Raï : Que les législatives servent à sanctionner ceux qui ont fauté et échoué

Le patriarche maronite Béchara Raï a abordé dimanche, à l'occasion de la messe des Rameaux, les grands dossiers de l'actualité libanaise, notamment l'accord préliminaire conclu avec le Fonds monétaire international en fin de semaine, et les élections législatives du 15 mai. Concernant ce dernier volet, il a appelé les électeurs à faire de ce scrutin "un outil démocratique pour sanctionner ceux qui ont fauté et échoué". Il n'a cependant pas nommé ceux qu'il visait par ses critiques, même si ces derniers mois, il avait pointé le camp politique du président de la République Michel Aoun et son allié chiite, le Hezbollah.

"Cette semaine, trois nouvelles ont été signalées. La visite du pape François au Liban en juin, l'accord avec le FMI et le retour des ambassadeurs des pays du Golfe au Liban. Ces développements positifs interviennent alors que sur les plans régional et international, des événements importants ont lieu. Nous espérons que l’État saura profiter de cela, de manière que ces événements soient dans l'intérêt du Liban", a souligné le cardinal Raï lors de son homélie à Bkerké.

Accueillir le pape "avec joie et espoir"

Concernant la visite du Souverain pontife, Béchara Raï a affirmé que le pape "est conscient des manquements en cours concernant les questions qui préoccupent la population". Une pique lancée à la classe au pouvoir, régulièrement critiquée par le patriarche. "Nous appelons à se préparer à accueillir le pape, avec joie et espoir", a plaidé le chef de l’Église maronite.

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Le 5 avril, la présidence libanaise annonçait une visite du pape au Liban en juin. Le Saint-Siège a réagi quelques heures plus tard, précisant cependant que cette visite était "une hypothèse à l'étude". Il démentait ainsi le choix d'une date précise à ce stade. Cet épisode n'a pas empêché le patriarche maronite d'affirmer aussi que le Souverain pontife était attendu en juin au Liban.

Les législatives

Revenant sur les élections législatives du 15 mai, Béchara Raï a estimé que le scrutin est un moyen pour "opérer un changement entre le présent et l'avenir et réaliser le rêve du changement, qui ne peut avoir lieu sans un vote massif". Il y a deux jours, il plaidait déjà pour une forte affluence aux urnes.

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"Les législatives sont une responsabilité nationale dans des circonstances qui nécessitent une modernisation de la vie politique, de la classe politique, ainsi que des choix et des actions. Que ces élections soient un moyen démocratique pour sanctionner ceux qui ont fauté et échoué, et élire ceux qui ont des positions fixes et des choix patriotiques. Que ces élections servent à mettre en place la décentralisation élargie", a-t-il encore plaidé. "A travers les urnes, nous ne voulons pas voir émerger uniquement des noms de députés, mais également l'identité du Liban", a ajouté le patriarche.

Attendues par la communauté internationale, les législatives sont perçues par de nombreux Libanais comme une opportunité de changement de la classe politique dirigeante accusée de corruption et d'incompétence, dans un pays en plein effondrement économique depuis 2019. Mais plusieurs observateurs redoutent un report de ces élections, sous différents prétextes, alors que de nombreuses formations au pouvoir étaient en perte de popularité au cours de ces dernières années.

L'accord avec le FMI

Abordant enfin l'aspect économique de la crise et l'accord préliminaire conclu avec le Fonds monétaire international, le patriarche maronite a dit qu'il attendait du "gouvernement et du Parlement qu'ils votent les lois requises pour l'obtention du prêt". 

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Jeudi, le FMI avait annoncé la conclusion très attendue d'un accord préliminaire avec l’État libanais. Le document vise à lancer sous conditions un programme d'assistance financière au Liban d'un montant de trois milliards de dollars sur quatre ans, pour faire face à la crise qui frappe le pays depuis trois ans. Quelques heures plus tard, l'Arabie saoudite et le Koweït annonçaient le retour imminent de leurs ambassadeurs au Liban, après cinq mois d'absence. Une annonce qui s'est concrétisée le lendemain, dans le cadre d'une résolution de la grave crise diplomatique qui oppose Beyrouth aux monarchies du Golfe depuis octobre, sur fond de divergences profondes sur le rôle du Hezbollah au Liban et dans la région.

Béchara Raï s'est d'ailleurs félicité à la fin de son homélie du retour au Liban des ambassadeurs d'Arabie et du Koweït après cinq mois d'absence, estimant que la démarche soulignait "l'amitié et la coopération" entre ces trois pays. "Le Liban leur est fidèle, et des milliers de Libanais œuvrent pour le développement des ces pays", a-t-il rappelé, en référence aux expatriés qui travaillent dans le Golfe depuis des décennies.