
Le campus de la LAU à Jbeil, en août 2021. Photo LAU/ Facebook
L’Université libano-américaine (LAU), pour la deuxième fois cette année, a annoncé à ses étudiants dans un courriel envoyé mercredi qu'elle n'acceptera que les paiements en dollars pour les frais de scolarité à partir de l'automne 2022. Avant cette décision, l'établissement acceptait les paiements à 35 % au taux de change du "lollar", c'est à dire à 8 000 LL, et à 65 % en dollars frais.
Dans son courriel, le président de l'université Michel Elias Mawad écrit : "L'université a décidé d'adopter un budget en dollars frais à partir de l'automne 2022 afin de soutenir financièrement la pleine valeur de l'éducation et augmenter le budget de l'aide financière à un niveau record de 100 millions de dollars ou plus si nécessaire. Ce, afin de soutenir la grande majorité des étudiants."
La vice-présidente du conseil étudiant de la LAU, Teya Abou Zour, a déclaré à L'Orient Today qu'"en raison de la situation économique et du fait que l'université paie tout en dollars, l'administration n'avait d'autre choix que d'augmenter les frais." "Nous avons peur que la faculté ferme et que tous les professeurs partent et je pense que cette décision vise à la protéger", a ajouté Mme Abou Zour. Elle a également expliqué que le conseil des étudiants a eu plusieurs réunions avec le président Mawad et la direction financière et s'est mis d'accord avec l'administration pour annoncer la décision maintenant, avant la fin du semestre, afin que les étudiants décident quoi faire au prochain semestre : soit changer d'université, soit trouver une solution pour payer leurs frais de scolarité.
La vice-présidente du conseil étudiant a également déclaré que l'administration de l'université lui a assuré que la plupart des étudiants qui ne peuvent pas s'acquitter des frais en raison de leur augmentation recevront une aide financière.
« C’est comme frapper une personne avec un couteau puis l’aider »
M. Mawad a par ailleurs déclaré à L'Orient Today qu'avec la dépréciation constante de la monnaie libanaise, "l'économie se dirige vers la dollarisation". "Nous devons donc percevoir nos revenus dans la même monnaie. Il y a toujours un risque d'une diminution du nombre d'étudiants, mais nous avons obtenu 100 millions de dollars pour aider à subventionner les frais de scolarité des étudiants", a-t-il ajouté. M. Mawad a également déclaré que la LAU travaille à l'ouverture d'une succursale en Irak et dans d'autres pays "dans le but d'obtenir des revenus en dollars pour que l'université tenir".
Du côté des étudiants, la décision a bien entendu été très mal accueillie. Ayman, qui a encore six crédits à valider avant d'obtenir son diplôme à la LAU, ne bénéficie pas d'aides financières en tant qu'étudiant diplômé. Il devra payer environ 5.000 dollars, contre 15 millions de LL, soit 635 dollars selon les anciens taux.
M. Youssef, un étudiant de premier cycle à la LAU, explique pour sa part à L'Orient Today qu'il ira dans une autre université avant l'automne 2022 car il ne pourra pas payer en dollars frais. Il accuse également le conseil étudiant de ne pas prendre de mesures pour arrêter la dollarisation des frais, affirmant qu'il est plutôt préoccupé par le passage des cours en présentiel à des cours en ligne. Interrogé sur l'aide financière que l'université avance dans son argumentation, il répond : "C'est comme frapper une personne avec un couteau puis l'aider."
Dans chaque pays, qui se respecte c’est avec la monnaie nationale qu’on paye. Sauf au Liban , chacun fait comme il veut. Bien sûr tout ça à cause de l’absence totale du gouvernement. UNE RÉPUBLIQUE BANANIÈRE
21 h 04, le 30 mars 2022