Les Forces libanaises (FL) et le Courant patriotique libre (CPL) se sont livrés, vendredi et samedi, à un échange tendu autour de la question des municipales au Liban, dont le sort reste toujours incertain sur fond de manque de volonté de nombreuses parties de voir le scrutin avoir lieu. Alors que Samir Geagea a nommément accusé le parti aouniste et l'axe de la Moumanaa (pro-iranien au Liban) de vouloir "torpiller" le scrutin, la formation dirigée par Gebran Bassil a pointé du doigt des entraves d'ordre logistique, qui ne semblent pas convaincre son rival chrétien.
Deux réunions décisives pour la tenue des élections sont prévues mardi : Le Premier ministre sortant Nagib Mikati a programmé ce jour-là un Conseil des ministres appelé à discuter, entre autres, du financement des municipales. Cette réunion aura lieu quelques heures après une séance législative convoquée par le président de la Chambre, Nabih Berry, pour un report éventuel du scrutin, faute de financement.
Le CPL avait indiqué que, même s'il s'oppose à l'idée d'une séance législative en période de vacance présidentielle, il participerait à une telle réunion sur les municipales. Cette double convocation intervient alors que, depuis des semaines, Exécutif et Législatif se renvoient la balle pour prendre une décision sur le scrutin, qu'il s'agisse de débloquer des fonds pour l'organiser ou de le reporter.
Lors d'une réunion à Bkerké avec le patriarche maronite Béchara Raï, le ministre sortant de l'Intérieur, Bassam Maoulaoui, avait réitéré jeudi son appel à l'organisation du scrutin, dénonçant une "volonté politique" derrière le non-respect de cette échéance. Selon plusieurs observateurs, certains partis, en perte de popularité depuis les législatives de 2022, ne veulent pas de ces élections.
Torpiller les municipales
"Les groupes parlementaires qui veulent torpiller les municipales, à savoir ceux de l'axe de la Moumanaa et du CPL, invoquent le fait que le ministère de l'Intérieur n'est pas prêt pour respecter cette échéance d'une part, et, d'autre part, que le financement nécessaire n'a pas été assuré", a souligné M. Geagea dans un communiqué vendredi. Selon lui, ces deux points "ne sont pas valables", vu que le ministre Maoulaoui a affirmé jeudi, à Bkerké, que son ministère était "capable et prêt à tenir les élections à temps si le financement nécessaire est assuré".
"Le bureau du Parlement, les groupes parlementaires de la Moumanaa et le CPL ont devancé la réunion du gouvernement prévue mardi dans l'après-midi et décidé de la tenue d'une séance parlementaire le même jour, dans la matinée, afin de barrer la voie au cabinet d'assurer le financement nécessaire au scrutin", s'est indigné le leader chrétien. Pour M. Geagea, dont le parti a remporté le plus de sièges parlementaires lors des législatives, "ce qui se passe est une fraude effectuée par ces groupes afin de bloquer les élections municipales et celles des mokhtars", ces élus locaux chargés de questions administratives concernant directement les citoyens.
Le chef des FL n'a pas manqué de lancer une autre pique contre le CPL, qui avait à maintes reprises accusé le Premier ministre sortant de s'accaparer les prérogatives du chef de l'Etat en convoquant son cabinet, alors que le Liban est confronté à une double vacance à l'Exécutif depuis la fin du mandat présidentiel de Michel Aoun en octobre dernier. "Le bloc du CPL, qui s'opposait à toute réunion du cabinet, même consacrée à des dossiers urgents, accepte que le Parlement se réunisse pour un sujet qui n'est pas urgent, et pour un motif non existant qui est le financement des municipales, un point sur lequel le gouvernement a prévu de se pencher", a-t-il affirmé.
Cabinet démissionnaire, Parlement en fonction
Réagissant à ces critiques, le comité des médias du CPL a estimé que "la position de Samir Geagea contredit celle des députés FL qui avaient annoncé, lors des réunions des commissions parlementaires, que le ministère de l'Intérieur et les organes de l'Etat n'étaient pas prêts à tenir les municipales". "Le cabinet est démissionnaire et n'a pas le droit de se réunir, alors que le Parlement est en fonction", souligne le parti aouniste. Avant d'abonder : "Nous avons affirmé être avec la législation de nécessité. Il ne faut pas comparer un gouvernement démissionnaire à un Parlement en fonction".
Le CPL a enfin estimé que "le problème ne réside pas uniquement au niveau du financement mais du fait que l'Etat n'est pas prêt à organiser le scrutin, du fait de la grève des enseignants et des juges (qui sont respectivement chargés de superviser le processus de vote et du dépouillement et du décompte des voix, ndlr) et de la fermeture de certaines administrations". "Le CPL est prêt pour les municipales et a déjà lancé sa machine électorale interne et son mécanisme de candidature", s'est également défendu le parti aouniste, tandis que ses détracteurs estiment que le parti, de plus en plus isolé sur la scène locale et en perte de popularité, gagnerait à ce que les municipales soient ajournées.
Réunion "anticonstitutionnelle" du Parlement
La réaction des FL n'a pas tardé à fuser. Samedi, le bureau de presse du parti a affirmé que Samir Geagea ainsi que les députés FL tiennent aux municipales "afin de protéger la tenue du scrutin à temps et d'effectuer un renouvellement au niveau local". Il a également estimé qu'un "cabinet démissionnaire peut se réunir, conformément à la Constitution, pour gérer des questions exceptionnelles et urgentes". "Dans le cadre d'une échéance aussi importante que les municipales, le gouvernement doit se réunir pour assurer le financement nécessaire", souligne le texte.
Les FL ont par ailleurs pointé du doigt le fait que le comité des médias au sein du CPL s'est exprimé au nom du ministre sortant de l'Intérieur. "Devons-nous croire le CPL ou le ministre de l'Intérieur ? Nous croyons certainement le ministre vu que c'est lui qui s'y connaît", affirme le texte. Les FL ont enfin estimé que la réunion du Parlement est "anticonstitutionnelle vu que la Chambre est un organe électoral et non pas législateur".
Sans surprise, le CPL a ironisé samedi sur le questionnement des FL, avant d'ajouter : "Devons-nous croire les propos de Samir Geagea ou bien de Georges Adwan ?", le chef du groupe parlementaire FL qui avait en effet fait porter au gouvernement "la responsabilité de l'annulation des municipales et tout ce qui en résulte". "Tout ce qu'on a tenté de faire depuis quatre mois n'était que des promesses et des postures venues du gouvernement. Tout ça était faux, ils n'ont rien fait de sérieux pour assurer la tenue des élections", avait-il indiqué à l'issue d'une réunion des commissions parlementaires mixtes qui s'était penchée sur l'organisation de ce scrutin.
Blocage "prémédité"
Le CPL a encore insisté sur le fait que les organes de l'Etat ne sont pas prêts à organiser cette échéance, rappelant que les FL, qui ne sont pas actuellement représentées dans le cabinet Mikati, avaient "participé à sept séances législatives entre 2014 et 2016 en pleine vacance présidentielle".
Le chef des FL a personnellement rebondi samedi en début d'après-midi sur ces propos. "Le ministre sortant de l'Intérieur a assuré à maintes reprises être prêt aux niveaux administratif et logistique à tenir les municipales si le financement nécessaire est assuré", a-t-il rappelé. Pour lui, il est clair que "les groupes parlementaires de la Moumanaa et du CPL bloquent les élections municipales et des mokhtars de manière préméditée pour une seule raison : le fait qu'ils n'ont pas confiance dans les résultats des élections".
Le CPL vendu fait mine de patriotisme et continue à agir dans l’ombre pour bloquer toutes les élections du pays en parfait accord avec ses alliés vendus de toujours. Ils disent à leurs partisans ce qu’ils veulent entendre et font exactement l’inverse pour saper notre démocratie. Jusqu’à quand leurs partisans continueront à les appuyer alors qu’ils sont la raison de leur misères et de leur appauvrissement? Il semble que tous leurs actes soient encore tolérés par certains dans l’espoir qu’ils se repentissent et qu’ils retrouvent le chemin du patriotisme et de l’honnêteté qui leur a toujours manqué. C’est peine veine puisque leur leader n’a qu’un dieu, c’est l’argent et qu’une foi, le pouvoir. Il est prêt à les sacrifier, et le pays pays avec pour y arriver. Mais ça, aucun d’eux ne veut l’admettre ni le voir. Portant ce ne sont pas les exemples qui manquent pour le prouver. Reveillez-vous avant qu’il ne soit trop tard, si ça n’est pas déjà le cas.
12 h 19, le 16 avril 2023