
Le président Michel Aoun recevant mardi le nonce apostolique Mgr Joseph Spiteri au palais de Baabda. Photo Dalati et Nohra
Le rideau est tombé hier sur un épisode imprévu de la visite attendue du pape au Liban, annoncée prématurément mardi dans un tweet émanant de la présidence de la République. Cette annonce hâtive, résultat d’une bavure bien libanaise, a été rattrapée par le Vatican qui a précisé hier par la voix du directeur du bureau de presse du Saint-Siège Matteo Bruni, cité par Vatican News, que la visite était encore « une hypothèse à l’étude ».
Des critiques véhémentes ont été adressées à la présidence de la République, pour avoir dérogé au protocole et éventé une information qui aurait dû rester confidentielle, en attendant son annonce officielle par le Saint-Siège. Le chef de l’État et son camp ont été accusés de s’être servis de cette annonce à des fins électorales, afin de s’attribuer le mérite d’avoir réussi à obtenir du saint-père qu’il vienne au Liban.
Les choses sont un peu différentes, affirme-t-on de source diplomatique européenne, où l’on attribue la fuite de l’information à une indiscrétion dont on tait l’origine, mais dont on décharge de toute responsabilité les services de la présidence. Toujours est-il qu’avec un sens diplomatique certain, mais non sans une certaine équivoque, les services du Vatican ont su racheter le faux pas et reprendre l’initiative, en annonçant que la visite est encore « à l’étude », puisque sa date n’est pas encore fixée, ni son programme.
La visite n’est pas compromise
Toutefois, l’expression « à l’étude » ne signifie pas du tout que la visite est compromise. L’une des meilleures preuves de sa certitude vient de l’accueil réservé par l’assemblée mensuelle des évêques maronites réunie hier à Bkerké à la nouvelle de la visite pontificale. Dans le préambule du communiqué qu’il a publié à l’issue de sa réunion, le collège épiscopal s’est en effet « réjoui à l’annonce de la visite apostolique de Sa Sainteté le pape François au Liban en juin prochain ». « En attendant que les détails du programme officiel de cette visite soient annoncés, il demande à Dieu de la bénir et de réaliser les vœux de Sa Sainteté le pape, y compris le bien du Liban et des Libanais », ajoute le communiqué.
« Nous avons pleine confiance que le pape saura surprendre tout le monde », a affirmé hier à L’Orient-Le Jour l’évêque maronite de Batroun Mounir Khairallah, qui s’est dit assuré que « nul mieux que le Vatican ne sait quelles sont l’identité et la vocation historique du Liban dans son milieu arabe ». « La visite aura lieu certainement », nous a confirmé sans équivoque Mgr Khairallah, à l’issue d’une réunion consacrée au programme de ce déplacement, tenue à la nonciature en cours d’après-midi. Selon la source diplomatique citée plus haut, l’annonce de la date de la visite et du programme officiel interviendra officiellement dans quelques jours.
Promesses
On rappelle que le nonce apostolique au Liban, Mgr Joseph Spiteri, avait informé mardi le patriarche maronite et le chef de l’État que le pape François visiterait le Liban en juin, cette information devant rester confidentielle en attendant que la date de ce déplacement et son programme soient annoncés ultérieurement. Toutefois, cette nouvelle avait été malencontreusement éventée, ce qui avait obligé la présidence de la République à la reprendre officiellement, forte des promesses faites par le saint-père en mars dernier au chef de l’État. Lors de leur rencontre le 21 mars dernier au Vatican, le souverain pontife avait en effet confirmé sa venue au Liban, sans en préciser la date. De son côté, le président Aoun avait discuté des « graves problèmes socio-économiques du pays ainsi que de la situation des réfugiés ». « L’aide de la communauté internationale, les prochaines élections législatives et les réformes nécessaires qui doivent contribuer à renforcer la coexistence pacifique entre les différentes confessions religieuses qui vivent au Liban » étaient également au menu des entretiens, selon un communiqué officiel publié alors.
Anticipant la prochaine visite du pape au Liban, une source ecclésiastique qui a suivi de près la récente visite du saint-père à Malte a affirmé que François n’avait pas oublié d’y faire référence au Moyen-Orient, en affirmant que l’existence même de l’île, « cœur de la Méditerranée », est la preuve que l’on peut vivre dans « une sorte de convivialité des différences », un thème qui touche de près les Libanais.
Je ne dirai pas que Aoun ait voulu forcer la main du Vatican en annonçant la fausse bonne nouvelle. Mais je dirai que l’art de la réussite consiste à savoir s’entourer des meilleurs ! et c’est là que le bat blesse pour lui, le Père du peuple sic n’a jamais su réussir son sextennat. Mal conseillé jamais écouté toujours flatté pour ses invectives à l’emporte-pièce, il n’a jamais été à la hauteur de la fonction Présidentielle, à force de porter un costume trop grand pour lui, il s’est souvent pris les pieds dans le tapis…A quelques mois de la fin de son mandat il aurait souhaité s’en aller par un feu d’artifice, voire un arc-en-ciel pour entrer dans l’histoire du Liban par la grande porte. Hélas pour lui, il quittera le palais dans la pénombre, par la porte de service réservée aux petits personnels. C’est toujours mieux que le coffre de la voiture de l’ambassade de France… A bon entendeur salut !
19 h 56, le 07 avril 2022