Phénomène typique d’un mental désœuvré, il y a toujours une psychose bienvenue pour exciter un Koullouna qui s’ennuie. Faut dire qu’obus et missiles sont au chômage technique à l’arrière-caillou de Chebaa et que le spectre de l’implantation des Palestiniens puis des Syriens, après nous avoir fait marrer un coup, tourne à la ritournelle ringarde et faisandée.
Aujourd’hui en revanche, la mode est à l’Ukraine… et c’est fou soudain ce que nous importons de ce pays ! À entendre les patrons de supermarché, y a pas que les céréales pour la production de farine et d’huile végétale. Faudra aussi ajouter les tubes de dentifrice, les pâtes à tartiner, le sel rose de l’Himalaya, tous les fromages français, les couches pour bébé, et jusqu’aux glaçons pour le whisky ! Tout, absolument tout, vient désormais d’Ukraine. Un prétexte en béton pour chauffer les prix, inventé par ces tenants du sous-développement durable et de la pénurie équitable. Aussi, à peine le niaiseux a-t-il le temps de souffler face à un dollar en cure de repos, qu’on lui balance de l’Ukraine dans le caddie à chaque tour de rayon. Pardi ! Faut bien mettre du beurre dans les épinards… tous deux arrivés d’ailleurs en droite ligne de Kiev.
Comme il fallait s’y attendre, la panique a fini par gagner la population qui dévalise les grandes surfaces. Montre-moi ton chariot, je te dirai qui tu es !
Le caddie est sans nul doute le reflet fidèle de la condition psychique de celui qui le pousse : pâtes, sucre et riz façon secours humanitaires pour les angoissés ; charcuterie, fromage, chips et bière pour ceux qui se fichent de Poutine et de l’Ukraine comme du énième bobard promettant des réformes au Liban. La vie est dure, mais les stockeurs fous sont grisés.
Dès le premier tir de missile en ces lointaines contrées, un grand supermarché de Beyrouth a coupé le jus alimentant les Escalators. Allez les gueux ! Faut s’habituer à tirer la langue avant de se goinfrer ! Même l’épicier du coin, féru brusquement de géopolitique, est branché sur les discussions russo-ukrainiennes et n’attend plus que le cessez-le-feu là-bas pour baisser ses prix… Au moins, lui sait de quel côté sa tartine est beurrée.
Après le gag des mégacentres, ne reste plus pour le sexennat fort et son gendre que la dérobade en or massif : ajourner les élections en attendant que s’apaise la crise mondiale… et cueillir la palme du prestige en figurant au Guinness Book des reports.
gabynasr@lorientlejour.com
Que dire de different dans ce contexte. . Patienter et rester solidaire ??
19 h 53, le 29 mars 2022