Le patriarche maronite Béchara Raï a souhaité dimanche que les États-Unis et Israël "règlent la question" du litige autour de la frontière maritime de l’État hébreu avec le Liban, au lendemain d'une tournée du président américain Joe Biden dans la région. Ce dernier s'était rendu d'abord en Israël puis en Arabie saoudite, où il avait affirmé avec le prince héritier Mohammad Ben Salmane le soutien des deux pays à la "souveraineté, sécurité et stabilité du Liban".
"Le Liban ne peut pas attendre longtemps pour exploiter le gaz et le pétrole alors qu'Israël s'y emploie", a prévenu Mgr Raï dans son homélie du dimanche, prononcée à Dimane, siège estival du patriarcat de Bkerké. Il y a quelques semaines, le Hezbollah avait lancé des drones en direction du champ de Karish qui pourrait être contesté par le Liban. "Nous espérons que les États-Unis, pays médiateur, règleront cette question avec Israël, car le Liban a fait le maximum d'efforts pour le succès des négociations", a poursuivi le prélat.
Pas de "président partial"
Abordant également la politique intérieure et la crise économique sans précédent que traverse le Liban, le chef de l’Église maronite a fustigé la classe politique locale : "Le peuple voit les responsables engloutis dans des conflits absurdes, comme si le pays se portait bien", a-t-il dénoncé. "Ces slogans et invectives renforcent la défiance dans la classe politique et affaiblissent la crédibilité du Liban lorsqu'il demande des aides à ses partenaires", a-t-il poursuivi.
Le prélat a ensuite rappelé l'importance d'élire un nouveau président et de former un gouvernement pour succéder au cabinet démissionnaire de Nagib Mikati, qui expédie les affaires courantes depuis le 22 mai dernier. Le mandat du président actuel Michel Aoun doit prendre fin en octobre prochain. "Nous espérons que tous les bords politiques travailleront dans une coopération patriotique et créeront un climat positif pour former un cabinet et élire un président", a plaidé Mgr Raï, avant de brosser le portrait du président idéal selon lui, comme il le fait régulièrement. Pour lui, le futur chef de l’État "doit s'occuper de la cause libanaise, des enjeux nationaux, de la souveraineté et de l'indépendance du Liban, et doit défendre aussi le principe de neutralité", une notion que Béchara Raï invoque souvent. "On ne peut pas appeler à la neutralité du Liban et choisir un président partial envers certains axes (régionaux), qui sera ainsi incapable d'appliquer cette neutralité", a-t-il estimé.
Dans une autre messe à l'église Sainte Marina dans la vallée de Qannoubine, au Liban-Nord, le patriarche maronite a critiqué "les médias qui n'aiment pas la vérité, préfèrent rapporter des informations mensongères et n'arrêtent pas de déformer l'image du Liban civilisé et cultivé, afin de faire uniquement apparaître son côté destructeur". Le ministre sortant de l'Information, Ziad Makari, assistait à cette messe.
Critiques de Mgr Audi
De son côté, le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Élias Audi, a déploré dimanche "les égoïsmes, les convoitises personnelles, le renvoi des responsabilités et l'aventurisme sans vergogne aux dépens du pays", qui ont amené le Liban "au fond du précipice". Il a déploré le fait que certains responsables "préservent leurs intérêts en bloquant les institutions ou en mettant des obstacles à leur fonctionnement".
commentaires (7)
Enlèves ta toque!
Samir Tabet
22 h 22, le 17 juillet 2022