Il manquait encore au Liban la guerre entre la Russie et l’Ukraine pour que le pays plonge plus dans une spirale de pauvreté sans fond, surtout avec la flambée des prix de l’essence où on commence à revoir les files de voitures pour faire le plein, et le mazout presque disparaître lui aussi, même au prix fort.
Quant au stock de farine, le Liban privé de ses silos revivra sans doute une nouvelle crise du pain. Quant à l’usage domestique, les sacs de farine commencent à s’épuiser dans les supermarchés. Ici une chose est à signaler : selon notre ministre de l’Agriculture, notre blé local est dur et ne suffit point et ne peut être utilisé que pour faire des pâtes. Et dire que dans l’histoire, la plaine de la Békaa était un vrai réservoir et nos meuniers distribuaient cette céréale au monde entier. Dans cette ambiance morose, nos futurs parlementaires organisent et mobilisent des soutiens autour de leurs programmes ou de leurs candidats. Et les principaux chefs de tribu détiennent toujours les leviers de commande et cherchent à conserver les mêmes successeurs.
Si au taux de « Sayrafa » actuel chaque député touchera trois cents dollars de salaire par mois, on aura bien sûr un Parlement de mendiants qui servira aussi un peuple de mendiants. Un peuple qui voit déjà sa livre libanaise disparue soudainement du marché. Comme actuellement, on ne peut retirer de l’ATM qu’un million de livres libanaises par mois et comme les cartes de crédit commencent à être refusées dans beaucoup de points de vente, on changera bientôt notre hymne national et on choisira la fameuse chanson de Chouchou Chehaddine ya Baladna.
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