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Nos Lecteurs ont la Parole

Quelle vision pour le prochain mandat présidentiel ?

À la veille d’une échéance nationale cruciale pour le Liban, nous nous enlisons encore une fois dans des considérations secondes sur les prérogatives du président ou du gouvernement et les modalités constitutionnelles de définition de quorum, ou les capacités du gouvernement démissionnaire.

Alors que la crise menace par son ampleur la paix civile et sociale ainsi que la structure même du pays, nous attendons les miracles d’un président dont nous nous sommes évertués à réduire le rôle bien au-delà de l’esprit ou du texte des accords de Taëf, et nous lui faisons supporter toute la responsabilité de la dégradation actuelle.

Si on examine objectivement les voies du salut que peut-on attendre d’une nouvelle présidence ?

Pour cela il faut partir de la souffrance des gens et de la perte des bases et moyens de leur survivance quotidienne, pour confirmer que la solution de pareille crise est essentiellement politique dont émaneront les solutions sociales économiques et financières. Doit-on pour autant en conclure que le président se doit de présenter un programme clair de gouvernement, sur lequel bâtir sa candidature ?

Il s’agit de se reporter aux textes pour expliciter le rôle du président.

Le président est le chef et le représentant de l’État, gardien de la Constitution et des frontières, préside les forces armées et préside de même, quand il y assiste, le Conseil des ministres seul détenteur du pouvoir exécutif.

Assurément, ce qui précède n’autorise pas l’exécution d’un programme, puisque le pouvoir revient au Conseil des ministres et c’est la déclaration d’investiture du gouvernement qui tient lieu de programme dont il devra répondre devant l’assemblée des élus.

Il vaudrait mieux, parlant de régime ou de mandat (« aahd »), de nommer un Premier ministre en phase avec le président, au moins pour la première et courte période de redressement.

Par contre, par respect pour le rôle présidentiel, tout aspirant à la magistrature suprême devrait avoir une vision sérieuse et claire, lui permettant d’aider, d’inspirer et orienter les politiques nationales.

Quelle vision attendre et quelles priorités ?

La première priorité réside dans la perpétuation et la survie du système, puis de sa remise en marche et enfin dans le rétablissement de la confiance pour ressusciter l’espoir. Le système consiste en un projet national, cadre de la vie en commun, et un régime politique moderne dont sont issus l’État et les administrations. Il faut insister sur le projet national expression de la volonté des Libanais pour vivre ensemble qui est devenu quasi fantomatique donnant lieu à toutes sortes d’interprétations. En clair, le projet national est l’interaction des contraires, l’Est et l’Ouest, l’islam et la chrétienté, entre un littoral ouvert influencé par les Empires, et la montagne refuznik attachée viscéralement à sa terre. Le régime politique est quant à lui inspiré de la Constitution française, démocratique parlementaire et garant de la libre entreprise et de la propriété privée.

À partir de là, quels sont les dangers existentiels qui menacent l’ensemble ?

Sur le plan externe, les dangers sont le conflit israélo-arabe et ses retombées, la sortie de notre contexte arabe et l’abandon de notre culture d’ouverture et de liberté. Par contre, sur le plan interne, on rencontre les mêmes dangers évoqués dans ma causerie de 2016 : le démantèlement de l’union nationale, la dette publique, l’effondrement financier et la présence des réfugiés. Il est évident que la tâche est délicate qui doit concilier souveraineté nationale et lutte contre l’ennemi/occupant.

Le deuxième défi est celui de remettre en marche le système. Il s’agit de rétablir l’autorité de l’État et d’assurer le bon fonctionnement de ses administrations. On peut pour cela s’appuyer sur la majorité honnête et compétente de fonctionnaires ignorés sous la coupe de supérieurs corrompus bénéficiant de la protection des gens de pouvoir.

Pour cela commençons par renforcer le rôle et le poids des organismes de contrôle. Il en va de même pour la magistrature en son état actuel, en respectant les jugements émis, dans leur imperfection, sans besoin de lois nouvelles mais en bannissant l’intervention des politiques dans le processus judiciaire.

C’est alors que le travail peut être concentré sur le rétablissement de la confiance et la relance de la vie économique et du secteur bancaire.

Sur ce plan, l’État devra assumer ses responsabilités en proposant des solutions fussent-elles échelonnées, de remboursement par une gestion innovante de ses actifs actuels ou potentiels.

Le chemin de l’espoir passe aussi par la fin de l’état d’esprit de complaisance dans la mendicité ouverte ou camouflée. Car le rôle du Liban n’est pas mort, alors qu’on assiste aux multiples réalisations dans les domaines de la technologie, qu’on reconnaît son rôle leader dans les domaines de l’éducation, des services ou prestations médicales, et que l’on dispose d’une grande variété de spécialités agricoles.

Le Liban agonise, il n’y a de solution que dans la solidarité et l’implication de tous, ce qui peut se résumer comme suit : renforcement de l’union nationale avec ce que cela comporte comme concessions et de volonté dans l’acceptation de l’autre, puis accord pour rétablir le fonctionnement de l’État en le mettant à l’écart des corrupteurs et en s’appuyant sur la diaspora et les amis du Liban pour ramener la confiance, le renouveau et la relance du processus économique, en évitant de s’impliquer dans les politiques de bloc.

Ancien ministre

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À la veille d’une échéance nationale cruciale pour le Liban, nous nous enlisons encore une fois dans des considérations secondes sur les prérogatives du président ou du gouvernement et les modalités constitutionnelles de définition de quorum, ou les capacités du gouvernement démissionnaire.Alors que la crise menace par son ampleur la paix civile et sociale ainsi que la structure même...

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