Entre jeunes députés du changement et vieux kroums parlementaires, le tripatouillage électoral n’aura produit en définitive qu’un retour aux bonnes vieilles pratiques des débats d’alcôve, avec des acteurs aux allures de conspirateurs pilotant à leur guise des salons furtifs, au milieu de la truellée des fayoteurs, paillassons et autres rase-moquette.
À peine terminé le cinéma de la énième résurrection d’Istiz Nabeuh et de la fraîche éclosion de son colifichet agrume Lilou Bou Saab, place maintenant au cirque des frontières maritimes théoriquement gonflées au gaz et imbibées de pétrole.
Question loto en tout cas, on ne peut pas dire qu’on a tiré le bon numéro : certes, nous sommes tombés si bas, qu’on a fini par trouver du grisou marin et de l’oléagineux, mais faute de s’entendre pour les exploiter, ces produits fossiles ne serviront qu’à relever les senteurs exotiques des sacs poubelles crevés et des bandages herniaires usagés bercés par les vagues au plus près de nos clapotis côtiers…
Comme d’habitude dès qu’il y a litige, les négociateurs libanais s’emploient à finasser. Déjà infoutus de trouver un compromis autour de la ligne 23 sur laquelle les autorités ont glandé pendant onze ans, voilà maintenant qu’ils poussent le bouchon jusqu’à la ligne 29, qui leur octroie près du double de la superficie maritime. Tout le pataquès qui s’ensuit porte maintenant sur le point de savoir lequel des deux tracés est le bon. Avec l’intime conviction qu’il suffira d’enregistrer le décret amendé auprès du Machin onusien pour piper les hydrocarbures de Karish.
Seulement voilà, prétendre y avoir droit ne veut pas dire les avoir. N’ayant pas les moyens d’imposer quoi que ce soit, l’ONU poussera nos neuneus maison à un retour à la table de négociations sous les auspices d’Amos Hochstein (à vos souhaits !). Mais, là aussi, il y a comme un petit testicule dans le consommé : avec les Hébreux, Mikou-les-Miquettes ne veut pas négocier mais il veut juste pomper le gaz et le jus noir ;
avec les barbus, il peut négocier mais ils vont lui pomper l’air. La quadrature du cèdre…
Ce qui n’empêche pas la curée ! Tous nos caciques ont les naseaux qui palpitent sous l’effet des vapeurs d’hydrocarbures et rêvent de derricks les pieds dans l’eau, en nous la jouant Tintin au pays de l’or noir. Bonne chance ! Pourvu qu’ils sachent nager. Les occasions de rigoler sont si rares.
Larmichette de nostalgie : notre dernier souvenir pétrolier remonte à la nappe occasionnée par un bombardement israélien, pendant la guerre divine de 2006. La belle époque où les voisins du Sud dépensaient encore bêtement leur pognon pour détruire notre pays, ignorant que le génie politique libanais allait par la suite s’en charger pour eux gratos.
gabynasr@lorientlejour.com
Waaaouuu ! Excellentissime ! Bravo Gaby !!
16 h 01, le 10 juin 2022