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Nos Lecteurs ont la Parole

Les politiques au Liban : théâtre des tartuffes

Nos politiques cultivent la réflexion d’Edgar Faure, ancien Premier ministre en France : « Si je suis dans l’embarras, une solution pour m’en sortir, l’embrouille. » Pour pouvoir administrer le pays il faillait que les politiques possèdent un niveau de savoir et une bonne conscience. La majorité des politiciens sont d’anciens miliciens. Ni ils ont oublié leurs réflexes primaires ni ils ont évolué vers un niveau d’un responsable ayant conscience de la chose publique. Cette notion emmène à la bonne gestion du pays et à une bonne gouvernance. En d’autres termes, sortir des clivages extrêmes et s’accorder sur un Liban uni et rassembleur de toutes ses tendances. Il nous faut des responsables honnêtes cultivant l’endurance et la protection du peuple, son développement et ses intérêts. Or nos responsables paraissent préoccupés par leurs intérêts personnels et érigent des barrières pour empêcher l’établissement d’un État. Ils cultivent l’embrouille et la débrouille. C’est un comportement antisocial, un manque de recherche de leur part, un manque d’honnêteté et d’estime de soi. Ayant toujours recours à la manipulation pour obtenir ce qu’ils désirent, ils ne sentent aucune empathie et sont insouciants du malheur des autres, mais ils exploitent plutôt les autres, ceux-là mêmes qu’ils sont supposés servir. Ils cultivent le mensonge pathologique, la violation des règles sociales et la tendance à blâmer les autres. Les traits dominants sont le narcissisme, la dominance sociale, le manque de peur, c’est le caractère des sociopathes. Par ailleurs tous leurs comportements sont déviants et à l’encontre de la société et contre sa bonne organisation. De plus ils cultivent l’arrogance, la tromperie et la tartufferie. La personnalité de nos politiques explique l’état de ruine dans lequel se trouve notre pays… À répéter nos malheurs on finit par s’en accommoder, tout accepter et on se noie dans des explications et des digressions stériles. Tous les corps de l’État crient misère et finissent par se disputer, chacun jetant la faute sur un autre groupe du même clan. Même les ministres se dérobent et s’accusent mutuellement. C’est par faute de référence à des règles, des lois qu’une société se dégrade. Mais plus encore le manque de moyens matériels entraînant les disputes et les tracasseries et surtout les bagarres entre les groupes sociaux. Mais enfin qui a détruit le pays ? L’histoire nous le dira, les historiens feront différentes lectures mais en attendant voyons l’état des lieux. Le Liban est un petit pays pris dans une tourmente régionale et des tiraillements entre les puissances mondiales. Essayons d’avoir une approche globale et simplifiée faite pour les nuls comme on dit. La faiblesse de l’État, par le fait des responsables politiques, a fait éclater le pays et entraîné sa paralysie à tous les niveaux. Poursuivant les guerres miliciennes, un groupe armé continue sa trajectoire guerrière pour le compte d’une mollarchie extérieure. En imposant son diktat aucune réforme n’a pu aboutir, aucun plan constructeur n’a vu le jour et la conséquence entraîne une corruption tous azimuts. Qui peut corriger cette situation et redresser le pays ? Ce petit pays était florissant et bien-pensant, en bonne intelligence avec ses voisins longtemps avant qu’il n’y ait la flamme du pétrole et tous les remous de la région. Répétons-le, la justice est en berne, l’éducation s’effondre, la médecine s’essouffle tant dans les universités que dans les hôpitaux. Le réseau bancaire est en faillite, l’inflation est galopante, les salaires sont insuffisants. Par contre, la criminalité et les vols sont en hausse et le trafic de drogue aussi. Nos diplômés et nos jeunes désertent le pays… Un tableau tout ce qu’il y a de plus lugubre. Il s’y ajoute le poids des déplacés palestiniens et syriens et la pression de l’extérieur pour les implanter au Liban et ruiner le pays. Ce Liban est sommé de subir la chute des montagnes russes ou bien la roulette russe. Il persiste la structure de l’armée, solide et vaillante mais avec des moyens limités et des difficultés qui vont grandissantes. Les établissements publics sont des labyrinthes sans fin. La soi-disant infrastructure, eau, électricité, réseaux routiers sont dans un état de délabrement ou presque inexistant. Les Libanais se disputent les positions des chefs, et défendent les slogans de ceux-là mêmes qui les ont mis dans la misère. Que défendent-ils en fait ? Leurs illusions projetées sur les prétendus guides. D’ailleurs ces prétendus responsables ne paraissent avoir aucune autonomie, ils sont toujours en attente d’une voix venant de l’extérieur, qu’ils intériorisent rapidement. Chaque leader obéit soit à des sommations extérieures, soit à des voies intérieures malfaisantes. De braves bien-pensants dénoncent de façon globale le peuple qui va aux élections et choisit les plus mauvais pour le représenter. C’est la faute du peuple disent-ils. Mais le peuple est abusé. Que fait le Parlement et son président à part la tragi-comédie de l’élection d’un président. Il y a des lois qui règlent les travaux des commissions, et l’aboutissement à des lois. Il y a le gouvernement avec un chef et des ministres qui doivent gérer la bonne marche de l’État. Où sont-ils ? Que font-ils ? Quand on dit le Parlement, le gouvernement, ce sont des personnes qui guident ces institutions qui doivent être responsables et qui doivent rendre des comptes. Ils sont défaillants. Qui arrive à décider honnêtement dans ce pays ? Qui peut entrevoir où va le pays ? Chacun dans son coin ronronne, questionne, ou demande assez haut qui va sauver le pays ?... Les responsables intérieurs sont figés dans leurs positions et incapables de raisonner, d’échanger, ou d’imaginer la relève. Des personnes honnêtes dans le pays doivent se déclarer et soulever le peuple vers les voies de l’émancipation et de la révolte. Qu’importe la formule à venir. Si le consensus de l’unité n’est pas trouvé, la séparation est inéluctable et chaque groupement pourra retrouver la paix, la liberté et les aspirations que dessinent ses rêves. Chaque espace doit pouvoir décider pour sa gestion en application des accords de Taëf pour une décentralisation élargie et d’autres clauses qui restent à mettre en application. D’où le besoin de faire appel à l’extérieur comme par le passé à Doha et à Taëf. Mais le plus important, c’est l’éclosion d’un noyau intérieur qu’il reste à dessiner pour prendre la relève dans un Liban meurtri. Ces nouveaux responsables sont là et avec le soutien d’une diaspora fidèle au pays capable à tous les niveaux. Ces nouveaux responsables sont capables de réveiller le peuple de l’illusion et des mensonges dans lesquels ils sont noyés et mettre les tartuffes en jugement.

Adel AKL

Psychiatre, psychanalyste

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Nos politiques cultivent la réflexion d’Edgar Faure, ancien Premier ministre en France : « Si je suis dans l’embarras, une solution pour m’en sortir, l’embrouille. » Pour pouvoir administrer le pays il faillait que les politiques possèdent un niveau de savoir et une bonne conscience. La majorité des politiciens sont d’anciens miliciens. Ni ils ont oublié...
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