Une Libanaise votant à Zahlé, lors des législatives de 2018. Photo d'archives AFP
La perception répandue selon laquelle les manifestations du 17 octobre 2019 étaient portées par une jeune génération de Libanais se vérifie dans une analyse des candidats aux législative du 15 mai. De fait, les listes d'opposition présentent plus de jeunes Libanais que celles soutenues par les partis traditionnels.
Sawti, une initiative électorale soutenue par l'ONG Impact Lebanon, a identifié 212 candidats sur 718 (29,5 %) comme "alternatifs" - ce qui signifie qu'ils répondent aux huit critères de Sawti, notamment être "non sectaire et laïque", n'avoir "aucun lien avec l'establishment politique actuel" et ne pas se présenter avec un parti qui a "participé à la guerre civile".
L'Orient Today a pu déterminer les dates de naissance de 181 (85 %) des candidats considérés comme alternatifs. Parmi eux, 55 (30 %) ont moins de 40 ans. Ce chiffre contraste avec les 506 candidats que Sawti ne considère pas comme "alternatifs". Sur les 447 (88%) dont la date de naissance est connue, seuls 60, soit 13%, ont moins de 40 ans. En d'autres termes, les listes d'opposition sont deux fois plus enclines à désigner un candidat de moins de 40 ans que les autres listes.
À l'autre extrémité du spectre, les listes d'opposition ont désigné 32 candidats âgés de plus de 60 ans, qui représentent 18 % des candidatures sur leurs listes. En comparaison, les listes non-alternatives ont désigné 142 candidats de plus de 60 ans. Ces 142 candidats représentent 32 % des candidats ayant une date de naissance sur ces listes, ce qui signifie que les listes de l'establishment sont beaucoup plus susceptibles de désigner un candidat de plus de 60 ans.
Les différences entre le nombre de candidats plus âgés et plus jeunes sur les listes "alternatives" et "non-alternatives" peuvent refléter des différences d'approche, comme l'accent mis sur l'expérience par rapport à l'apport d'une nouvelle énergie. En mars, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait abordé la question de l'âge des candidats de son parti aux législatives en déclarant : "Tant que les anciens - qui ont accumulé de l'expérience, connaissent mieux les gens ainsi que les lois et les jeux du pouvoir-, sont encore productifs, utiles, présents et influents, alors il vaut mieux continuer avec eux tout en veillant à introduire du sang neuf".
D'un autre côté, certains partisans des mouvements politiques se revendiquant du mouvement du 17 octobre n'ont pas hésité à célébrer la nomination de Verena el-Amil, 25 ans, comme "extrêmement rafraîchissante."
Globalement, les candidats les plus jeunes ont 25 ans, l'âge minimum prévu par la loi électorale, et sont nés en 1996 et 1997. Les candidats les plus âgés que nous avons identifiés sont nés dans les années 30, avant l'indépendance du Liban. Le candidat le plus âgé que L'Orient Today a pu identifier est Saad Mustafa Slim, âgé de 85 ans.
En comparant les candidats aux fichiers d'inscription des électeurs, L'Orient Today a identifié les dates de naissance de 628 des 718 candidats (87%). Les dates de naissance de certains candidats n'ont pas pu être identifiées car leurs trois noms, leur appartenance communautaire et leur sexe sont partagés par plusieurs personnes. La comparaison des noms entre plusieurs grands ensembles de données peut engendrer des "faux positifs" - deux enregistrements qui semblent correspondre peuvent s'avérer être des individus différents - mais les résultats globaux montrent que la jeunesse du mouvement du 17 octobre, dont on a beaucoup parlé, se retrouve dans ce scrutin.
Kim Makhlouf a contribué au reportage.
Cet article a été originellement publié en anglais par L'Orient Today le 14 avril 2022
commentaires (2)
Ils sont jeunes, il est vrai; mais aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années…
Gros Gnon
11 h 02, le 16 avril 2022