"Je suis sur le point de signer le décret de démission du gouvernement", actuellement chargé de l'expédition des affaires courantes, a affirmé jeudi soir le chef de l'État libanais Michel Aoun à quatre jours de la fin de son mandat, qui expire le 31 octobre. Le président a ajouté qu'il "laisse une chance" durant les quatre jours restants aux responsables politiques et notamment au Premier ministre désigné Nagib Mikati pour aboutir à la formation d'un nouveau cabinet.
Au cours d'un entretien fleuve accordé à la chaîne locale LBCI, le chef de l'État est longuement revenu sur les derniers développements autour de l'accord sur la délimitation de la frontière maritime avec Israël, la version finale du document ayant été conclue aujourd'hui. "C'est mon cadeau aux Libanais, avant de partir", a notamment lancé M. Aoun à ce propos.
Un tour de yacht, et pas de gouvernement
"Je suis sur le point de signer" le décret de démission du gouvernement, a lancé Michel Aoun face à la journaliste Nada Andraos. "Nagib Mikati ne veut pas former de gouvernement", a-t-il lancé à l'adresse du Premier ministre désigné, lui imputant l'absence d'avancée sur ce dossier. "La dernière fois qu'on en a parlé en matinée, je lui ai dit qu'on pouvait former un gouvernement d'ici la soirée. Il s'est retiré, probablement parti faire un tour de yacht", a fustigé le chef de l'État avec ironie.
En raisons de désaccords entre les deux hommes sur la formule à adopter pour un nouveau cabinet, c'est l'équipe sortante menée par M. Mikati qui expédie les affaires courantes depuis le 22 mai dernier, après les élections législatives. "Je vais leur donner une chance pour ces quatre derniers jours", a déclaré le chef de l'État jeudi soir à l'adresse du milliardaire de Tripoli et des différentes formations politiques du pays, qui ont leur mot à dire dans la formation d'un gouvernement.
La menace d’un vide total au niveau de l’Exécutif se précise donc pour la première fois dans l’histoire du Liban. Sauf que selon la Constitution, le gouvernement est déjà considéré comme étant démissionnaire depuis la fin de la législature précédente et l’élection d’un nouveau Parlement, en mai dernier. Le président pourrait ainsi vouloir souligner plus fortement l’illégitimité du gouvernement Mikati en cas de vacance à Baabda. Mais il pourrait aussi chercher à signifier une révocation de la désignation de Nagib Mikati. Ce qui ouvrirait grand la porte à des scénarios de chaos constitutionnel, voire même sécuritaire.
"Nous avons obtenu nos droits, et plus encore"
Commentant la conclusion de l'accord autour de la démarcation de la frontière maritime avec Israël, le président Aoun s'est félicité de ce dernier développement : "Nous avons obtenu nos droits, et plus encore. Avec cet accord, nous avons donné un nouvel espoir aux Libanais car cela va nous permettre d'extraire le gaz", s'est-il réjoui, avant de lancer avec un sourire : "C'est mon cadeau aux Libanais, avant de m'en aller".
Selon le chef de l'État, la frontière sud du Liban avec Israël "est devenue stable" grâce à cet accord. Dans la foulée de la conclusion du deal, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a annoncé la fin des "mesures exceptionnelles" mises en place par son parti face à l'État hébreu depuis plusieurs mois, notamment depuis qu'une plateforme gazière est arrivée début juin dans le champ de Karish. De nombreuses menaces de guerre fusaient, aussi bien de la part du Hezbollah que de Tel-Aviv.
"On a délimité la frontière maritime pour ne pas faire la guerre", a affirmé Michel Aoun à ce sujet jeudi soir. "Il n'y a pas eu de signature d'un accord de paix avec Israël", a-t-il cependant justifié, alors que certains dénoncent une "normalisation" entre le Liban et l'Etat hébreu avec la conclusion de l'accord. Quant à la démarcation de la frontière maritime nord avec la Syrie, le président est revenu sur l'annulation récente par Damas d'une visite d'une délégation libanaise chargée par lui-même d'aller en Syrie discuter de cette question. "Il n'y a pas eu d'échec. Ce qui n'est pas advenu aujourd'hui arrivera demain", a-t-il espéré. "J'ai parlé avec le président (Assad), mais peut-être ne sont-ils pas prêts", a-t-il poursuivi. Michel Aoun s'était entretenu avec Bachar el-Assad en amont de cette supposée visite.
Présidentielle et réfugiés
Après quatre sessions parlementaires durant lesquelles les députés ont échoué à lui élire un successeur, Michel Aoun est revenu sur l'élection présidentielle au Liban. "Le dialogue autour du président échouera, mais la consultation peut mener à un résultat qui crée un dialogue entre deux parties", a-t-il indiqué, en allusion probable à une initiative du président de la Chambre Nabih Berry de consultation des groupes parlementaires. Il a ajouté qu'il "préfère qu'il n'y ait pas d'accords depuis l'étranger" autour de l'élection du prochain président.
Le chef de l'Etat a par ailleurs abordé la question du retour des réfugiés syriens dans leur pays, alors que les premiers bus de rapatriement sont partis du Liban pour la Syrie mercredi. "Il vaut mieux cela pour eux, plutôt que de rester dans des camps insalubres, avec une eau contaminée au choléra", a-t-il dit. Puis il a fustigé la communauté internationale : "C'est toujours difficile de se réunir avec eux. Ils empêchent les réfugiés de venir chez eux tout en combattant leur retour dans leur pays", a-t-il critiqué, alors que de nombreuses organisations internationales estiment que le retour des réfugiés en Syrie est dangereux. "Ils veulent les intégrer au peuple libanais", a-t-il conclu.
commentaires (15)
Son plus beau cadeau serait de plier ses bagages pour aller croupir à côté de son ami le barbu avec son gendre comme serviteur ... mais je doute de ses capacités mentales à pouvoir assumer sa responsabilité dans ce fiasco.
Zeidan
15 h 59, le 28 octobre 2022