Les autorités libanaises s'engagent à "prendre toutes les mesures pour ne pas offenser l'Arabie saoudite", a assuré samedi le Premier ministre sortant Nagib Mikati au prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammad Ben Salmane. "MBS" a reçu M. Mikati à Riyad, deux jours après une réunion du Conseil de coopération du Golfe (CCG) qui avait appelé Beyrouth à "respecter la Constitution et ses échéances".
Le Liban est plongé dans une crise économique doublée d'une crise politique. Il est depuis le 1er novembre confronté à une vacance politique totale au niveau de l'Exécutif : aucun président n'a encore été élu depuis le départ de Michel Aoun le 31 octobre, et le gouvernement est démissionnaire et chargé seulement d'expédier les affaires courantes. De plus, les séances du Parlement consacrées à l'élection d'un chef de l’État se suivent et se ressemblent, les députés ne parvenant pas à s'entendre sur un candidat, faute d'accord politique.
Insistance sur Taëf
Dans un communiqué publié par l'agence de presse officielle saoudienne SPA et relayé par le Grand Sérail, Nagib Mikati a "affirmé l'engagement du gouvernement libanais à prendre toutes les mesures pour ne pas offenser le Royaume d'Arabie saoudite et tous les pays arabes, en particulier les États membres du CCG", lors de son entrevue avec MBS. Le royaume insiste régulièrement sur la lutte contre les "organisations terroristes" au Liban, ciblant par cette expression le Hezbollah, parti-milice ouvertement pro-Iran et bête noire de Riyad.
M. Mikati a aussi remercié le prince héritier saoudien "des prises de positions de l'Arabie saoudite envers le Liban" et du rôle qu'elle a joué lors de l'accord de Taëf, conclu en 1989, qui avait mis fin à la guerre civile.
Les deux dirigeants ont insisté sur "l'importance d'élire un président au Liban et de mettre en œuvre les réformes auxquelles aspirent le peuple libanais et la communauté internationale", poursuit le texte, qui souligne que Mohammed Ben Salmane a réaffirmé à Nagib Mikati l'attachement du royaume "à la sécurité et à la stabilité" du Liban et la poursuite des aides humanitaires venues de Riyad.
Fin 2021, l'Arabie saoudite et d'autres pays du CCG avaient tous rappelé leurs ambassadeurs au Liban, après des tensions diplomatiques survenues notamment suite à des propos de l'ex-ministre libanais de l'Information Georges Cordahi sur le rôle de Riyad dans la guerre au Yémen. Les monarchies du Golfe voient également d'un très mauvais œil l'influence croissante du Hezbollah au Liban. Les relations entre Beyrouth et les monarchies du Golfe se sont depuis réchauffées.
La communauté internationale appelle régulièrement les dirigeants libanais à élire un président rapidement, et le faisait déjà bien avant le départ de Michel Aoun. Mais en dépit des appels successifs, aucune initiative diplomatique ne s'est concrétisée jusque-là.
En décembre 2021, Paris et Riyad avaient mis en place un mécanisme franco-saoudien pour financer des projets dans les domaines médical, éducatif, social et humanitaire au Liban.
commentaires (12)
Mikati promet quelque chose qu'il n'est pas capable de livrer. Il suffit que GB ou HN lance une remarque désobligeante et il aura décrédibilisé notre pays une fois de plus. Il soutient un candidat du Hezbollah, il n'a pas fait pas l'effort de former un gouvernement, il bafoue la constitution, tout comme GB ou HN d'ailleurs, et prétend vouloir faire avancer les choses alors qu'il participe au blocage. Il est difficile au peuple de comprendre les méandres de l’idéologie politicarde de certains des acteurs politique de ce pays. Même Einstein y perdrait sa relativité.
Pierre Christo Hadjigeorgiou
08 h 46, le 12 décembre 2022