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Santé - Fertilité

Congélation d’ovocytes : comment s’y prendre au Liban

Des femmes de plus en plus nombreuses ont recours à cette procédure pratiquée par nos médecins. Mais le sujet nécessite une sensibilisation plus poussée.

Congélation d’ovocytes : comment s’y prendre au Liban

Un ovocyte après extraction. Photo Grace Haber

« J’avais 35 ans quand un homme m’a – élégamment, mais crûment – fait comprendre que j’avais dépassé l’âge, uniquement parce que je n’étais pas encore mariée et n’avais pas eu d’enfant ! » témoigne Rouba, 39 ans. Au Liban, les femmes font souvent face à ce genre de clichés quand l’âge du mariage est repoussé, pour des considérations liées à la carrière ou autres. Mais, aujourd’hui, elles peuvent conjurer l’horloge biologique et gagner des années.

Et c’est ce qu’a décidé Rouba, qui a choisi comme bien d’autres de conserver un certain nombre de ses ovules par congélation, suite à des recherches personnelles et sur les conseils médicaux d’un professionnel.

Il semble que les ovules soient sécurisés puisque du point de vue électricité, celle-ci est assurée 24 heures sur 7 et que le stockage se fait à une température de -196 degré Celsius propice à une conservation de qualité.

« Le nombre d’années de stockage est sans limite et n’affecte en aucun cas la qualité des ovules prélevés, affirme-t-elle. Je me donne ainsi le temps de m’engager affectivement, sans me sentir bousculée. »

Selon le Dr Ziad Massaad, propriétaire d’IVF Lebanon, l’un des centres de stockage au Liban, « cette procédure est l’un des moyens les plus fiables pour assurer une grossesse saine ». « L’idéal serait toutefois de procéder à l’extraction de “bons ovules” avant l’âge de trente-cinq ans afin de les emmagasiner, surtout si la femme est à risque de ménopause précoce », explique-t-il.

Pour mieux orienter la décision de la patiente, un test sur le taux d’hormone anti-müllérienne ou AMH (une hormone produite par les tissus reproductifs qui joue un rôle dans le développement et la maturation de l’ovulation chez la femme) permet de dénombrer les ovules restants tout en déterminant si leur vieillissement s’accélère.

Pour des raisons de santé

Les raisons qui peuvent pousser une femme à recourir à cette procédure aujourd’hui ne se limitent pas à l’inquiétude concernant le temps qui passe, elles pourraient considérer cette option à n’importe quel âge à cause de problèmes de santé également. À titre d’exemple, des femmes atteintes de cancer et devant subir un traitement chimiothérapique pourraient vouloir congeler leurs ovules si elles craignent – ce qui est tout à fait légitime – que ces traitements n’affectent leur fertilité et leurs chances de tomber enceinte.

« L’administration d’agents chimio-thérapeutiques affecte la fonctionnalité des ovaires, et par conséquent la fertilité chez la femme », affirme le Dr Toufic Eid, chef du service gynécologique du Clemenceau Medical Center (CMC) et praticien de cette récupération d’ovules.

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Quelle que soit la raison d’une telle décision, qu’il convient de prendre vers 35 ans afin de s’assurer que la qualité des ovules préservés est intacte, un plus grand éveil et une prise de conscience plus importante sont nécessaires parmi les femmes, qui ne savent pas toujours qu’une telle option se présente à elles. Pour s’informer, elles devront se diriger en premier lieu vers leur gynécologue qui pourra les guider.

Toutefois, il reste à voir si cette congélation des ovules est accessible à toutes… Car il est clair qu’il s’agit d’une opération coûteuse dont les tarifs s’élèvent à près de 2 000 dollars, mis à part le coût des médicaments prescrits en parallèle qui peut atteindre 700 dollars. De nos jours, la crise financière au Liban peut limiter l’accès à cette procédure aux seules élites.

Le Dr Eid déplore le fait que conserver les ovules des femmes obligées de subir des traitements lourds ne soit pas considéré comme une priorité et ne soit pas couvert. « Il est désolant qu’aucune facilité d’accès à cette intervention ne soit donnée aux personnes atteintes de pathologies nuisibles à leur fertilité », dénonce-t-il.

Cet article est publié dans le cadre d’un concours organisé par WAN-IFRA Women.

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