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Politique - Élections

Municipales : le projet d’ajournement officiellement sur les rails

Le Parlement se réunira mardi pour acter l’accord politique élargi conclu en coulisses pour remettre le scrutin à plus tard.

Municipales : le projet d’ajournement officiellement sur les rails

Le bureau de la Chambre réuni hier à Aïn el-Tiné. Hassan Ibrahim/Parlement libanais

Quand la boucle est bouclée loin des projecteurs, pas besoin de se soucier des procédures légales et constitutionnelles. Un accord plus ou moins souterrain ayant déjà été conclu pour se débarrasser des élections municipales et les reporter aussi loin que possible, la procédure pour le mettre en œuvre peut aisément être enclenchée.C’est ainsi que le président de la Chambre, Nabih Berry, s’est empressé hier de convoquer les députés à une séance plénière qui se tiendra mardi 18 avril à 11 heures place de l’Étoile. Une réunion qui sera dédiée « essentiellement à la prorogation des mandats des conseils municipaux », pour reprendre la litote utilisée par le vice-président de la Chambre, Élias Bou Saab, pour désigner l’évacuation du scrutin qui semble embarrasser beaucoup de monde.

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Le chef du législatif est donc passé à l’acte moins de 24 heures après la réunion des commissions parlementaires conjointes, mercredi, qui s’était soldée par une entente autour du report des élections, censées être tenues en mai. M. Berry a pris sa décision sans attendre l’issue d’une réunion du bureau de la Chambre qu’il avait pourtant lui-même convoquée pour établir l’ordre du jour de la séance législative. Ce qui tend à signifier que cet ordre du jour n’a pas d’importance en soi et que le but de la réunion est de renvoyer le scrutin. À cet effet, le Parlement doit adopter une proposition de loi bénéficiant d’ores et déjà du soutien du tandem chiite, mais aussi d’une couverture chrétienne dont se chargera le bloc du Courant patriotique libre de Gebran Bassil. La démarche de Nabih Berry a donc réduit la réunion du bureau de la Chambre, hier à Aïn el-Tiné, à un exercice de pure forme. Mais la présidence du Parlement ne l’entend pas de cette oreille. « La convocation aux séances parlementaires est une prérogative que le président de la Chambre exerce d’une manière individuelle », rappelle un proche de M. Berry contacté par L’Orient-Le Jour.

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Une explication qui ne semble pas convaincante pour nombre de députés, dont Marwan Hamadé. « Nabih Berry a besoin d’un agenda » pour convoquer la séance, dit-il à L’OLJ. Le bureau de la Chambre s’est donc réuni hier pour établir cet agenda. L’ordre du jour devait notamment inclure la proposition de loi d’Élias Bou Saab, prorogeant le mandat des municipalités jusqu’au 30 septembre. Allant dans le même sens, une autre proposition élaborée par Sajih Attiyé, député du Akkar, et son collègue de Denniyé Jihad Samad, reportant le scrutin d’un an a également été présentée. Mais pour éviter toute éventualité de vide, le bureau de la Chambre a élaboré un texte combinant les deux propositions de loi et prorogeant le mandat des municipalités jusqu’au 31 mai 2024 au maximum, rapporte à L’OLJ un parlementaire présent à la réunion d’hier. « Nous laissons au gouvernement le soin de tenir les municipales au bon moment », a expliqué Élias Bou Saab à sa sortie de Aïn el-Tiné. Il renvoyait la patate chaude au cabinet déjà accusé de manquement à ses devoirs.

Mikati désormais « prêt à financer »

De son côté, Nagib Mikati a soigneusement choisi de faire son entrée en scène, hier, soit au lendemain du report des municipales. Après maintes tergiversations, le Premier ministre sortant a convoqué son gouvernement à une réunion qui aura lieu (aussi) mardi à 15h30 au Sérail. Quelques heures seulement après la séance parlementaire qui ajournera les élections municipales, le cabinet de Nagib Mikati discutera donc des salaires des fonctionnaires du secteur public (tels qu’avalisés lors d’une réunion de la commission ministérielle chargée du dossier, mercredi dernier), mais aussi… du financement des municipales. « Ce sera trop tard », commente Marwan Hamadé sur un ton badin. La démarche de Nagib Mikati est loin de relever du pur hasard. Le choix de la date du Conseil des ministres permet à plusieurs observateurs de noter que le chef du gouvernement sortant était probablement au courant de la décision de reporter les municipales, concoctée quelques heures plus tôt. Or seul le feu vert du tandem chiite Amal-Hezbollah permet à M. Mikati de tenir un Conseil des ministres, mais ce feu vert ne peut venir qu’après l’entrée en vigueur du report des municipales, un scrutin dont les deux partis chiites ne veulent clairement pas. Cependant, M. Mikati n’est pas d’accord pour conclure qu’il existe une collusion entre lui et le tandem chiite sur cette question. À ses yeux, la convocation d’une séance gouvernementale est une réponse à ceux qui lui ont renvoyé la balle du report des élections. « Je veux faire comprendre à tout le monde que je suis prêt à financer et organiser le scrutin », dit-il à L’OLJ. Une prise de position que le ministre sortant de l’Intérieur, proche de lui, a réitérée hier à l’issue d’un entretien avec le patriarche maronite, Béchara Raï, à Bkerké. Le Premier ministre est donc désormais disposé à avaliser le recours aux droits de tirage spéciaux du FMI pour financer le scrutin. Une option qu’il rejetait jusque-là. « Je ne pouvais pas consacrer une somme d’argent à un scrutin qui risquait d’être ajourné », commente-t-il.

En somme, Nagib Mikati ne veut pas faire seul les frais d’une décision impopulaire. Quant à Nabih Berry, il a gagné son pari sur la législation de nécessité (en temps de vacance présidentielle), avec couverture aouniste.

Maoulaoui réitère son appel à organiser le scrutin

Le ministre sortant de l’Intérieur Bassam Maoulaoui a réitéré hier, à l’issue d’une rencontre avec le patriarche maronite Béchara Raï à Bkerké, son appel à la tenue des municipales prévues en principe à partir du 7 mai prochain, mais qui risquent désormais d’être reportées.

« J’ai mis l’accent sur la nécessité de tenir les élections municipales. Nous sommes prêts au niveau administratif. Nous espérons qu’elles seront organisées, si la loi est appliquée », a indiqué M. Maoulaoui. « Ce qui entrave la tenue des municipales, c’est l’absence de volonté politique », a-t-il dit, avant d’ajouter : « Nous attendons les financements nécessaires. »

Mercredi, les commissions parlementaires conjointes réunies place de l’Étoile n’ont pas pu s’entendre sur les moyens de financer le scrutin dans un contexte de crise économique inédite et sur fond d’une grève des fonctionnaires. Le vice-président de la Chambre Élias Bou Saab a alors signalé la nécessité d’une seconde prorogation du mandat des conseils municipaux (qui devait expirer le 31 mai prochain après un premier report en 2022), faisant assumer la responsabilité au gouvernement sortant. M. Bou Saab a par la suite présenté une proposition de loi prévoyant la prorogation du mandat des conseils municipaux jusqu’au 30 septembre prochain. D’après des informations qui ont fuité mercredi soir, le mandat des conseils municipaux pourrait même se voir proroger d’un an au lieu de quatre mois. Bassam Maoulaoui – et derrière lui le cabinet du Premier ministre sortant Nagib Mikati – estime avoir rempli son devoir en convoquant les collèges électoraux et en fixant les dates du scrutin, et fait désormais assumer au Parlement la responsabilité d’assurer son financement.

Au cours de sa rencontre avec le patriarche maronite, le ministre sortant de l’Intérieur a par ailleurs évoqué « la nécessité d’élire un président de la République au plus vite ». « Les Libanais doivent profiter des ententes régionales, notamment pour élire un chef de l’État », a-t-il dit.

Béchara Raï a également rencontré à Bkerké le chef de l’armée, le général Joseph Aoun, avec lequel il a passé en revue la situation sécuritaire du pays.

Quand la boucle est bouclée loin des projecteurs, pas besoin de se soucier des procédures légales et constitutionnelles. Un accord plus ou moins souterrain ayant déjà été conclu pour se débarrasser des élections municipales et les reporter aussi loin que possible, la procédure pour le mettre en œuvre peut aisément être enclenchée.C’est ainsi que le président de la...

commentaires (5)

quand vont ils comprendre la logique de base des elections municipales .les electeurs devraient etre ceux qui habitent la region depuis un certain nombre d annees ,natifs ou pas ,qui sont concernes par les services municipaux. ce n est pas les seuls natifs de la region qui sont seulement concernes.

Jimmy Barakat

20 h 27, le 14 avril 2023

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Commentaires (5)

  • quand vont ils comprendre la logique de base des elections municipales .les electeurs devraient etre ceux qui habitent la region depuis un certain nombre d annees ,natifs ou pas ,qui sont concernes par les services municipaux. ce n est pas les seuls natifs de la region qui sont seulement concernes.

    Jimmy Barakat

    20 h 27, le 14 avril 2023

  • - CE N,EST QUE RITUEL. LE TOUT EST CONCOCTE, - *LA TRIBU REUNIE A AIN EL TINE MEME*, - PUIS, POUDRE AUX YEUX DES GENS, A LA CHAMBRE VOTE. - ON DAIGNE SIGNALER A MIKO L,ANATHEME. = - POUR DEMOCRATIE ON NOUS SERT LA CLOWNERIE. - AIN EL TINE DE FAIT FIXEE EN PARLEMENT. - MAIS OU SONT CEUX DONT ILS SE FOUTENT ? IRONIE - ILS VOIENT ! SE TAISENT ! SOUS LEURS YEUX MEURT LE LIBAN.

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 03, le 14 avril 2023

  • "pas besoin de se soucier des procédures légales et constitutionnelles.". Bien sûr, la Constitution stipule que le Parlement n'est, en période de vacance présidentielle, un simple collège électoral et ne peut donc pas légiférer. Mais pourquoi s'embêter à élire un président? D'ailleurs, à quoi ça sert, un président? Et à quoi ça sert, une Constitution?

    Yves Prevost

    07 h 21, le 14 avril 2023

  • Apres le vol de notre argent , c'est le vol de notre droit de voter . La democratie qui retrecit comme peau de chagrin au Liban

    HAGE CHAHINE Mikhael

    05 h 19, le 14 avril 2023

  • Cette bande d’hiboux qui nous gouvernent… Quel tableau!

    Mago1

    03 h 55, le 14 avril 2023

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