la sortie d’un bureau de vote situé dans le quartier conservateur de Üsküdar, une vieille femme a réalisé ce matin avoir glissé le bulletin du candidat qui s'était désisté. Elle a alors interpellé, en vain, les responsables du bureau pour pouvoir revoter, rapporte notre envoyée spéciale à Istanbul, Clara Hage.
Des centaines d'observateurs ont été déployés dans 50.000 bureaux de vote ouverts entre 08h00 (05H00 GMT) et 17h00 (14h00 GMT), y compris dans les zones du sud de la Turquie dévastées par le séisme du 6 février. Le Conseil de l'Europe devait par exemple dépêcher 350 observateurs, en plus de ceux désignés par les partis. Parmi eux, entre 200.000 et 300.000 volontaires mobilisés par l'opposition.
Point témoignage : Dans le quartier de Besiktas, majoritairement opposé à Erdogan, plusieurs électeurs confiaient ce matin à notre envoyée spéciale à Istanbul, Clara Hage, croire en une victoire de l'opposition. "Je suis surexcité, je suis absolument convaincu qu’on va gagner", s'enthousiasmait Ozan, 37 ans. La veille au soir, le trentenaire avait déjà célébré la victoire avec ses amis. Sa voix est allée à Kemal Kiliçdaroglu et à sa formation politique, le Parti républicain du peuple (CHP).
Selon la loi turque, les médias ne sont pas autorisés à publier de premières estimations avant 21h. Seul le Haut conseil électoral peut diffuser des informations sur les résultats du scrutin avant cet horaire.
Le principal adversaire d’Erdogan, pour la présidentielle, est Kemal Kiliçdaroglu. Longtemps considéré par ses adversaires au pouvoir comme une faible menace, il a néanmoins patiemment su rallier une alliance perçue assez forte pour mettre fin à vingt ans de règne du reïs. Lisez ou relisez son portrait : Kemal Kiliçdaroglu, l’homme qui pourrait renverser Erdogan.
(Photo par Adem ALTAN / AFP)
Il est 17h07, les quelque 200 000 bureaux de vote viennent de fermer en Turquie. Les électeurs qui se trouvaient encore dans la file d'attente à 17h peuvent néanmoins toujours voter. Ceux qui l’ont rejointe après, en revanche, n’auront pas accès aux urnes.
Le scrutin s'est globalement déroulé sans incident notable. Les premiers résultats fiables devraient être connus en début de soirée.
Découvrez le reportage de notre envoyée spéciale à Istanbul, Clara Hage : « Lors des dernières élections turques, il n’y avait pas autant de monde dès le matin »
Un petit point lecture, en attendant la fermeture des bureaux de vote : en vingt ans à la tête de la Turquie, il a présenté un visage protéiforme, se contredisant à peu près sur tous les sujets, capable tantôt de réconcilier la nation, tantôt de raviver ses conflits les plus profonds. Nous avons remonté le fil du parcours de Recep Tayyip Erdogan, en trois épisodes :
Erdogan acte I : les débuts d’un « islamiste démocrate »
Erdogan acte II : Nouveau « leader » du monde musulman
Erdogan acte III : le sultan des temps modernes
(Photo par UMIT BEKTAS / POOL / AFP)
M. Erdogan a promis de respecter le verdict des urnes, tandis que le scrutin est surveillé par des centaines de milliers de scrutateurs des deux camps.
En 2018, lors de la dernière présidentielle, Recep Tayyip Erdogan l'avait emporté au premier tour avec plus de 52,5 % des voix. Un ballotage, qui obligerait à un second tour le 28 mai, constituerait donc déjà pour lui un revers.
Kemal Kiliçdaroglu, à la tête d’une coalition de six partis allant du centre-gauche à l’extrême droite, a, pour sa part, joué la carte de l’apaisement. "La démocratie nous a manqué", a-t-il déclaré après avoir voté à Ankara, dimanche, tout sourire. "Vous verrez, le printemps va revenir dans ce pays, si Dieu le veut, et il durera pour toujours", a-t-il ajouté en reprenant un de ses slogans de campagne.
(Photo par Adem ALTAN / AFP)
Erdogan, au pouvoir depuis vingt ans, brigue un troisième mandat. La fin de sa campagne a été marquée par des invectives et des coups d’éclat, le reïs s’en prenant notamment aux personnes LGBT+ et comparant les alévis à des animaux, après que son rival a déclaré appartenir à cette minorité musulmane.
L’élection se déroule en pleine crise économique turque, marquée par une inflation qui ne descend pas sous la barre des 40%. Le séisme du 6 février, qui a fait 50 000 morts, a suscité les critiques envers le gouvernement, l’aide peinant à atteindre certaines régions sinistrées.
Les deux principaux candidats à la présidentielle, le président sortant Recep Tayyip Erdogan (AKP) et le leader du parti kémaliste Kemal Kiliçdaroglu (CHP), ont déposé leur bulletin dans l'urne dimanche à la mi-journée pour un scrutin qui s'annonce serré et draine, depuis l'ouverture des bureaux, de longues files d'attente à travers le pays.
Bonjour à tous et bienvenue sur ce live consacré aux élections présidentielle et législatives de ce jour en Turquie.
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Mais… les gens VOTENT?!? Ce ne sont pas les ambassadeurs de France, Arabie Saoudite, et Iran qui NOMMENT leur candidat? Les pauvres, ils n’ont rien compris…
21 h 40, le 14 mai 2023