Étrange est ce pays, étranges sont son monde et les temps qui courent.
Un électricien, libanais de mon village dans le Metn, réputé pour son excellent travail, très demandé par de nombreux clients et que je considère comme de la famille, entre chez moi à la salle de bains pour faire des réparations. Je découvre quelques heures plus tard que l’appareillage du siphon de bonne marque a disparu !
Deux jours plus tard, je vais à l’hôpital de l’Université américaine pour une prise de sang annuelle, et quatre heures plus tard, j’ai très soif. Je demande au guichet où je peux trouver de l’eau potable. « Il n’y a pas d’eau potable », tombe la réponse. À côté de moi, une femme voilée de noir m’observe. Je m’assois dans cette chaleur, attendant mon tour pour la prise de sang. Cette dame s’approche de moi, retire de son sac une bouteille d’eau et me l’offre. « Je vous la donne, vous avez soif. » Je n’en crois pas mes yeux. Mes larmes coulent d’émotion : elle vient de Baalbeck pour les soins de sa fille leucémique, alors que près de chez moi, un électricien que je connais m’a volée. Étrange est mon pays, le Liban. Étranges sont les temps qui courent.
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