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Nos Lecteurs ont la Parole

L’islamophobie, non l’islam, une menace pour l’Union européenne

Au cours des dernières décennies, une idée répandue dans divers cercles consistait à dire que l’islam représenterait une menace pour l’Europe. Cette vision s’est progressivement ancrée dans les consciences collectives, souvent exacerbée par les événements dramatiques qui ont émaillé l’actualité ces dernières années, comme les actes de terrorisme commis par des musulmans extrémistes et le flux d’immigrés musulmans en Europe s’ajoutant à ceux déjà existants. Cette méfiance s’est même transformée dans certains milieux en islamophobie, vrai danger, à notre sens, pour l’Europe, son unité et ses valeurs, mais aussi pour les musulmans.

Le terrorisme n’a certes pas de religion. Cependant, les actes de terrorisme commis par des individus se revendiquant de l’islam ont contribué à alimenter les stéréotypes négatifs et les préjugés envers les musulmans en Europe, alors que ces actes ne reflètent en rien les enseignements de cette religion. En effet, la grande majorité des musulmans européens condamne fermement le terrorisme islamique et les attentats perpétrés au nom de la religion, et de nombreux leaders religieux musulmans européens se sont prononcés publiquement contre ce terrorisme, organisant même des campagnes pour lutter contre l’extrémisme. De plus, les musulmans sont souvent les premières victimes du terrorisme, comme l’ont montré les attentats perpétrés par des groupes comme Daech en Irak, en Syrie et ailleurs. En réalité, en examinant de plus près la situation, on peut constater que le terrorisme n’est pas la cause fondamentale de l’islamophobie. Cette dernière est plutôt le résultat de préjugés et de stéréotypes négatifs envers les musulmans, qui existent depuis des siècles et ont été renforcés par la colonisation.

La vague de migration de populations musulmanes en Europe a débuté dans les années 1950 et 1960 afin de répondre aux besoins de main-d’œuvre nécessaire pour le développement économique et la reconstruction de l’Europe après la Seconde Guerre mondiale. Cependant, il est également vrai de souligner que la colonisation de certains pays par les puissances européennes a eu des conséquences désastreuses sur la qualité de vie des populations locales, effets qui ont persisté même après l’indépendance de ces pays. Les gouvernements corrompus, souvent soutenus par l’Occident afin de continuer à profiter des richesses naturelles des pays décolonisés, ont encore contribué à cette détérioration et poussé les habitants de ces pays à chercher des conditions de vie meilleures ailleurs, notamment en Europe.

Les musulmans en Europe constituent une minorité religieuse importante, dotée d’une grande diversité de cultures, de traditions et de pratiques religieuses. Ainsi, il y a une grande différence entre les musulmans pakistanais en Angleterre, les Turcs en Allemagne et les Maghrébins en France. Ils représentent, dans leur ensemble, environ 4,9 % de la population européenne de l’Ouest, avec une proportion de 8,8 % en France. Bien que l’intégration et l’adaptation à la société d’accueil aient progressé de génération en génération, le rejet envers les musulmans persiste encore. Nous en sommes actuellement à la troisième génération de musulmans en Europe après l’immigration des années 1950 et 1960.

La première génération d’immigrants en Europe, celle des années 1950 et 1960, était principalement composée de travailleurs originaires d’Afrique du Nord. Ils avaient quitté leur pays d’origine pour travailler dans le bâtiment, dans les usines et les mines en Europe, laissant derrière eux leur famille et leur milieu. Cette génération a dû relever de nombreux défis, notamment la marginalisation en raison du statut d’immigrant et de la religion, ainsi que la difficulté à s’intégrer dans la société européenne. La plupart de ces travailleurs immigrés vivaient entre eux, dans des quartiers populaires, souvent en banlieue, où ils étaient confrontés à des conditions de vie difficiles. Ils étaient souvent mal logés et ne bénéficiaient pas des mêmes prestations sociales que les autres habitants du pays. En outre, ils étaient confrontés à des discriminations en matière d’emploi et de logement en raison de leur statut d’immigrés.

La deuxième génération, elle, est composée des enfants d’immigrants qui sont arrivés en France grâce à la loi sur le regroupement familial des étrangers adoptée en 1976. Cette génération a grandi en Europe et a bénéficié de l’éducation et des opportunités économiques offertes par le pays d’accueil. Il s’agit d’une génération hybride, ayant hérité à la fois des cultures et des valeurs de ses parents immigrés et des influences européennes. Elle se trouve ainsi à la croisée des chemins entre deux mondes.

Bien que la majorité des membres de cette génération soit composée de citoyens européens qui contribuent positivement à la société française, certains d’entre eux affirment publiquement leur appartenance à la religion musulmane en réaction à leur discrimination, et cela en portant des vêtements particuliers qui signalent leur religion ou en organisant des manifestations religieuses dans les espaces publics. Cependant, seul un nombre restreint d’individus se radicalisent, agissant souvent ainsi en réponse à la discrimination dont ils sont victimes.

La troisième génération de musulmans en Europe est constituée des descendants de la première et de la deuxième génération qui ont grandi dans une société européenne plus inclusive et plus pluraliste. Ils sont mieux intégrés que leurs prédécesseurs car l’impact de leur famille et de leur clan est devenu moins important et parce qu’ils ont été mieux préparés à la vie occidentale. Cependant, ils font face à de nouveaux défis tels que la radicalisation politique, la discrimination religieuse, la perte de l’identité culturelle et l’assimilation forcée.

Une étude de l’institut Bertelsmann Stiftung, publiée en août 2017, a révélé que l’intégration des populations d’origine musulmane marquait des progrès en Europe de l’Ouest. Cependant, le rapport « Moniteur des religions » a indiqué que l’acceptation de la religion musulmane par les populations locales appartenant à d’autres religions était limitée. Cette étude se fonde sur cinq pays européens : la France, l’Allemagne, la Suisse, l’Autriche et le Royaume-Uni.

Le rapport conclut au fait que la troisième génération de musulmans immigrés en Europe est bien intégrée dans la société européenne, avec un bon niveau d’éducation et une maîtrise satisfaisante de la langue du pays d’accueil. De plus, cette catégorie jouit d’un fort sentiment d’appartenance à la société d’accueil.

Le rapport compare la situation des populations musulmanes en France à celle de ses voisins européens, démontrant que la France obtient de meilleurs résultats en termes d’éducation. En effet, seul un musulman sur dix quitte le système scolaire avant l’âge de 17 ans en France, contre environ quatre musulmans sur dix en Allemagne. Cependant, les musulmans en France subissent des conditions d’accès à l’emploi moins favorables qu’en Allemagne, avec un taux de chômage plus élevé que la moyenne de la population : 14 % contre 8 %. Actuellement, environ 31 % des musulmans se déclarent non religieux en Europe.

Ce même rapport montre que la population locale éprouve un certain malaise à l’égard des musulmans en raison de leurs différences culturelles et religieuses, notamment du maintien de liens avec leur pays d’origine. Dans certains pays, comme en Autriche, plus d’un quart de la population non musulmane ne souhaite pas avoir de voisins musulmans, tandis que ce pourcentage s’élève à 19 % en Allemagne et à 14 % en France.

L’islamophobie persiste donc en Europe et a des conséquences négatives sur les communautés musulmanes ainsi que sur l’ensemble de la société européenne. Elle menace l’unité et les valeurs fondamentales de l’Union européenne en encourageant la haine et la stigmatisation envers les personnes musulmanes. Cela renforce la position des groupes d’extrême droite avec leur discours nationaliste, anti-immigratoire et anti-européen, menaçant de ce fait l’Union européenne.

Le résultat de l’exploitation de l’islamophobie par les partis d’extrême droite a émergé en Italie où le parti d’extrême droite a pris le pouvoir, ainsi qu’en France, en Allemagne et en Suisse où ces groupes politiques sont en hausse dans les sondages. Cette situation est dangereuse et nécessite une action, sachant qu’il n’existe pas de solution simple et rapide pour y remédier. Une approche à plusieurs niveaux est nécessaire, notamment en éduquant le public à la diversité culturelle et religieuse, en renforçant les lois et les politiques de lutte contre la discrimination et en promouvant le dialogue interculturel. La lutte contre l’islamophobie devrait être une priorité pour toutes les forces démocratiques afin de préserver l’Union européenne et ses valeurs.

Architecte D.P.L.G.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Au cours des dernières décennies, une idée répandue dans divers cercles consistait à dire que l’islam représenterait une menace pour l’Europe. Cette vision s’est progressivement ancrée dans les consciences collectives, souvent exacerbée par les événements dramatiques qui ont émaillé l’actualité ces dernières années, comme les actes de terrorisme commis par des musulmans...

commentaires (12)

L'article présente le fait que les musulmans en Europe ont été divisés en trois générations, chacune ayant réagi différemment en ce qui concerne son intégration dans la société européenne. Selon les statistiques, la troisième génération n'est pas majoritaire, mais elle est celle qui tend vers le désir d'intégration.

Boustani Georges

20 h 39, le 09 mars 2023

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Commentaires (12)

  • L'article présente le fait que les musulmans en Europe ont été divisés en trois générations, chacune ayant réagi différemment en ce qui concerne son intégration dans la société européenne. Selon les statistiques, la troisième génération n'est pas majoritaire, mais elle est celle qui tend vers le désir d'intégration.

    Boustani Georges

    20 h 39, le 09 mars 2023

  • L'article présente le fait que les musulmans en Europe ont été divisés en trois générations, chacune ayant réagi différemment en ce qui concerne son intégration dans la société européenne. Selon les statistiques, la troisième génération n'est pas majoritaire, mais elle est celle qui tend vers le désir d'intégration.

    Boustani Georges

    20 h 34, le 09 mars 2023

  • L'article présente le fait que les musulmans en Europe ont été divisés en trois générations, chacune ayant réagi différemment en ce qui concerne son intégration dans la société européenne. Selon les statistiques, la troisième génération n'est pas majoritaire, mais elle est celle qui tend vers le désir d'intégration.

    Boustani Georges

    20 h 31, le 09 mars 2023

  • Désolé, il est difficile d’accepter des contre-vérités. Dire qu’il y a une minorité qui s’affiche avec des vestiments et des voiles, est faux. Dans chaque ville en France, moyenne et grande, il y a des larges espaces habités par des musulmans où on voit fréquemment dans les rues des femmes voilées, pire des filles adolescentes voilées voire encore plus jeune. La société française s’est ouverte à l’Islam, plusieurs journalistes, médecins, avocats, ministres sont d’origine musulmane…les sociétés musulmans font-elles de même avec leur minorité chrétienne qui reste au 21eme siècle des citoyens de seconde zone?…..Non, il y a un réel problème d’intégration, profond et non superficiel. L’islam véhicule des valeurs à l’antipode des valeurs de la Renaissance et de la Lumière. Le jour où l’islam devient majoritaire, il reviendra au Coran et demandera son application, mais les choses vont progressivement. Le jour où le monde arabe change, et applique la non discrimination et d’autres valeurs, j’accepterai de dire que l’islam en Europe prendra à cœur les valeurs de l’Occident.

    FRANGI Issam

    19 h 53, le 09 mars 2023

  • la république ne reconnait que des individus-citoyens c'est grâce à cela que la guerre civile n'existe plus en France depuis 250 ans , je vous demande que nous refusions ensemble cette vision communautariste de la société.

    Henri FLACH

    16 h 42, le 09 mars 2023

  • On voudrait bien le croire. L'histoire du Levant, la guerre d'Algerie, les guerres civiles libanaise et syrienne ou autre ne supportent pas la notion d'integration.Les lignes de demarcation restent communautaires.L'acculturation est restee inachevee.Le spectre de l'analphabetisme reste le pricipal handicap.

    M.J. Kojack

    16 h 28, le 09 mars 2023

  • L'islamophobie est un terme qui désigne la peur, la haine, la discrimination et la stigmatisation envers les musulmans ou l'islam en général. Cet article se penche sur l'intégration des musulmans en Europe et montre, à travers des statistiques, que la nouvelle génération musulmane aspire à s'intégrer dans la société européenne. Il explique également que le repli sur soi et les préjugés ne sont pas une solution, mais au contraire, une menace pour l'Union européenne. L'article analyse les raisons de cette situation et met en lumière l'importance de la solidarité et de la compréhension mutuelle entre les différentes communautés.

    Boustani Georges

    16 h 00, le 09 mars 2023

  • L'islamophobie est un terme qui désigne la peur, la haine, la discrimination et la stigmatisation envers les musulmans ou l'islam en général. Cet article se penche sur l'intégration des musulmans en Europe et montre, à travers des statistiques, que la nouvelle génération musulmane aspire à s'intégrer dans la société européenne. Il explique également que le repli sur soi et les préjugés ne sont pas une solution, mais au contraire, une menace pour l'Union européenne. L'article analyse les raisons de cette situation et met en lumière l'importance de la solidarité et de la compréhension mutuelle entre les différentes communautés.

    Boustani Georges

    15 h 57, le 09 mars 2023

  • Il n'a pas de belligérants d'égale valeur, il y la République et ses lois d'un coté et de l'autre, les apprentis sorciers du communautarisme et de l'obscurantisme. La dialectique d'inversion accusatoire dont votre article est l'archétype doit être démontée.

    Henri FLACH

    15 h 12, le 09 mars 2023

  • Merci pour l'intérêt que vous avez porté à l'article. Je comprends votre réaction, j'attendais même une réponse plus sévère, car l'article traite d'un sujet très délicat qui divise l'Europe en deux et pour lequel le dialogue entre les belligérants est difficile.

    Boustani Georges

    09 h 09, le 09 mars 2023

  • Le probleme est mal pose. Si on decide d'emigrer ou de chercher refuge dans une autre culture, il incombe a l'emigre de s'integrer, et non au deracine de vouloir imposer sa culture.

    M.J. Kojack

    15 h 52, le 08 mars 2023

  • Evoquer la soi-disant islamophobie est déjà se faire l'idiot utile des islamistes. Ce concept est une fabrication astucieuse de ceux qui tournent le dos aux lumières européennes pour instaurer un climat oppressant au nom de la diversité et de la tolérance ou la critique possible (voire nécessaire) des religions devient condamnable et bannissable. A titre personnel, je respecte profondément les religions et les croyances en tant qu'homme. Mais en tant que citoyen, je me battrait avec acharnement pour que le droit au blasphème soit toujours possible au sein de l’union européenne. C 'est cela les valeurs de l’Europe . La soi-disant lutte contre l’islamophobie dans son hypocrisie fondamentale n'est qu'une lamentable trace dans sa version victimaire du retour en force de la nostalgie de l'inquisition. HENRI FLACH

    Henri FLACH

    14 h 51, le 08 mars 2023

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