« Aidez-nous à vous aider, bon sang! » Ce fameux cri d’alarme lancé en juillet 2020 par Jean-Yves Le Drian, ancien ministre français des Affaires étrangères, est toujours gravé dans la mémoire des Libanais. Mais pas dans celle des leaders politiques qui continuent de tergiverser en matière d’élection présidentielle, comme l’ont montré les cinq épisodes du feuilleton des séances électorales tenues jusqu’ici.
Face à cette farce locale, les principaux pays impliqués dans le dossier libanais poursuivent leur forcing pour que le futur président de la République soit élu dans les plus brefs délais. Mais, à ce stade, rien de concret n’est à attendre, les priorités étant ailleurs, notamment en Ukraine.
Les regards sont braqués d’abord sur la France, la puissance internationale la plus impliquée dans la question libanaise. Pour Paris, la priorité est claire : il faut commencer par élire un nouveau chef de l’État, premier pas sur la voie d’un redressement du pays. Une position que le président français Emmanuel Macron a réitérée devant le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, lors de leur rencontre, mardi dernier en Égypte, en marge de la COP27, conférence des Nations unies sur le réchauffement climatique. Mais dans la pratique, à quoi faut-il s’attendre ? Pour le moment, rien ne prête à croire que la communauté internationale passera à l’acte dans un avenir proche, dit un diplomate ayant pris part aux réunions tenues par Nagib Mikati en Égypte. Expliquant ce constat, un diplomate libanais souligne pour sa part, sous couvert d’anonymat, que « le dossier libanais ne figure pas en tête des priorités mondiales, les regards étant naturellement rivés sur la guerre en Ukraine et ses retombées économiques ».
« Mais cela ne signifie pas que nous restons les bras croisés », tempère un diplomate français à L’OLJ. Une source ministérielle proche de Nagib Mikati fait état d’« efforts français pour l’élection d’un nouveau président ». De même source, on tient à préciser que ces efforts ne sont pas liés à la mise en place des réformes économiques exigées par les pays donateurs pour venir en aide au pays en crise. « La communauté internationale n’a toutefois pas renoncé à cette demande », ajoute-t-elle. Dans ce cadre, la directrice du Fonds monétaire international, institution avec laquelle le Liban a déjà signé un accord de principe articulé autour d’une aide financière, a appelé, devant Nagib Mikati, à une accélération du processus avant qu’il ne soit trop tard, a appris L’OLJ auprès d’un proche du Premier ministre désigné. Ce dernier a déclaré jeudi à Reuters que même dans la situation actuelle – une vacance présidentielle et un gouvernement démissionnaire –, il pouvait signer un accord avec le FMI. Cela pourrait toutefois être perçu comme une provocation par les partis chrétiens, notamment le Courant patriotique libre de Gebran Bassil, qui dit craindre la mainmise du Conseil des ministres dirigé par un sunnite sur les prérogatives du chef de l’État maronite.
Conférence internationale pour le Liban ?
Ce qui est certain pour le moment, c’est que les efforts français pour un déblocage de la situation ne sauraient être assimilés à une initiative politique dans le plein sens du terme. En attendant, l’ONU s’est montrée disposée à s’inviter dans la partie pour accélérer le processus présidentiel au Liban, comme l’a déclaré le secrétaire général de l’organisation Antonio Guterres à M. Mikati lors de leur rencontre au Caire. « Il n’était pas question d’une conférence internationale pour le Liban. Mais le responsable onusien a posé la question de savoir comment l’ONU pourrait aider le Liban à aller de l’avant dans le processus politique. M. Mikati a répondu en appelant l’organisation à mener des contacts avec les pays qui ont de l’influence sur les péripéties politiques au Liban », dit un conseiller de Nagib Mikati. Il n’en demeure pas moins que la question de la tenue d’une conférence internationale pour le Liban est, de nouveau, sur le devant de la scène. Car le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, qui a été un des premiers à plaider pour la tenue d’une telle réunion internationale, est dernièrement revenu à la charge. « Le chef de l’Église maronite ne voit de solution qu’à travers une conférence internationale », affirme à L’OLJ Sejaan Azzi, ancien ministre proche du prélat maronite. Selon lui, « Mgr Raï serait en train de mener des contacts en coulisses pour atteindre cet objectif ». « Bkerké converge avec les grandes puissances sur le fait que la priorité devrait être accordée à la présidentielle. Et c’est pour cette raison que le patriarche était un des premiers à s’opposer à la table de dialogue que voulait parrainer le président de la Chambre Nabih Berry », ajoute l’ex-ministre.
commentaires (7)
Même photo qu'avec le président Macron d'il y a 4 jours à la COP 27 et à NY en septembre, notre PM est toujours dans la confidence, chuchotant dans l'oreille de son interlocuteur, comme si les murs avait une oreille!
Céleste
21 h 02, le 12 novembre 2022