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Nos Lecteurs ont la Parole

Liban face au non-État ou un État de non-droit !

Les Libanais tournent en rond dans l’espoir de trouver une solution à tous leurs problèmes. Des informations contradictoires les occupent, chacun attend les déclarations de son leader. D’ailleurs, ces leaders n’en savent pas plus, mais assènent à tous des vérités, des souhaits et souvent des mensonges. Le fait certain est que le pays s’enfonce de plus en plus dans un désordre total. Quand on parle de l’État libanais, reconnu à l’ONU, il y a comme une erreur sur la personne de l’État. Les hors-la-loi prédominent. Les postes de l’État sont remplis par des figurants qui ne font que plumer le peuple faute de faire fonctionner l’État pour le bien du peuple. Ils ont poussé les magistrats à jeter l’éponge. L’armée résiste, les diplomates sont en panne, mais jusqu’à quand ! Le chef de l’État dénonce le manque de prérogatives. Le gouvernement édicte des décrets qu’il n’est pas capable de faire appliquer. Le Parlement mijote des lois et leurs contraires, et la majorité des parlementaires « parle » et « ment ». Quant au pouvoir judiciaire, on entend sa souffrance. Le peuple abusé et trompé comprend-il que les leaders qu’il vénère sont ceux-là mêmes la cause de sa misère? Le manque de blé, le manque d’eau, le manque d’électricité, le manque de médicaments reviennent à l’incompétence des responsables, et surtout à leur corruption qui a entraîné la faillite du pays. Nos écoles, nos universités manquent de moyens. Nos hôpitaux aussi. Le peuple doit se rappeler qu’il a été mené à la guerre, entraîné par les courants politiques manipulés de l’extérieur et actuellement par le groupe armé local et ses acolytes guidés de l’extérieur. Nos politiques s’entendent sur les commissions et chicanent les postes de pouvoir et le partage des contrats juteux. Aucun des groupes politiques au pouvoir n’a établi un plan de relève, et ils attendent les plans du Fonds monétaire international depuis des mois et plus à cause de leur incompétence. Les politiques et l’administration en majorité ont géré l’État de façon mafieuse. Le fonctionnaire reste redevable à l’homme politique qui l’a soutenu, qu’il soit de sa communauté ou non. Si quelqu’un s’aventure à lever la voix, il est vite étouffé et remis à sa place, ou bien il est liquidé physiquement. Certains esprits bien-pensants me disent que cela est connu de tous, mais que faire! Ou bien fuir le pays ou bien

attendre ! Mais jusqu’à quand? Notre jeunesse est sacrifiée, amputée de ses rêves, enchaînée par le manque de moyens, et notre intelligentsia ne trouve pas une cause à défendre pour élever sa voix. Par leur manque de réaction, nos penseurs, nos influenceurs sont complices de notre faillite. Face à une caste politique qui cultive le mensonge et évite le réel, il faut réagir et dévoiler tous les travers.

Une théorie sur la configuration du cerveau nous dit qu’il existe trois niveaux : le cerveau primitif ou reptilien, le cerveau limbique et le cortex cérébral qui imprime notre humanité. Comme si ceux qui nous gouvernent sont restés au stade reptilien qui remplit les fonctions primitives : boire, manger, se reproduire. Quant au cerveau limbique, il régit nos émotions : colère, plaisir, peur. Et enfin le néocortex qui régit nos activités cognitives et les fonctions exécutives qui ne sont pas atteintes par nos politiques. On arrive à un État régi par la loi de la jungle sans frontières terrestres, un espace aérien ouvert et des limites maritimes controversées. Aucun responsable au pouvoir n’a été à la hauteur pour agglomérer une vision, un plan de redressement du pays. Ce sont des échanges et des joutes oratoires, et des attaques personnelles échangées entre les politiques et jamais un plan de relève. Nous manquons d’imaginaire collectif qui est possible même avec nos contradictions. En acceptant nos divergences, il ne reste que le dialogue, mais avec des gens ouverts au dialogue autres que ceux en place. Le pays est dans une situation de guerre non déclarée, guerre de tous contre tous. On peut redéfinir le Liban avec un travail mémoriel collectif. Les nations ont besoin de personnes rationnelles, pas des extrémistes incapables de dialoguer. Comme si les Libanais ont abdiqué leurs droits et n’osent pas réclamer un pays serein qu’ils méritent. On se soucie : qui sera le président, qui sera le gouvernement ou son président ! Cela n’avance en rien tant qu’il y a un groupe armé qui domine et que les puissances extérieures nous tiennent en otage. Nous sommes victimes comme la Syrie, l’Irak, le Yémen, la Libye. C’est un printemps qui dure sur les pays arabes, noyés dans des luttes passionnelles qui empêchent tout dialogue, et s’enfoncent dans la misère et la servitude. Des leaders nouveaux doivent oser un discours rationnel et être capables de dialoguer de façon saine et constructive. Certains nous disent que la politique est parfois stupide et de bas niveau. Nous avons la preuve avec nos politiques, stupides et de bas niveau. Mais un réveil de notre intelligence est possible et un courage pour reconstruire l’État, les institutions et l’économie. Malgré nos différences, pensons à l’adage anglais « agree to disagree », et retrouvons un État harmonieux et des responsables rationnels.

Psychiatre, psychanalyste

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique Courrier n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires ni injurieux ni racistes.

Les Libanais tournent en rond dans l’espoir de trouver une solution à tous leurs problèmes. Des informations contradictoires les occupent, chacun attend les déclarations de son leader. D’ailleurs, ces leaders n’en savent pas plus, mais assènent à tous des vérités, des souhaits et souvent des mensonges. Le fait certain est que le pays s’enfonce de plus en plus dans un...
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